20 décembre 2011

Petit pépin chez madame Perrin

Ce matin, à la radio de Radio-Canada, il y a eu un échange sur un ton un peu plus haut que la normale lors de l'émission très monocorde Médium large, animée par la non moins sympathique et professionnelle Catherine Perrin.

Dans une partie de son émission dédiée au bilan de Nicolas Sarkozy et à son éventuelle réélection en 2012, madame Perrin a voulu faire tout un cas sur la nouvelle sortie hier en première page de La Presse : Anne Sinclair (femme de DSK) élue personnalité féminine de l'année en France. Quel scandale - pauvre France - ils sont fous ces Français !

Elle n'a donc pas pris trop de risques en obtenant par téléphone l'opinion de la très présente Louise Beaudoin (veut-elle rejoindre le clan radiophonique des « ex », tant elle participe souvent aux tribunes de Radio-Canada ?). Sans grande surprise, nous sommes tombés dans la sempiternelle différence culturelle entre le Québec et la France : « En tout cas, il est bien certain qu'au Québec, les femmes n'auraient certainement pas choisi cette femme comme personnalité de l'année » ont-elle presque repris en choeur.

Bref, après cette courte introduction, nous voilà de retour à la discussion plus sérieuse autour du bilan de Sarko avec en studio Mark Zaffran, chercheur français invité au Centre de recherche en éthique de l'université de Montréal et, au bout du fil, Christian Rioux, journaliste au Devoir, en poste depuis quelques années à Paris. Et madame Perrin de poser comme première question à monsieur Rioux : « Pis, qu'est-ce qu'on en dit en France de cette nouvelle concernant Anne Sinclair ? » Hélas, mal lui en prit, car ce dernier a fait un petit caca nerveux ou une montée de lait comme vous voulez. Je cite de mémoire : « Mais de quelle nouvelle parle-t-on ? Quel est donc ce sondage ? Connaît-on sa méthodologie ? Et en passant, quel est donc ce magazine Terrafemina qui a mené ce sondage ? Comment voulez-vous que je commente un fait qui n'a pas fait suffisamment l'objet de recherches. Je suis journaliste, pas chroniqueur »...

Il est possible que monsieur Rioux du Devoir ait pris un certain plaisir à taper sur le dos du journal concurrent La Presse, mais il n'a pas tord. Cet échange matinal met le doigt sur le danger de l'info anecdote de plus en plus présente dans nos médias, notamment sur nos ondes. Je prends aussi pour exemple la couverture médiatique du procès Shafia dont les commentaires reposent tant sur les impressions de journalistes quant à des faits anecdotiques. A-t-on besoin de connaître les moindres détails d'un procès qui, sans précédent fort heureusement jusqu'à aujourd'hui, impose pourtant de bien connaître les tenants et aboutissants ? Bien au contraire, en tant que citoyens, nous n'avons pas suffisamment de recul ni d'information en main pour en cerner les enjeux. Et le danger est alors grand de tomber rapidement dans des clichés et préjugés.

En terminant, oui c'est troublant que Anne Sinclair ait été choisie personnalité féminine de l'année par les lectrices d'un magazine pour ma part inconnu. Cependant, lorsqu'on lit mieux l'article de La Presse, il s'agissait de nommer la femme qui a le plus marqué les Français en 2011. Et en ce sens, je pense que oui, elle a été à sa manière marquante dans sa décision ferme de rester aux côtés de son petit monsieur. Car cette femme, tout comme Hillary Clinton qui était restée aux côtés de son mari, se sent certainement suffisamment grande pour continuer à avancer sans que les frasques de DSK ne puissent atteindre son aura. Croyez-vous que si Hillary avait quitté Bill, la queue entre les jambes, euh non, la mine basse, elle occuperait le poste prestigieux qu'elle a aujourd'hui ? Non, ces femmes, qui ont éventuellement un agenda caché, sont peut-être plus intelligentes qu'on ne le pense...

19 décembre 2011

Indigestion collective

Je viens de lire que Louis-François Marcotte, jeune chef-propriétaire de deux ou trois restos à la mode à Montréal, et belle petite gueule pour ceux et celles qui aiment le genre, va piloter pas moins de trois projets (deux émissions et un magazine) chez TVA l'an prochain. Celui-ci est un produit de notre télé spectacle et son entregent ainsi que ses talents culinaires sauront le mener sur les pas d'un Ricardo. Tant mieux pour lui.

Cependant, je dois avouer que c'est une nouvelle qui fait déborder mon bol de soupe. Plus capable de cette cuisine-people (j'ai décidé d'inventer le terme). Christian Bégin, Geneviève Brouillette (actrice que j'adore) et même Mahée Paiement nous abreuvent de leurs bons conseils, sans oublier Mitsou qui a su au moins s'adjoindre les services du Dr Béliveau. Même si j'ai aimé à une époque voir Daniel Pinard et Josée di Stasio dans leur cuisine toute équipée, je ne peux supporter de voir ces vedettes du petit et du grand écran tenter de nous mettre l'eau à la bouche, un verre de vin à la main. Tant qu'à faire, je préfère encore supporter un Martin Picard dépecer le cochon en direct. Bien sûr, il y a de bonnes idées comme l'émission Les Chefs qui a le mérite de mettre de l'avant les talents de la relève sur les conseils avertis de maîtres en la matière.

Plus capable donc de ce vedettariat de bas étage qui nuit certainement à notre bon jugement. Dont le mien. C'est ainsi que l'on a crié victoire quand on appris le sauvetage de la rôtisserie Laurier BBQ par la grande vedette Gordon Ramsey qui a servi à l'institution uniquement sa renommée d'or. Pourtant - peut-être me direz-vous le contraire - à part la petite sauce au romarin, il n'y a pas de quoi en faire un plat de leur fameux poulet/frites !

Je n'ai plus envie de toute cette salade passée à l'essoreuse des courses à l'audimat. Je veux une vraie cuisine, qu'elle soit gastronomique, du terroir ou de quartier, affranchie de tous ces clichés et investie d'un seul et unique credo: le goût du bon. Je veux pouvoir découvrir des restaurants où la notion d'hospitalité est au premier plan. Je veux pouvoir imaginer un chef qui a su garder le mystère et qui s'affaire avec son équipe en cuisine pour mieux me faire saliver.

C'est du moins ce que je dirais à ce chef qui pourrait un jour toucher mon coeur (mon rêve !).

Le Musée dans le magazine Dress to Kill

Dans mon billet du 4 juin dernier, intitulé Les grandes griffes d'un petit musée, je vous parlais des magnifiques tenues que recelait le Musée du costume et du textile du Québec (mctq.org), notre musée de la Mode.

Vous faites peut-être partie des chanceux(ses) qui ont assisté cet été au magnifique défilé Les Intemporelles, présenté au grand public conjointement par Jeanne Beker et Suzanne Chabot, directrice du Musée, sur la passerelle extérieure de l'événement Mode & Design. Si c'est le cas, vous avez certainement été éblouis par ces tenues de Marie-Paule Nolin, Arnold Scaasi, Raoul-Jean Fouré, Clairette Trudel, entre autres. Si non, il y a peu de chances que vous les admiriez dans un avenir proche, tant le Musée n'a pas la place qui lui revient. Établi dans un endroit exigu à Saint-Hubert, la plupart de ses pièces de collections se retrouvent sous des housses dans un entrepôt de la rue Saint-Antoine. En attendant qu'un véritable musée de la mode du Québec voit le jour...

Mais je ne reviendrai pas sur cette aberration qui m'horripile depuis bien longtemps, et encore plus lorsque que j'entends que le Musée d'art contemporain sera éventuellement reconstruit au coût de 80 millions. Attention, je ne suis pas contre le renouveau mais, au Québec, on a tendance à opter trop rapidement pour la destruction plutôt que pour la préservation... Cela vaut pour le patrimoine bâti, mais aussi pour notre identité culturelle comme notre patrimoine de mode qui croupit à l'ombre quelque part en ville...

En attendant que les plus hautes instances se réveillent, il y a fort heureusement des gens passionnés qui n'hésitent pas à mettre leur talent en commun pour attirer l'attention du plus grand nombre. Ainsi, dans l'édition du mois de décembre du magazine Dress to Kill, certaines pièces du Musée occupent quelques-unes de ses pages, mises en scène sous la direction artistique de Sylvain Blais et du styliste Yso. Une initiative en collaboration avec le Centre Eaton de Montréal qui avait reçu l'exposition Le Musée sort ses griffes, plus tôt cette année.

Le résultat est superbe. Pour vous en convaincre, voyez dès maintenant quelques vidéos de la séance photo sur http://www.districtmontreal.com/infolettre/121211_mctq/

14 décembre 2011

Citation...

« Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun. »

Boris Bian (1920-1959)

13 décembre 2011

Je suis en mue

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Christophe Fauré, psychiatre : « Vers 40-50 ans, nous sommes tous en mue », une transition plus communément connue sous l'expression « la crise de la quarantaine ». Ouf, je suis rassurée. Il semble donc que je ne sois pas la seule et, surtout, qu'il n'y a rien d'anormal là-dedans. Et l'autre bonne nouvelle est que ce monsieur ajoute aussi, je cite, « que ce temps charnière de l'existence n'annonce pas un déclin, mais l'occasion de nous épanouir ».

Comme je vous l'ai déjà écrit, j'ai frappé un mur il y a quelque mois. J'ai pété les plombs. Trop fatiguée, trop agitée, trop anxieuse, trop perdue. Depuis, j'ai battu en retraite - non pas à la retraite - pour me poser, pour arrêter le mouvement alors que j'avais tant besoin de celui-ci. Alors ont déboulonné des tas de questions existentielles : comment en suis-je arrivée là ? Où me suis-je trompée ? Suis-je en train de passer à côté de ma vie ? Est-il trop tard ?
La totale...

J'ai pleuré, j'ai ruminé, j'ai sombré, j'ai douté. J'ai trouvé des responsables, souvent les autres. Pas facile de démêler ces noeuds qui avaient affaibli mon cerveau et endolori mon corps tout entier. Certains me diront que c'est une preuve de force et de courage que de savoir s'arrêter pour se remettre en question. Croyez-moi, avant aujourd'hui, je les aurais certainement engueulés de me lancer une idiotie pareille.

Et pourtant, même si je n'y vois aucune force ni courage, je dois avouer que cette période de questionnements a eu son côté positif : celui de faire cesser l'agitation en moi. Malgré l'isolement, malgré l'insécurité financière, malgré l'inquiétude, l'envie revient peu à peu de m'y remettre, quitte à tout recommencer, cependant autrement ou à un autre rythme. Et pas forcément ailleurs, cet ailleurs que je voyais comme l'unique solution à mon désoeuvrement (même si la bougeotte me titille parfois, ma fille née ici m'enracine tel un arbre).

Comme un papillon qui sort de son cocon (quelle idée cette métaphore, alors que j'ai une phobie des papillons), j'espère ainsi bientôt de nouveau voler libre comme l'air, et continuer (ou réécrire) le cours de mon histoire.

En attendant, je vous laisse sur une citation :
« Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux. » Sénèque

05 décembre 2011

David, Jamie, Marjorie et les autres

La semaine dernière, nous avons certainement été nombreux à être profondément choqués par le geste désespéré de Marjorie, 15 ans, qui a préféré s'enlever la vie que de continuer à subir l'intimidation dont elle était victime à son école. Quelques semaines auparavant, nous apprenions celui de Jamie, jeune homosexuel également ostracisé par ses « camarades » de classe. Sans oublier cette histoire invraisemblable mais fort heureusement moins dramatique de ce jeune garçon de 12 ans qui s'était enfui de son école et avait trouvé refuge dans un arbre dont il ne voulait plus redescendre. Vous en souvenez-vous ? Très certainement, car ce « fait divers » avait fait les manchettes ce jour-là.

Ainsi s'envole la vie de ces jeunes, désespérés et incompris. Assimilée dans une presse à sensations, dans du spectacle médiatique (qu'avait-on besoin de connaître les passages de la lettre écrite par Marjorie à sa mère !), dans du sentimentalisme à deux sous qui n'a de but que de nous alléger du poids de notre responsabilité en tant que société. On porte ainsi le blâme sur les élèves harceleurs, les directeurs d'école, les enseignants, les réseaux sociaux, les parents, la publicité, la télévision, la température, la vie en général, etc.

Mais après cette hypermédiatisation du drame de Sainte-Anne-des-Monts, nous allons retourner à nos achats de Noël, non ? Pourtant, ne devrions-nous pas décider une fois pour toutes de voir le suicide des jeunes et l'intimidation comme des sujets qui dérangent, certes, mais aussi et surtout comme des enjeux de santé publique. Car, avant de poser des gestes irréparables, ces adolescents ont bien dû ouvrir une petite porte sur leur malaise, ont bien dû traîner leur tristesse autrement que dans leurs pieds, n'ont pas pu vivre l'invivable sans que cela ne paraisse ?  Alors comment pouvons-nous mieux déceler ce désespoir trop précoce ? Comment encadrer ces comportements violents et abus verbaux des agresseurs ? Car dans l'un et l'autre des deux cas, c'est un appel à l'aide à une société qui ne prête peut-être pas suffisamment attention à sa jeunesse.

Que des jeunes filles au primaire, au secondaire ou bien plus tard se traitent de « chiennes » ou de « putes », cela ne devrait pas être accepté. Bien sûr, il y a tous ces médias imprimés ou autres qui aiment stéréotyper la guerre entre les filles - entre la super sexy et l'intello, entre la populaire et la ringarde, entre la super cool et la super nulle... Bien sûr, il y a les jeux malsains vantés dans Occupation double. Mais posons-nous les questions suivantes : quand ces tout jeunes gens regardent cette mise en scène télévisuelle,  ont-ils suffisamment de recul pour ne pas la prendre au sérieux ? Quand ils entendent lors du jeu télévisé La Guerre des clans sur Vtélé l'animateur poser la question suivante aux concurrents « Quel est l'artiste dont vous ne seriez pas surpris d'apprendre l'homosexualité ? » (avec les commentaires débiles entre les réponses), ces jeunes voient-ils une injure à leur intelligence et un manque flagrant d'éthique des concepteurs et du diffuseur ?

Pas sûr...

Alors si, en tant que société, on se mettait à mieux accompagner nos enfants dès leur plus jeune âge car n'oublions pas que leurs sentiments d'adultes dépendent grandement de la qualité de leurs relations de début de vie. Soyons plus vigilants, restons toujours à 'écoute et gardons l'oeil plus grand ouvert (notamment vers ceux qui n'ont pas l'entourage affectif nécessaire) pour donner au plus grand nombre possible les outils pour développer une pensée autonome et pour se respecter et respecter les autres.

Et ce, bien avant l'entrée dans l'adolescence car, à ce moment, il n'est certes pas trop tard, mais la côte est plus dure à remonter.

29 novembre 2011

Sexe, mensonges... et moi

Certains, ricaneurs, se diront que je n'ai rien trouvé de mieux comme sujet pour attirer des visiteurs sur mon blogue. Certes... Mais je leur répondrais, peut-être un peu vite sur la défensive, que le contenu de mon billet a quand même un lien avec une actualité culturelle : la sortie d'un livre. Ha ha ! Vous êtes déçus, avouez le donc. Vous pensiez lire des révélations croustillantes sur ma vie intime. Eh bien non, quoique je vais devoir laisser entrevoir un pan de ma vie de solitaire particulière...

Ainsi, il y a quelques jours, j'ai acheté le livre de Sophie Fontanel intitulé L'envie. En avez-vous entendu parler ? C'est cette romancière, analyste et grand reporter à Elle France qui ose avouer à la face du monde qu'elle a vécu une très longue période d'abstinence sexuelle pour, comme le titre l'indique, retrouver l'envie (10 ans a-t-elle précisé lors de son passage à l'émission Tout le monde en parle). Je ne vais pas vous faire un dessin mais disons que son histoire sonne une cloche dans ma petite tête de fleur fanée. Aux différences près qu'elle a fait le choix de cette période sans câlins, tandis que moi j'en veux encore à celui ou celle là-haut quelque part qui n'a pas mis sur ma route la perle rare. Et que, dans mon cas, on ne parle pas encore d'une période de 10 ans. Bien sûr que non, je ne vous dirai pas combien d'années. Non, non, n'insistez pas !

Rester incognito
Pour acheter un livre, que faut-il faire ? Eh bien oui, il faut entrer dans une libraire. Et en cette veille de fêtes de fin d'année, nombreuses sont celles qui sont bondées d'acheteurs décidés ou de flâneurs littéraires. Alors, comment trouver LE livre parmi tant d'autres sans se faire remarquer ? Car, bien entendu, la fleur fanée ne veut pas se faire repérer. Il ne faudrait quand même pas attirer l'attention publique sur cette anormalité honteuse.

Alors, j'assure. Un rapide coup d'oeil me permet de compter une dizaine de personnes aux alentours. Sur un étal, je l'aperçois, il m'attend. Deux personnes - de trop - sont toutefois trop proches. Je me dirige nonchalamment vers les magazines. Tout en furetant dans leurs pages de créatures divines, j'attends que la voie se libère. À cet instant, je me rapproche rapidement de l'étal et m'empare du fameux livre. Mission accomplie. Personne ne m'a vue, enfin je crois. Il ne me reste plus qu'à affronter le regard coquin ou cynique de la personne à la caisse. Pour faire plus sérieux, je choisis d'ajouter à mon achat un livre de David Foenkinos, La délicatesse. Je règle mes achats. J'ai failli ajouter « ce sont des cadeaux. Est-ce que mes ami(es) peuvent les échanger si nécessaire ? ». Je me suis retenue. À quoi bon en rajouter et prendre le risque d'avouer bien malgré soi l'inavouable.

Je n'ai pas encore lu le livre de Sophie (en l'appelant par son prénom, j'ai l'impression que c'est une amie). Alors pourquoi me suis-je si vite précipitée à la libraire ? Avais-je donc peur qu'il y ait une rupture de stock alors qu'on le sait bien, tout le monde a une vie sexuelle épanouie ?  Eh bien, peut-être car si on y pense bien, ce livre pourrait devenir un best-seller tant il est finalement une ode à l'amour de soi.

21 novembre 2011

Citations...

« C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule. »

« Le jour est proche où nous n'aurons plus que l'impôt sur les os. »

Michel Audiard, réalisateur et scénariste français (1920-1985)

Mon premier souvenir d'hiver. C'était en 1982...

La porte s'était ouverte sur le visage de ma mère qui, comme chaque matin, venait nous réveiller afin de nous préparer pour l'école. Au même moment, nous avons ressenti un courant d'air froid, plus intense qu'à l'accoutumée, envahir notre espace.

« Venez déjeuner mais, avant de sortir, mettez vos bottes et couvrez-vous bien. Il y a eu une grosse tempête de neige cette nuit. » dit-elle. Encore endormis mais tout excités, nous nous sommes précipités aux fenêtres pour découvrir un beau manteau blanc. Un miracle. Sur cette ville du nord de la France, plutôt habituée au crachin qu'aux flocons, l'hiver avait soudain décidé de jeter son dévolu. Ce n'était peut-être pas la meilleure idée étant donné le mode de vie pour le moins insolite de ma famille.

C'est ma petite soeur la téméraire qui a foncé la première dans la poudreuse. Tellement rapidement qu'elle s'est vite retrouvée le derrière en l'air. Des éclats de rire ont fusé dans la nuit encore noire.

Un rire qui s'est vite éteint toutefois, tant les quelques mètres qui nous séparaient de la porte de la cuisine nous ont rapidement transformés en bonhommes de glace. Car si la neige s'était surpassée, le temps inhabituellement froid rivalisait d'intensité. Les paupières cristallisées et les jambes lourdes (avez-vous déjà essayé de marcher avec des bottes de pluie dans de la neige qui vous arrive aux genoux ?), nous progressions péniblement.

Ma soeur, pas si téméraire que ça finalement, a soudain décrété qu'elle n'avancerait plus car elle perdait ses bottes à chaque pas. Mon héroïque frère, pas plus grand qu'elle, lui a gentiment proposé de la transporter sur son dos. Mal lui en prit car, arrivé à la porte de la cuisine, le pauvre a glissé sur une marche et ils se sont retrouvés tous les deux en position couchée. Je me souviens encore de l'image de ma pauvre soeur ensevelie dans la neige sous le poids de mon frère.

À cet instant, l'émerveillement et la bonne humeur avaient complètement disparu. Frigorifiés et pleurnichards, nous avons pris notre petit déjeuner dans un silence glacial.

C'était en 1982. Nous avions exceptionnellement suivi mon père pour un des chantiers routiers sur lesquels il forgera sa carrière et son caractère. Comme ce fut souvent le cas lorsque je les accompagnais alors que j'étais encore fille unique, nous habitions dans des appartements sur roues, plus communément appelées caravanes d'habitation. Cette année-là, comme la famille s'était agrandie depuis, une deuxième caravane plus petite servait de chambre pour les enfants. Un petit détour par l'extérieur s'avérait donc nécessaire pour nous rendre à la cuisine et aux autres commodités de la « maison ».

Plus tard, dans la cour d'école, les batailles et autres jeux de glisse ont fait fureur. Mais personne, oh non personne, n'a jamais su que mon premier contact avec l'hiver avait débuté bien plus tôt en pyjama. Car personne ne savait que je vivais dans une caravane en plein hiver.

19 novembre 2011

Ai-je mal lu ?

Cette semaine, une nouvelle statistique est venue nous apprendre que 49 % des Québécois sont des analphabètes fonctionnels. De quessé ? Eh bien, cela signifie que 16 % d'entre eux ne savent pas lire et qu'un autre 33 % épuise ses méninges au bout de quelques lignes. Pire: de ces 49 %, plus de 40 % ont entre 16 et 46 ans. Ayoye !

Tout débat sur le niveau de  la langue française est souvent à prendre avec des pincettes au Québec. Mais je dois avouer que j'ai été abasourdie par ces pourcentages, terriblement inquiétants pour la pérennité de notre langue. Bien plus que l'invasion de l'anglais dont on nous parle ad nauseam.

Bien sûr, il y a les compressions budgétaires qui touchent les services de francisation pour les immigrants. On compte ainsi beaucoup sur le bénévolat, ce que j'ai eu le plaisir de faire auprès de réfugiés demandeurs d'asile. Bien sûr, il y a peut-être eu les réformes scolaires mais je n'en sais pas assez pour m'épandre sur le sujet. Bien sûr, il y a l'évolution de la langue qui n'est pas forcément néfaste si on ne perd pas de vue son essence.

Mais 49 %, c'est catastrophique ! J'imagine que cette situation ne date pas d'hier. Pour atteindre un tel fond, il a dû y avoir un abandon quelque part. Un abandon collectif et individuel. Que faire ? Des solutions, il y en a certainement mais en premier lieu, j'espère que nous serons nombreux à être alarmés. Peut-être pas tant que ça quand je constate à quel point on ne soigne pas notre langue, on la maltraite, on la snobe. Le bien parler est trop souvent perçu comme une arrogance. Le bel écrit prend trop de temps. Dès que l'on ose aborder une pauvreté de vocabulaire ou des lacunes en termes de grammaire ou de syntaxe, il y a une susceptibilité identitaire qui surgit...

Je me souviens de ma fille, que j'avais reprise à plusieurs occasions pour des « quand qu'on apprend... » ou encore « le monde, y sont pas gentils » qui m'avait rétorqué bien fièrement « mais je suis Québécoise, maman ». Et moi de lui répondre que l'un n'empêchait pas l'autre. Un accent, des expressions, des mots ou appellations colorent l'usage du français partout dans la francophonie et c'est la beauté de la chose. Tout le reste n'a pas lieu d'être.

Si des générations d'analphabètes sont malheureusement peut-être perdues, il est temps de se réveiller pour celles en devenir ou à venir. C'est un devoir de société. Un devoir de nos gouvernements et un devoir individuel où la moindre attention portée au langage parlé et écrit pourra faire une différence. Il faut refuser ce laisser-aller qui prévaut dans toutes les sphères de nos communications.

49 %, pensons-y bien...


16 novembre 2011

En primeur, rien que pour vous !

À présent que le texte de ma nouvelle est en lice pour le concours d'écriture pan-canadien de la Zone d'écriture de Radio-Canada (les finalistes seront annoncés en février 2012), je la soumets ici à votre bon jugement. Ceux et celles qui me connaissent reconnaîtront certainement Estelle.

N'hésitez pas à me donner vos commentaires, bons ou mauvais. Même si je ne vise pas le prix Goncourt, peut-être un jour deviendrai-je, grâce à vous, un de ces écrivains émergents. Puis-je rêver un peu !
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Il faut toujours viser la tête* 

« Qu’ai-je donc fait ? Mais qu’est-ce qui m’est passé par la tête ? Oh, je veux  mourir… »

En cette soirée glaciale, Estelle n’a qu’une envie, celle de disparaître sous terre ou de rembobiner le fil de sa vie six heures auparavant. Plutôt que cela, elle longe les murs de la rue Duluth dans le quartier branché Plateau-Mont-Royal à Montréal, le bonnet jusqu’aux oreilles et la tête rentrée dans les épaules. Une seule pensée parvient encore à sortir de ses méninges : passer la plus inaperçue possible.

Fort heureusement, nous sommes en hiver. S’il avait fallu que cela arrive en plein été, avec tout ce monde qui se pavane en terrasse, se dit-elle pour mettre un peu de baume sur la catastrophe qui lui arrive.

Sur ce chemin qui la mène chez elle, son cœur saigne et la petite voix intérieure qui l’accompagne depuis quelques mois n’arrête pas d’en rajouter : « Tout ça, c’est la suite logique de ce qui ne tourne pas rond autour de toi, ma chérie. Non mais, qu’est-ce que tu attendais ? Des miracles ? Tu sais bien qu’ils ne se réalisent jamais ? Je te l’avais pourtant bien dit. »

C’est vrai, elle lui avait bien dit, cette voix amie, si fidèle et rassurante, et elle ne s’était pas gênée pour le répéter sans cesse ces derniers temps, tant et si bien qu’Estelle avait fini par la croire. Avec son moral en berne depuis quelques mois, elle n’en pouvait plus de cette tristesse lancinante qui s’était sournoisement répandue dans chacun de ses membres, l’empêchant d’avancer. Plus moyen de parler avec légèreté, plus moyen de penser sans pleurer, et plus moyen même d’aimer celui à ses côtés. La vue brouillée et la mine toujours basse, elle ne se reconnaissait plus. Elle ne s’aimait plus.

Bien sûr, il y a cette déprime hivernale qui l’enveloppe chaque année. Bien sûr, il y a la fatigue qu’elle a accumulée depuis l’arrivée de son beau bébé joufflu et gourmand. Bien sûr, il y a eu ce licenciement, le premier de sa vie. Mais il y a aussi cette difficulté qu’Estelle ressent de plus en plus à trouver sa place après plusieurs années de vie dans son pays d’adoption.

« Ici, on n'est pas tout à fait du pays et là-bas, on n'est plus tout à fait de là. Difficile dans ce cas de savoir où l’on va ... » affirme-t-elle souvent comme un pronostic sans appel qui justifie son mal-être. « Vous comprenez, c’est normal que cela arrive après un certain temps. En fait non, vous ne comprenez pas puisque vous ne l’avez pas vécu. » Et clac, fin de la discussion. Bref, toutes ces bouffées de nostalgie qui n’arrêtaient pas de lui monter à la tête ont sérieusement commencé à l’isoler, à l’étouffer.  Cette jeune femme, à la fois passionnée et résiliente, se sentait de plus en plus sur un fil, prête à perdre son équilibre. Elle devait agir et vite.

« Il fallait bien que je fasse quelque chose ! » se défend-t-elle ce soir auprès de sa petite voix, en marchant d’un pas lourd. Cette chose qu’elle regrette tant à présent au point de lui faire dresser les poils sur la tête.

Certes, il serait facile de jeter tout de suite la pierre à  la pauvre Estelle. Car elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Mais en y pensant bien, peut-être aurions-nous fait la même chose à sa place. Pas forcément de façon aussi radicale, on s’entend…

D’ailleurs, pourquoi cette fois-ci aurait-elle été différente des autres ? Estelle avait toujours opté pour cette solution pour changer le mal de place quand son moral était dans les chaussettes. Dans ce cas, elle en était encore convaincue, il fallait viser la tête. Oh bien sûr, elle avait bien essayé les jambes, les poings ou même la gymnastique du visage. Mais rien ne vaut la tête et ses attributs.

Alors, pour ne pas perdre l’équilibre sur son fil, elle pensait qu’une petite visite au salon saurait une nouvelle fois raviver la vie sous sa tignasse forcément fade à en crever. Et lui éviter une chute fatale.

Ce soir, pourtant, elle rage et vous met en garde : « à moins de très bien connaître votre coiffeur, sachez que celui-ci peut se transformer en bourreau et vous achever d'un coup de ciseaux. »

Elle rage aussi contre elle-même car son coiffeur a suivi à la lettre ses instructions. Car à situation ultra désespérée comme la sienne, un banal changement de coiffure ne suffisait pas. Que nenni. Estelle avait besoin d’un renouveau capillaire, d’une transformation extrême. Bref, d’une nouvelle tête.

Et que fait-on quand on a des cheveux fins et courts comme elle, et que l’on rêve de beaux cheveux jusqu’aux épaules que l’on aura peut-être jamais ? Facile, il suffit d’opter pour les rallonges, plus communément appelées « extensions » dans le métier. Ça fonctionne bien pour les vedettes du petit ou du grand écran. Pourquoi pas pour moi ? pensait Estelle, en se voyant déjà ressuscitée et tellement sublime qu’elle ferait tourner les têtes sur son passage.

Six heures plus tôt, à la fois excitée et fébrile, elle a donc pointé la tête avec ses cheveux peu fournis dans ce salon de coiffure qu’elle avait repéré sur le boulevard Saint-Laurent, en fermant bien sûr les yeux sur le fait que sa clientèle était habituée plutôt aux coupes rasta qu'aux légers balayages… « Je sais, je sais, j'aurais dû allumer mais, je te le rappelle, ma tête fonctionne depuis un certain temps au ralenti et mes yeux sont souvent brouillés. » dit-elle à son amie la petite voix qui n’arrête pas de lui dire qu’elle est tout simplement une tête de linotte.

Il est vrai qu’après deux tentatives ratées de teinture qui avaient déjà commencé leur œuvre de destruction, Estelle aurait dû prendre les jambes à son cou. Mais elle est restée sagement assise… pendant six heures d’affilée, le temps de pause des bandes de ces longs cheveux chatoyants qui feraient tourner toutes les têtes. Avec une impression désagréable de lourdeur entre ses deux oreilles, elle a finalement réglé sa facture salée, des trémolos déjà dans la gorge. Et elle est sortie à la face du monde.

Dans cette rue Duluth fort heureusement sombre et déserte, elle se dirige vers la maison. Le plus dur reste à venir : affronter le regard de son amoureux car elle sait qu’elle vient de faire une grosse gaffe. Va-t-il éclater de rire, l’engueuler, l’ignorer ou, pire, la chasser ? Elle rase les murs comme elle aimerait tant raser ces foutus faux poils.

Elle sonne, la porte s’ouvre et aucun mot n’est échangé avec lui. À quoi bon utiliser des mots quand une image en vaut mille. Elle se sent dévastée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. Avez-vous déjà essayé de dormir avec un casque de    moto ? Essayez donc pour voir. En revanche, son petit cerveau a travaillé fort. En se réveillant ce matin, la chevelure ridiculement en bataille et les yeux rougis, sa décision est prise.

Alors que les boutiques du boulevard Saint-Laurent ouvrent à peine leurs portes, la voilà déjà assise à la même place face à ce miroir qui a vu hier sa descente aux enfers. L’équipe du salon s’affaire de nouveau autour d’elle pour la libérer de son casque de moto. Après huit heures (oui, vous avez bien lu) de décollage à chaud de la colle – pas de danger que ce postiche s’envole au moindre coup de vent – elle est enfin libre, avec des brûlures sur le cuir chevelu et de vrais cheveux complètement morts.

Ne dit-on pas qu’il faut souffrir pour être belle ? Estelle ne sait pas qui est la personne qui a décrété cela. Mais si vous la connaissez, dites-lui qu’une rescapée aimerait bien lui dire deux mots.

* Titre librement emprunté au répertoire musical du groupe français Mickey 3D


14 novembre 2011

Et si elle ne tombait pas ... ?

Ce 14 novembre à Montréal, la température a atteint un beau 18 degrés en son centre-ville.  Il est vrai que ce fut fort agréable mais reconnaissons que ce temps clément ne fait pas partie de la normalité. Nos ours polaires et autres amoureux des glaces ont bien raison de s'alarmer.

Mais là n'est pas mon propos. En fait, je dois vous avouer que j'ai hâte à la première tempête de neige. Pas une neige mouillée, une vraie tempête avec de vrais flocons qui rendent la ville silencieuse et auréolée de mille points lumineux quand vient la nuit. Oui, oui, vous avez bien lu cet aveu de celle qui, il n'y a pas si longtemps, a eu le culot de prétendre à une amie qu'elle n'aimait pas les pays nordiques (sic !). Mais je le pense sérieusement, il est temps qu'elle arrive pour venir blanchir tous ces arbres à présent presque dépouillés de leurs feuilles.

Je reconnais que je prêche pour ma paroisse et que j'ai peu d'égard pour les milliers d'automobilistes et autres conducteurs de véhicules motorisés qui se retrouveront du jour au lendemain confrontés à cette ennuyeuse masse blanche. Car même si nous sommes au pays de l'hiver et que nous avons bien entamé le mois de novembre, nous allons être, comme chaque année, bien surpris et mal pris par une tempête qui arrive toujours trop tôt... Vous pariez ?  Quand la pilule sera avalée, on ne sera toutefois plus étonnés de revoir le ballet des souffleuses, « déneigeuses » de trottoirs et autres camions de déneigement, ces mastodontes qui arpentent les rues et font trembler les murs et fenêtres des appartements dans les rues étroites de Montréal. J'ai beau y vivre depuis seize ans et râler comme une maudite française quand ce cortège me réveille à 4 heures de matin, cela reste un spectacle toujours impressionnant.

Certains accepteront de subir les assauts de l'hiver jusqu'aux fêtes, d'autres comme moi, jusqu'en février. Après cela, la majorité l'emporte et commence à avoir la mine basse jusqu'à ce qu'une journée douce et ensoleillée du mois d'avril redonne du baume au coeur. Alors qu'il ne fait même pas 18 degrés, les premières séances de bronzage feront alors leur apparition sur les pelouses du parc Lafontaine sur le Plateau-Mont-Royal.

Mais bon d'ici là, de beaux centimètres de neige auront enseveli la moindre pousse verte...

07 novembre 2011

Quand l'Europe n'est qu'une simple zone...

De ce côté-ci de l'Atlantique, on assiste à la fissure de l'Europe, et on espère le fameux coup de barre qui saura rassurer tous et chacun. Enfin, je dis « tous et chacun » mais je pense que ce sont surtout les acteurs des marchés boursiers, les investisseurs et autres pontes de la finance qui tentent de retrouver leurs esprits selon les bons mots des agences de notation qui régulent le monde avec une simple lettre de l'alphabet.

Bien entendu, je n'ai pas les connaissances suffisantes pour pouvoir analyser les tenants et aboutissants d'une situation économique qui a dégénéré au gré de crises, de mauvaises décisions et, sans me tromper, de spéculations et de cupidité. En revanche, je dois candidement avouer que je suis profondément attristée de lire et d'entendre que l'Europe se résume ces dernières semaines à une zone, celle de l'Euro. Elle n'a de nom que celui d'une monnaie. Monnaie, money... Bref, elle n'est qu'une entité économique.

Même si je l'ai quittée depuis de nombreuses années, je suis restée une Européenne dans l'âme car la nature même de son appellation - Union européenne - reflète ma vision, peut-être utopique, d'un monde basé sur l'ouverture et la solidarité.  Car il ne faut pas oublier que ce principe d'une Europe unie, autrefois meurtrie par les ravages de nombreux conflits, a vu le jour pour consolider la paix sur le continent. Son essence même ne doit donc pas être reléguée au second rang. Au contraire, si ce grand rêve humaniste a bien su se concrétiser, il doit pouvoir aujourd'hui insuffler l'énergie nécessaire pour traverser les tempêtes, quitte à devoir lui apporter quelques ajustements. Car mon souhait le plus cher est que l'Europe se redresse à la face du monde pour que de Madrid à Vienne ou de Copenhague à Athènes, on continue de cultiver ce lien sans frontières.

02 novembre 2011

Inspiration...

(...) Aussi appelons-nous toujours à une « véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. »

À ceux et celles qui feront le XXIe siècle, nous disons:

CRÉER, C'EST RÉSISTER.
RÉSISTER, C'EST CRÉER.

Extrait tiré du texte « Indignez-vous » de Stéphane Hessel

28 octobre 2011

Citation...

« Il ne s'agit pas, bien sûr, d'opposer à ce catastrophisme permanent, un angélisme béat et naïf, mais de sortir de l'alternative stérile entre attitude pessimiste ou optimiste face à l'avenir, et de la remplacer par une approche réaliste, lucide, pragmatique et constructive. Car des faits positifs existent, en masse, dans la vie quotidienne du monde : découvertes déterminantes pour le futur, créations collectives, solidarités, générosités, bénévolat, liens transculturels. etc. Il faut aussi savoir les mettre en avant. La mémoire n'est pas seulement mémoire de survie, elle est aussi mémoire de création. Les faits positifs, reliés entre eux, nous aident à avoir l'envie de construire demain, les mois qui viennent, l'avenir. »

Joël de Rosnay

Une grande nouvelle !

Vous devez déjà vous demander de quelle nouvelle je souhaite vous entretenir aujourd'hui, après une petite pause de quinze jours. Il faut dire dire qu'il y en a une tonne. Entre autres, j'aurais pu vous parler des dernières frasques de DSK, peut-être, éventuellement, paraît-il, impliqué dans un réseau de proxénétisme aux côtés d'influents entrepreneurs du Nord de la France. Mais on le sait, et il nous le répète assez souvent, tout cela n'est que malveillance à son égard...

J'aurais pu aussi vous parler de cette grande nouvelle selon laquelle Jennifer Aniston n'est pas enceinte de son nouvel amoureux. Comme notre voisine de palier (pas nous bien sûr !), elle a tout simplement pris quelques kilos.

Enfin, sur un ton plus dramatique, j'aurais pu commenter les résultats des élections démocratiques en Tunisie. Le peuple a choisi. Je peux aisément imaginer le trouble - ou plutôt le choc - qui a gagné bon nombre de ceux et celles qui ont eu l'audace, le courage et la détermination de sortir dans la rue pour démontrer leur profond ras-le-bol et évincer leur dirigeant devenu autoritaire et milliardaire. Le parti islamiste Ennahda est maintenant au pouvoir. J'avoue être inquiète pour ce pays arabe ouvert sur le monde qui avait réussi à reprendre son destin en mains. J'espère me tromper. En hommage à tous les Tunisiens et aux autres peuples de ce monde qui se battent pour des conditions de vie décentes, voici une citation que je trouve bien inspirante : « Chaque période de trouble dans l'histoire ouvre une brèche d'espoir; et la seule chose certaine et inchangeable est que rien n'est certain ni inchangeable. » (John Fitzgerald Kennedy).

Bref, je reviens plutôt à cette grande nouvelle. En fait, il s'agit de Ma Nouvelle, celle que j'écris actuellement et qui est en soi une grande nouvelle car elle vient concrétiser le rêve que je caressais depuis longtemps d'écrire un roman ou autre petit livre. Bon, vous allez me dire qu'il ne s'agit que d'une somme de 1 200 mots... Peut-être, mais figurez-vous que je vais oser la soumettre à un concours d'écriture lancé par la Zone d'écriture de Radio-Canada. Je vais oser la faire lire par des gens érudits, écrivains dans l'âme et de métier. Non, je n'ai pas peur du ridicule, pourquoi ? Si vous saviez quelle est son intrigue, il se pourrait même que vous me disiez d'abandonner drette là, comme on dit en bon québécois. Le seul indice que j'accepte de vous donner est que je l'ai intitulée Il faut toujours viser la tête. Titre que j'ai emprunté à une chanson du groupe français Mickey 3D qui, j'espère, ne m'en tiendra pas rigueur si ses membres devaient faire partie de mes fidèles lecteurs. Bon, je peux rêver un peu quand même ! En tout cas, ceux et celles qui me connaissent de près ont peut-être déjà la puce à l'oreille quant à l'histoire de ma nouvelle, à défaut d'avoir leur petite idée en tête.

Je dois la remettre le 1er novembre au plus tard, avec une annonce du gagnant quelques semaines plus tard. En attendant, je la peaufine même si elle est déjà excellente (l'humilité, je ne connais pas), mais je ne vous empêcherais pas de croiser les doigts pour qu'elle tombe dans l'oeil du jury.

Je vous tiens au courant.

15 octobre 2011

L'indignation, la nouvelle tendance ?

À la lecture de ce billet, plusieurs d'entre vous me jetteront peut-être des pierres virtuelles en me disant qu'il est bien plus facile de chialer bien assise sur ses fesses, plutôt que de montrer le bout de son nez dehors au sein d'un mouvement social si beau et mobilisateur. Et vous auriez bien raison...

En revanche, permettez-moi de vous dire pour ma défense que je me sens faire partie de tous les indignés de la planète. Même si je me considère chanceuse de vivre dans un pays démocratique où le système bancaire, solide par rapport aux systèmes américain ou européen, nous permet pour le moment de traverser la tempête, je suis indignée par beaucoup de choses. Les bonus faramineux, les conflits d'intérêt, les reprises de logements, les abus de pouvoir, les passe-droits, le sort des laissés-pour-compte, les escroqueries, les compagnies pharmaceutiques voraces, les sables bitumineux, la pollution, le désintérêt pour l'éducation et la culture, le peu d'attention à nos enfants et à nos aînés, etc. Et pas seulement depuis ces derniers mois...

Bien sûr, je suis heureuse de voir une telle mobilisation dans la rue et j'en remercierais presque les instigateurs et ceux et celles qui ont emboîté le « pas » aussi rapidement. Mais de quel « pas » parle-t-on vraiment, si ce n'est celui d'en vouloir à ce 1 % d'individus issus du monde des affaires qui vit au profit des 99 % autres ?

En fait, je ne suis pas d'accord avec ce slogan réducteur, particulièrement avec ses pourcentages que je juge si faciles pour éviter de se regarder le nombril (et attention, je m'inclus là-dedans). Je m'explique :

- On sait que d'ici vendredi prochain, des entreprises comme Apple, Microsoft, Coca-Cola, McDonald's, Yahoo, entre autres, vont présenter leurs résultats trimestriels. À surveiller : le jeu des investisseurs et spéculateurs. Or, qui nourrit ces grandes entreprises... ? N'a-t-on pas lu que Apple a annoncé avoir reçu plus de 1 million de commandes pour son nouveau iPhone 4S au cours des 24 premières heures de sa commercialisation, un record pour l'entreprise américaine ? Oui, Steve Jobs était un génie créateur mais il était aussi un as du marketing. Ce serait plutôt ça qui a changé nos vies, non ?

- Je pouvais lire récemment que les succès de plusieurs modèles de 4X4 ou pick-up en septembre aux États-Unis ont stimulé  les ventes de constructeurs comme Chrysler, General Motors et Ford, malgré la situation économique difficile au pays...

- Ici, pour lutter contre le surendettement des particuliers, qui succombent rapidement à un crédit trop facile, et prévenir une crise financière ingérable, le Québec a dû décider de prendre des mesures. Bien entendu, les banques sont en cause et devront revoir leurs façons de faire. Mais il est quand même déprimant de constater qu'il faut que ce soit nos politiciens qui nous rappellent à l'ordre...

Voilà donc quelques exemples qui me font dire que le 99 %  « d'abusés » est un peu gros. Si on le voulait, on pourrait se donner le pouvoir de changer un peu la donne. Mais pour cela, il faut être prêt à changer ses habitudes individuellement. Pour une véritable responsabilité collective durable. Mais en sommes-nous vraiment capables ?

En attendant, espérons que le mouvement des Indignés ne tombe pas sous le joug d'une récupération marketing comme le fut malheureusement la vague verte.

12 octobre 2011

Yassaman et moi

Comme je vous l'ai déjà mentionné, mon poste de radio est constamment allumé sur les ondes de Radio-Canada (une habitude). Au delà de cette simple conversation de fond, mes oreilles se tendent parfois lorsque des bribes attisent mon attention. Ce fut le cas cet après-midi lorsque Michel Désaultels a conversé avec la photographe et artiste Yassaman Ameri au sujet de son film Marginal Road qui sera présenté les 13 et 14 octobre lors du Festival du nouveau cinéma à Montréal. Oui et alors, me direz-vous !

Eh bien, cette conversation tournait autour du thème de l'exil. Un sentiment que madame Ameri connaît bien alors qu'elle a fui l'Iran avec sa famille au lendemain de la Révolution en 1979 pour venir s'installer au Canada. Loin de moi l'idée de m'approprier ce concept d'exil alors que j'ai quitté mon pays par choix il y a déjà seize ans. Bon, c'était par amour et je n'avais peut-être pas toute ma tête...

Petite parenthèse : je me souviendrai toute ma vie de ma cérémonie d'assermentation en tant que nouvelle citoyenne canadienne. Il fallait entendre ce silence empreint d'émotion dans la salle - alors que quelques minutes plus tôt, c'était un brouhaha indescriptible - quand la juge a cité un à un les soixante pays dont étaient originaires les 360 personnes présentes ce jour-là. Afghanistan, Soudan, Éthiopie, Somalie, Palestine, Corée, etc. Musulmans, juifs, chrétiens, femmes, hommes, vieux, jeunes, familles, couples ou individus, tous unis par le même accomplissement: être arrivé à destination. Pour moi, c'est à ce moment-à que j'ai compris toute la force de ces deux mots: « citoyenneté canadienne ».

Bon, pourquoi donc me suis-je intéressée à madame Yassaman Ameri et son film sur l'exil ? En fait, elle est venue toucher une corde sensible que je tente de dénouer ces temps-ci. Ce douloureux sentiment d'éloignement qui survient seulement après plusieurs années loin de son pays d'origine. Je ne me compare pas à ces immigrants ou réfugiés qui ne peuvent retourner dans leur pays d'origine, mais je n'ai pas vu le mien depuis huit ans. Encore une fois par choix (quoique mes moyens financiers ne m'ont pas permis de le faire très souvent) car pourquoi retourner là-bas alors qu'on est si bien ici.

Alors, pourquoi ces bouffées de nostalgie ces derniers temps ? Suis-je si bien enracinée ? Pourquoi cette impression d'avoir fait le tour ? Alors que j'ai vécu les premières années de ma vie dans une caravane, aurais-je donc toujours la bougeotte ?

Les propos de madame Ameri m'ont touchée car elle me rejoint sur le fait que c'est difficile de trouver sa place quand on est immigrant. Ici, on n'est pas tout à fait du pays et là-bas, on n'est plus tout à fait de là... Une chose est certaine, je suis là en ce moment. Dans cette réflexion sur ma place ici ou ailleurs, sur mon bonheur là où il se trouve (est-ce qu'il peut me faire un petit signe, s'il vous plaît !).

Tout ça n'a rien de dramatique, car ce dilemme m'est déjà tombé dessus alors que j'étais à Montréal depuis sept ans. C'est comme le mariage, ça passe ou ça casse. Ça a passé jusqu'à une prochaine fois. Qui arrive maintenant. Une bonne moyenne, non ?

06 octobre 2011

Citation...

« Si on ne voulait qu'être heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu'ils ne le sont. »

Montesquieu

01 octobre 2011

Afrique, nous ne t'oublions pas




Les bourses jouent au yo-yo,
les spéculateurs s'amusent,
les investisseurs pleurent ou rient,
l'Europe se serre les coudes,
les États-Unis vacillent,
l'Égypte se révolte,
les indignés s'indignent,

et dans la Corne de l'Afrique, particulièrement en Somalie, des milliers de personnes continuent de mourir de faim et de maladie.

Là où la sécheresse a bon dos, là où des groupes armés radicaux sèment le chaos, là où l'on ne trouve même pas de médicaments pour soigner des cas de rougeole (selon le récit d'un docteur de l'hôpital Sainte-Justine de Montréal qui était récemment sur place), la vie ne tient qu'à un fil...

Cette vie qui se lit tant dans les yeux et les sourires des Africains. Car, quiconque est allé sur ce continent vous dira qu'ils restent gravés dans les mémoires comme une leçon de vie sur le sens véritable du mot « résilience ».

S'il fallait vous en convaincre, voici une petite vidéo, souvenir précieux d'un séjour au Rwanda, pendant lequel mes collègues et moi avons construit deux salles de classe avec les habitants d'un village, proche de Gisenyi, dans le Nord-Kivu, à la frontière du Congo. Vous pouvez voir d'autres photos et vidéos sur le site www.afrik.ca, sous l'onglet Projet Afrik Rwanda 2007.


29 septembre 2011

Citation...

Il y a quelques jours, ma fille m'a parlé de cette citation que je ne connaissais pas d'un artiste belge que je ne connaissais pas non plus...

« Ton christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffes sont arabes et... tu reproches à ton voisin d'être étranger ! »

Julos Beaucarne

27 septembre 2011

Ah, l'automne à Montréal...

On dit qu'après un marathon ou un demi-marathon, il faut reprendre la marche pour détendre les muscles. Ça tombe bien, il faisait très beau aujourd'hui (l'automne est ma saison préférée, tant le ciel est limpide, l'air est frais et les espaces verts de la ville - nombreux - prennent un ton rouge-orangé). Avec l'excuse d'une course au centre-ville, je me suis rendue sur les rues Sainte-Catherine et McGill. Et je suis (re)tombée en amour avec ma ville d'adoption. Il faut avoir voyagé ou vécu ailleurs pour apprécier l'air d'aller de cette métropole où se côtoient autant de nationalités différentes, et où l'on croise souvent des groupes d'amis, reproductions à moindre échelle de l'ONU. Aujourd'hui, les travers qui caractérisent toute grand ville semblaient avoir disparu... Ainsi, j'ai parcouru le magnifique parc de l'Université anglophone McGill - une des meilleures au monde - et le Ghetto McGill (quartier étudiant) à la sortie des cours. Marcheurs et utilisateurs de BIXI envahissaient les rues. J'aurais voulu retourner des années en arrière pour faire partie de cette belle jeunesse, à la fois désinvolte et sérieuse. Oui, on parlait pas mal anglais mais je suis certaine que si j'avais bifurqué par les universités francophones (l'Université de Montréal ou l'Université du Québec à Montréal), le français aurait pris le relais. C'est la réalité d'une ville bilingue. Bref, soyons fiers de notre ville, et prenons-en soin pour que tout le monde y trouve sa place.

J'en profite pour vous parler de trois expositions en cours qui valent vraiment le coup d'oeil. Peut-être les avez-vous déjà vues. Il s'agit de l'exposition offerte par le Musée McCord, déployée en plein air sur l'avenue McGill, laquelle propose un portrait du Montréal du XIXe siècle grâce aux archives photographiques du célèbre William Notman. Toujours frappant et émouvant.

Il y a également le World Press Photos qui se tient au Marché Bonsecours jusqu'au 2 octobre. Vous y découvrirez une sélection des meilleures photographies de presse de l'année prises dans plus de 100 villes. Même si l'ergonomie de l'expo ne rend pas hommage au travail des photographes, on est toujours saisi par la beauté cruelle des photos. À ce titre, j'ai eu une drôle de pensée : avec tous les moyens d'information à notre disposition et l'accès quasi quotidienne à des images terribles issues de guerres ou de catastrophes naturelles, serions-nous devenus blasés ? Je me posais la question tant on passait rapidement d'une photo à l'autre, à la fois voyeurs et incrédules. Une photo m'a cependant réellement troublée, soit celle de cette bousculade meurtrière lors de la Love Parade en Allemagne en 2010. Impossible pour moi de regarder la mort dans les yeux dans des circonstances aussi traumatisantes.

Enfin, sur un ton plus léger, il y a l'exposition sur la culture manga qui a pris l'affiche pour une année dans la salle principale d'exposition de la Grande Bibliothèque. Bon, certains me diront que je ne suis pas objective puisque cette expo a été scénographiée de A à Z par l'agence Lichen que je connais quand même bien... Peut-être, mais je vous invite vraiment à aller y faire un tour, que vous soyez amateur(e) de mangas ou simplement curieux(se). Pour ma part, mes seuls contacts avec la culture manga sont limités aux films d'animation de mon enfance tels que Au pays de Candy, Goldorak ou Albator, et plus récents tels que Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki. Un petit conseil : prévoyez du temps car il y a du « stock », et si vous avez des enfants, pensez à aller faire un tour à l'Espace Jeunes. Ils adoreront certainement les figurines et autres Pokémon...

25 septembre 2011

Je l'ai fait !

En 3 heures et 8 minutes, j'ai accompli mon premier demi-marathon (21,1 km) en marche rapide ce 25 septembre, sous une température chaude et humide comme Montréal peut en connaître; conditions que j'exècre au plus haut point.

Bon, c'est sûr que je suis loin de l'exploit extraordinaire du Kenyan qui a terminé le parcours de 42,2 km en deux heures, treize minutes et huit secondes...

Mais cela représente pour moi un dépassement à la fois physique et mental, alors que j'aurais presque fléchi dans ce long faux plat qu'est le boulevard Pie IX, à l'approche de l'arrivée au Parc Maisonneuve.

Je ne vous cacherai pas que ça fait un petit velours sur le coeur quand tout ce monde vous encourage vers la ligne d'arrivée, que vous vous voyez sur grand écran et que votre nom est annoncé par une voix digne d'un commentateur sportif.

Ma tête bourdonnait, mes jambes me tenaient à peine et je ne réalisais pas encore ce qui venait de se produire. Ce n'est que lorsque je me suis retrouvée dans les bras de mon amie Karole que les larmes ont jailli; des larmes de fatigue et surtout d'émotion après ces derniers mois qui m'ont vue plonger dans une période difficile de ma vie et qu'il me tarde de quitter. Aujourd'hui, une importante étape vers le mieux-être a été franchie, c'est sûr.

Après une petite pause sur l'herbe avec ma fille et quelques amis qui s'étaient déplacés pour l'occasion, il a fallu se relever. Ouille, ouille, ouille. Disons que ma démarche jusqu'à la maison était bien loin de celle plus sportive que j'avais arborée quelques heures plus tôt. Pas très beau à voir...

Mais après le repos du guerrier, je suis certaine que cela n'y paraîtra plus.

Alors, rendez-vous au Marathon de Montréal de 2012. Quelqu'un m'accompagne ?

24 septembre 2011

Citation...

« Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder. »

Oscar Wilde (1856 - 1900)

22 septembre 2011

Ma fille me dépasse


Alors qu'elle avait cinq ou six ans, je ne sais plus, je l'entends me dire d'un ton enjoué « il est beau ton sus-gorge là, maman ! » (pour ceux ou celles qui n'auraient pas compris, elle voulait dire soutien-gorge) ou encore d'un ton plus affirmatif « merde, c'est un gros mot hein maman ? On dit pas merde, hein maman ? Moi, je dis jamais merde... ».

Aujourd'hui, elle a douze ans et elle m'embrasse pratiquement sur le front en me disant « je t'aime. ». Cet enfant que j'avais imaginé en tous points pareil lorsque je l'attendais a grandi et a mûri peut-être plus vite que nature lorsque son petit frère de deux ans est tombé malade et qu'elle est devenue quasiment en même temps la grande soeur d'une petite Violette qu'elle aime tant.

Aujourd'hui, elle a douze ans et elle aime les bonbons et les chips, s'adonne à l'art dramatique à son école et tâte de la guitare, s'irrite pour rien et s'emballe rarement, s'indigne des effets de la pollution et des signes de la pauvreté à même la rue, chante en anglais ses chansons préférées, peut se déguiser sur un coup de tête avec un sac de recyclage, n'apprécie pas trop les maths ni les sciences, essaie de faire plus de deux push-up sans s'écrouler, se cache les yeux quand elle surprend un baiser, rouspète et s'inquiète pour si peu, n'aime pas se laver et encore moins se coiffer, se rebelle et se querelle, est une flemmarde et remet toujours à plus tard ce qu'elle peut faire à l'instant.

Ma fille a douze ans et pour tout cela aussi, elle me dépasse.

Sa ou ses transformations me préparent tout doucement à la séparation, un passage obligé autant nécessaire que douloureux. Déjà, les bisous ou les marques d'affection dans la rue doivent être faits s'il n'y a point de connaissances à l'horizon. Difficile d'être spontanée... Déjà, les sorties entre amies remplacent de plus en plus nos moments de complicité. Déjà, je lui « fous la honte » si j'ose une blague en public ou si je parle trop fort.

Bref, c'est ma fille unique et je l'aime avec ses qualités et ses défauts. J'espère que la(les) tonne(s) d'amour que je lui donne, mes conseils mais aussi mes limites lui permettent de grandir en toute confiance pour pouvoir partir ce jour-à sans trop se retourner.

08 septembre 2011

Citation...

À quoi peut servir de réussir sa vie ?
Ce qu'il faudrait, c'est rater sa mort.

Jean Yanne (1933-2003)

07 septembre 2011

Montréal, la Kinshasa du Nord ?

Je viens de comprendre à quel point le Québec peut être une société bien distincte. Distincte grâce à certains de ses élus dont la vision ne dépasse pas le bout du tunnel. Distincte grâce à des entreprises dont le seul objectif est que les affaires roulent, quitte à faire n'importe quoi. Distincte grâce aux intérêts qui semblent nous unir : sports, météo, circulation.

Ainsi, pouvez-vous me dire dans quel autre pays ou ville on peut se vanter d'avoir une station de radio entièrement dédiée à la circulation ? Non ? Ce n'est pas grave, car l'important est que l'on peut se vanter - ou pas - d'en avoir une ici, à Montréal ! Parions qu'à Kinshasa (République démocratique du Congo) qui, chaque jour, connaît des embouteillages monstres auxquels j'ai survécu sous la chaleur et sans climatisation, ils doivent presque nous envier.

Bien logiquement appelée Radio Circulation 730 AM, celle-ci a été lancée en grandes pompes ce mardi sur l'ancienne fréquence de la défunte CKAC Sports et informera les automobilistes « bouchés » sur nos routes  grâce à des bulletins diffusés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Impressionnant, non ? Surtout quand on pense que l'entreprise propriétaire, Cogeco, a un contrat de publicité de neuf millions de dollars sur trois ans avec Transports Québec pour lancer ses nouvelles stations de circulation (une francophone et une anglophone à venir). Quand je vous disais que tout le monde est heureux...

Ah oui, j'oubliais, cette nouvelle station parlera aussi de météo. Bien important car au Québec, la météo règne sur nos vies. On ne peut pas vivre une journée sans entendre parler d'elle. Quelque soit la saison, on ne s'en lasse pas. Nos canicules qui durent deux jours, nos inondations qui touchent des riverains qui aiment l'eau de trop près et nos premières chutes de neige qui - oh, surprise ! - nous surprennent toujours en décembre. Même les tornades ne nous épargnent pas. Heureusement qu'elles ne sont que de catégorie 0 comme à Trois-Rivières (je ne savais même pas que ça existait)...

Je vous l'avais bien dit que l'on était distinct.

28 août 2011

L'été n'est pas fini !

Faites-vous partie de ceux et celles qui, comme moi, trouvent que l'été est de plus en plus court, tant on a tendance à l'écorcher dès le début du mois d'août ?

À peine celui-ci entamé, on s'échine à parler de rentrées. Rentrée des classes, rentrée parlementaire, rentrée littéraire, rentrée des plantes...  Les produits d'Halloween font leur apparition dans certains magasins quand ce n'est pas les vêtements de neige qui occupent quelques rayons de grandes surfaces. On n'est jamais trop prudent...

Dès lors, l'été se conjugue presque au passé tandis que l'automne s'accorde au présent. Le futur n'est jamais bien loin. On l'anticipe, on l'espère, on l'appréhende, mais jamais on ne l'oublie. Pourtant, une vraie pause, ça ferait du bien, non ? Où est-il ce bouton poussoir qui arrêterait le cours des heures ?

De mon autre vie, de l'autre côté de l'Atlantique, je me souviens encore très bien de ce sentiment de liberté et de bonheur quand, à l'école, sonnait la cloche du grand départ et le début des grandes vacances. Un vocabulaire précieux revenait dans la bouche des petits et grands : soleil, sieste, camping, apéro, jeux. Bref, farniente. À la fin du mois de juillet, il fallait voir ce ballet de caravanes qui se croisaient sur l'autoroute du soleil qui traverse littéralement la France du nord au sud. Les « juillettistes» remontaient chez eux tout bronzés tandis que les « aoûtiens », reconnaissables à leur teint pâlot, descendaient, à leur tour, se la couler douce sur les plages du Midi. Même si je suis partie depuis pas mal d'années, je suis certaine que ce va-et-vient fait encore partie du paysage estival en France. Un passage obligé qui fait partie de mes meilleurs souvenirs d'enfant.

Vous aurez compris qu'il y a pas mal de temps de cela. Aujourd'hui, mon rythme de vie - et peut-être le vôtre - prend parfois l'allure d'une véritable course contre la montre. Si l'actualité mondiale s'emballe dans un coin de la planète, j'y suis entraînée à l'instant T. Si je ne réponds pas au téléphone, pas de problème, on peut me rejoindre sur mon cellulaire ou par courriel.

Nous sommes tellement « programmés » que nous assistons à un nouveau phénomène (ou tendance marketing anti-consommation...), soit l'apparition de nouveaux espaces pour nous permettre de souffler, de nous déconnecter et de reconquérir un temps à soi. Récupérer un peu de ce temps qui pourtant nous appartient devient ainsi un luxe. Quelle farce quand même !

Et si nous n'attendions pas après les autres pour remettre nos pendules à l'heure et recommencer à savourer notre temps, quitte à le perdre ?




21 août 2011

Pensée du jour

En ce 21 août, les rebelles libyens sont aux portes de Tripoli. On dit que les jours de Kadhafi sont comptés. Tout comme ceux de milliers de gens si l'affrontement se transformait en bain de sang...

18 août 2011

Racistes, les Québécois ?

Ces jours-ci, on parle beaucoup de l'intégration et de la sélection des immigrants au Québec. Si je vais vous parler de mon expérience personnelle, croyez bien que je n'oserai jamais me comparer à toutes ces personnes qui, bardées de diplômes et qui parlent mieux français que vous et moi, se retrouvent à exercer des métiers certes tout à fait honorables, mais absolument pas à la mesure de leurs compétences. J'éprouve ainsi toujours de la tristesse quand j'entends l'histoire de ce chauffeur de taxi (un parmi tant d'autres) tiraillé entre la déception de ne pas faire vivre dignement sa famille ici et la honte qu'il ressent face à sa famille dans son pays d'origine.

N'immigre pas qui veut
Avant tout, il faut savoir que la sélection des immigrants résulte d'un processus extrêmement long et ardu.  Je fais partie de la cohorte de ceux acceptés en 1995 avec, en poche, un certificat d'immigrant permanent. Pour l'obtenir, voici un petit résumé des démarches que j'ai suivies : réunion d'information à Paris et entrevue avec un conseiller d'immigration, élaboration d'un dossier de candidature complet (état civil, expérience professionnelle, pécule financier disponible), examen médical (avez-vous la syphilis ?) et enfin paiement d'un montant d'immigration (pas mal élevé) à l'acceptation du candidat.
Durée du traitement : 1 an.

Pas de racisme, mais des préjugés
J'ai immigré à l'âge de 28 ans, j'avais déjà presque dix années d'expérience de travail derrière moi. J'ai été acceptée comme immigrante uniquement parce que j'étais dans ce que l'on appelle un marché du travail porteur (comprendre « il peut y avoir de la place pour vous »). Certains métiers étaient complètement écartés. Ainsi, si vous étiez enseignant, c'était un non d'office. Bref, débarquée à Montréal, j'ai commencé à répondre à des annonces, sans succès. J'ai passé les examens d'aptitude de nombreuses agences de placement, sans succès. Non pas que mes examens étaient ratés (bon, c'est vrai que mon accent anglais portait à sourire), mais on me répondait généralement que je n'avais pas d'expérience sur le marché québécois. Normal, puisque je n'avais pas encore commencé ! Sans oublier le fait que « les Français repartent de toute façon généralement au bout de deux ans», comme on me l'a dit à deux ou trois reprises.

Bredouille et consciente que mes économies fondaient comme neige au soleil, j'étais alors prête à travailler dans un domaine différent du mien (les communications). J'ai donc offert mes services dans les boutiques de la rue Saint-Denis. Toujours sans succès. On me répondait cette fois que j'avais trop d'expérience...

J'ai alors enfourché mon vélo et j'ai déposé mon CV au Service des ressources humaines de grandes entreprises du centre-ville de Montréal. Peu de temps après, une personne de l'une d'entre elles m'a appelée. Elle recherchait une candidate pour l'un de ses clients. C'était l'Orchestre symphonique de Montréal. Sa directrice, Michelle Courchesne, actuellement membre du gouvernement Charest, m'a donné ma chance.  J'ai débuté ma « carrière » au Québec comme assistante à la direction générale et artistique (Charles Dutoit) de l'Orchestre.

Ce fut la première expérience d'une longue série qui, 16 ans plus tard, m'a permis d'intégrer plusieurs domaines d'activité du marché du travail. Et qu'il soit français ou québécois, croyez-moi, je n'ai pas vu tant de différences. Hiérarchie, performance, reconnaissance et objectifs font partie du vocabulaire d'entreprise de part et d'autre de l'Atlantique. Et un ordinateur, ici ou ailleurs, a les mêmes propriétés.

Oui, au Québec, une certaine catégorie d'immigrants, notamment d'origine maghrébine, reste sur la touche. C'est dommage. Je ne crois pas que ce soit du racisme de la part des Québécois. Enfin, je l'espère. Ce sont des préjugés et des appréhensions qui ont la vie dure. Ainsi, comme dans toutes les sphères des relations humaines, il est essentiel de faire un effort de part et d'autre pour mieux se connaître. Immigrer n'est absolument pas facile et demande beaucoup d'humilité. Il faut être prêt parfois à recommencer à zéro, et accepter que la route soit longue avant de retrouver un air d'aller comme celui que l'on a laissé derrière soi.

14 août 2011

Qui l'eut cru ?

Vous savez quel événement aura lieu le 25 septembre prochain ? Non ? Eh bien, je vous l'apprends si vous n'êtes pas au courant.  Il s'agit du marathon Oasis de Montréal.
« Oui et alors ? » me direz-vous.

Et alors, cette année, il y aura une personne qui n'aurait jamais cru participer une seule fois dans sa vie à une telle compétition : moi.

Vous avez bien lu, celle qui vous livre depuis quelque temps quelques pans de sa vie, qui n'est pas montée sur un vélo depuis plus de dix ans, qui n'a jamais fait de jogging et qui avait arrêté depuis belle lurette de faire bouger son corps, trop occupée à faire travailler ses méninges ! J'ai changé mes mauvaises habitudes il y a seulement deux ans.

Bon, ne vous méprenez pas. Si l'on parle d'un marathon (42 km), je n'en ferai que la moitié, et en marche rapide. Il ne faut pas abuser...

Je vous mentirais si je vous disais que ce défi à venir ne me trottait pas dans la tête chaque jour. J'ai peur de ne pas être à la hauteur. Peur d'échouer. J'ai, en même temps, une hâte à le vivre. Car, au-delà du dépassement physique qu'il m'imposera, ce défi représentera pour moi une étape importante dans ma vie. Une sorte de réveil après une longue période de doutes et d'appréhension. En tout cas, je l'espère car j'aurai besoin d'être bien éveillée et d'avoir les yeux grand ouverts pour dépasser la ligne d'arrivée.

Pour recommencer à me sentir intensément vivante. Et passer à autre chose.





06 août 2011

Événements griffés

Question de retrouver un peu de légèreté par rapport à mes derniers billets, je vais vous parler de mode. Mais attention de mode en tant que création et en tant que patrimoine. Quand même... En fait, il s'agit de deux coups de coeur que j'ai eus cette semaine. On dit jamais deux sans trois, alors qui sait, un troisième coup au coeur m'attend peut-être. Bon là, je m'éloigne...

Le premier a eu lieu jeudi soir. Je suis allée voir l'exposition La planète mode de Jean-Paul Gaultier, de la rue aux étoiles présentée au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu'au 2 octobre. J'avoue être toujours un peu réticente face à ces grands événements culturels qui font la manchette à grand renfort de coups de marketing et de promotion de masse. Peut-être est-ce la raison pour laquelle j'ai attendu que la poudre aux yeux s'estompe avant d'aller y faire un tour. Et je n'ai pas été déçue.

Même si le coût d'entrée au Musée me semble toujours un peu élevé (15 $) et donc peu démocratique, l'occasion qui nous est donné de voir les créations de monsieur Gaultier - dont la plupart n'a jamais été exposée - en vaut la peine. Je dirais que plus qu'une exposition de mode, c'est avant tout une fête consacrée à l'imagination et à l'audace.

Mon deuxième coup de coeur a eu lieu vendredi soir lors du Festival Mode & Design qui se déroule principalement sur la rue McGill en plein centre-ville de Montréal. Gratuits et ouverts au grand public, les défilés de mode de cet événement attirent les foules depuis maintenant dix ans.

Ainsi, vendredi soir, avait lieu le défilé Les Intermporelles, présenté conjointement par Jeanne Beker, une icône de la mode au Canada et Suzanne Chabot, directrice du Musée du costume et du textile du Québec (www.mctq.org) dont je vous avais déjà parlé dans un de mes tout premiers billets (cf. Les grandes griffes d'un petit musée). Ce sont ainsi 22 pièces de la formidable collection du Musée qui sont sorties de leur housse, qui ont été portées par des mannequins, et qui ont subjugué la foule tant par leurs coupes, leurs couleurs que par leur élégance... intemporelle. Un véritable régal pour les yeux partagé, croyez-moi, par de nombreuses personnes dans la foule. Les donateurs de ces tenues signées entre autres Raoul-Jean Fouré, Clairette Trudel, John Warden, Colpron d'Anjou, ou Marie-Paule Nolin ont certainement apprécié de voir ces trésors cachés se dévoiler au plus grand nombre.

Alors, messieurs et mesdames les décideurs, à quand un espace digne de ce nom consacré à notre fabuleux patrimoine de mode ? Le MCTQ, sa directrice et son personnel ont la matière mais aussi l'expertise et la passion. Ne restent plus que les murs. Avec un petit effort, on devrait bien trouver une solution.

En attendant, vous voulez découvrir ou redécouvrir certains des plus grands créateurs québécois d'hier à aujourd'hui ? Voyez des entrevues et des images d'expositions qui leur ont été consacrées récemment à Montréal et à Québec sur les sites districtmontreal.com et unlienquisecultive.com.

Vous pouvez aussi visionner l'intégralité du défilé Les Intemporelles sur Youtube sous l'intitulé Timeless Creations Runway with Jeanne Beker


04 août 2011

Folies et décadences

Les mots Dividendes, Dow Jones, TSX, Nasdaq, marché des changes effleurent mes oreilles comme une langue étrangère. En revanche, je suis plus sensible à « dégringolade boursière », « chute des bourses », « récession » qui résonnent comme de véritables menaces sur l'échiquier géopolitique mondial déjà bien fragile. Les États-Unis sont dans le rouge, l'Europe vacille, le Japon faiblit et le reste du monde tremble face à ces mouvements axés sur l'argent. Mais rassurons-nous, les investisseurs se réfugient dans l'or qui a fracassé un nouveau record en cours de séance ce jeudi 4 août, à 1 680 $ l'once. Triste monde...

En ce sens, je suis ces jours-ci très chamboulée par tous ces chiffres qui nous sont jetés à la figure et qui m'inspirent à la fois de l'incrédulité, de l'indignation et ce très désagréable sentiment d'impuissance.

En voici quelques-uns, relevés ces derniers jours dans les médias:

- Le plafond de la dette de l'État américain a atteint 14 580, 7 milliards de dollars.

- 18 % des enfants de moins de trois ans aux États-Unis présentent un poids insuffisant par rapport à leur âge.

- Plus de 11 millions de personnes sont confrontés à la pire sécheresse des dernières décennies en Afrique de l'Est (Kenya, Somalie, Éthiopie, Djibouti, Soudan et Ouganda).

- Plus de 29 000 enfants de moins de cinq ans sont morts depuis 1 mois 1/2 dans le Sud de la Somalie.

- D'après l'ONU, 640 000 enfants somaliens sont extrêmement mal nourris, ce qui laisse penser que le nombre d'enfants en bas âge qui vont mourir va augmenter.

Je l'avoue, je n'ai jamais été très à l'aise avec les chiffres mais ceux-là, je ne les aime vraiment pas.



25 juillet 2011

Maux de société

Ayant de la famille à Oslo, j'ai eu l'occasion de me rendre dans cette ville belle et paisible. Son architecture, ses espaces verts, sa petite montagne m'ont amenée rapidement à trouver de fortes ressemblances avec Montréal, à la différence près qu'il n'y avait pas beaucoup de gens de couleur, ce « melting pot » qui caractérise tant la richesse culturelle et sociale de notre métropole québécoise.

Chaque attentat qui survient dans le monde est un traumatisme pour tous. Ceux d'Oslo sont d'autant plus troublants que nous ne pouvons les faire reposer sur des enjeux géopolitiques internationaux. Ce sont les actes d'un ou de fous, comme nous pourrions en rencontrer ici à Montréal. Aucune considération de religion, de sexe, de culture, de communauté ou d'idéologie ne peut les justifier. C'est avant tout de la pure folie. Cependant, ces tristes événements devraient nous inciter à être encore plus vigilants face à toute forme excessive de jugement ou d'opinion visant à rejeter l'autre. Que ce soit dans les médias, la culture ou même autour d'un barbecue entre amis. 

Ainsi, les dernières annonces du gouvernement fédéral - en gros titres dans nos médias écrits et salles de nouvelles - concernant les 1 800 immigrants frauduleux ainsi que la recherche d'une trentaine de présumés criminels de guerre au pays m'ont fortement dérangée. Si ces actions sont tout à fait justifiées, je considère qu'elles devraient rester de l'ordre privé des responsabilités des Services de l'Immigration qui, croyez-le bien, sont très rigoureux et sélectifs. Qu'ils fassent leur travail avec les outils et dossiers à leur disposition plutôt que de lancer une chasse aux sorcières ou d'inciter la population à la délation. Quand on sait que le Canada a accueilli quelque 280 000 immigrants légaux en 2010 - un sommet inégalé en 50 ans - j'estime que nous avons affaire à une infime partie de cas d'abus. En revanche, l'impression donnée qu'il s'agit d'une atteinte à l'intégrité de notre pays peut être mal interprétée ou même amplifiée par certains individus. Ne laissons pas la voie à ce type d'information populiste. 


Pour le moment, je pleure avec le peuple norvégien.

10 juillet 2011

À Marlène

Il y a tout juste six mois,
tu nous as quittés par un soir glacial de janvier.
Subitement. Brusquement.
Quelques heures auparavant, je t’avais vue belle et détendue.
Comment pouvais-je savoir que c’était la dernière fois…

Passés le choc, la stupéfaction et l’émotion est venue alors
la nécessité de surmonter le vide que tu avais laissé.
Tant amical que professionnel.
Chacun et chacune d’entre nous, à sa manière, a trouvé une façon de garder ce lien
si fort que tu as su cultiver avec les personnes que tu as croisées et aimées.

Lorsque le futur semble si aléatoire.
Lorsque la mort fauche une amie qui n’avait pas 45 ans.
Lorsque tout semble écrit.
Comment se projeter dans l’avenir ? Pourquoi continuer à s’investir ?

Ton départ, Marlène, m’a profondément secouée.
Au-delà de la perte d’une amie chère à mon cœur,
c’est aussi le sens de ma vie qui a été bousculé.

Il fallait bien que tu trouves une dernière façon de me faire grandir, hein ?

Pour reprendre une citation de Mc Solaar (te souviens-tu ?) « Prends ton temps, la vie n’est qu’un moment. », eh bien oui, Marlène, j’ai décidé depuis de savourer le temps comme une enfilade de moments de vie. Surtout le temps présent. Le futur, on verra plus tard.

Oh, ce n’est pas facile. Mais on en a vu d’autres, n’est-ce pas ?

Continue à garder l’œil sur nous.  Je t'aime.

08 juillet 2011

Paroles de Boucar

En attendant les nouvelles émissions de l'automne à la Première chaîne de Radio-Canada, sa programmation estivale nous réchauffe les oreilles. Si, dans le cadre de son émission Sans préliminaires, Franco Nuovo et ses « camarades » me font presque regretter Christiane «caquette» Charette, j'aime en revanche retrouver Boucar Diouf à qui on a eu la bonne idée d'offrir le micro.

« Si votre accent vous empêche de bien saisir le mien, faites comme moi un petit effort, et nous allons bien nous entendre.» Voilà l'entrée en matière de celui qui anime une émission fort sympathique le jeudi soir de 20 h 30 à 21 h intitulée L'accent, c'est les autres.

Celle du 7 juillet portait sur la drague. Beau sujet de discussion, d'autant plus que les mots qui en font le discours n'ont pas toujours le même sens selon l'endroit du monde où l'on se trouve. Bien sûr, Boucar ne nous donne pas de recette miracle mais sa poésie et ses jeux de mots nous donneraient presque le goût de retomber en amour. Là maintenant. Quitte à sauter les préliminaires...

Pour conclure ce billet qui vous incitera peut-être à écouter la rediffusion de l'émission sur le site de Radio-Canada, je me permets de retranscrire - si ma mémoire est bonne - une pensée de son grand-père que Boucar Diouf a partagée en ondes : « Avant, il fallait que ça clique avec une femme pour établir un lien. Aujourd'hui, il faut cliquer pour établir ce lien.»

Citation...

« Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. »
Saint-Augustin

01 juillet 2011

Souvenir d'Afrique


Même si je me revendique citoyenne du monde, je dois comme tout le monde présenter mon passeport pour franchir des frontières. À ce titre, j'ai envie de vous raconter une anecdote sur ce document de circulation car il peut vous en faire voir de toutes les couleurs selon le pays que vous visitez. Notamment lorsque vous vous rendez en Afrique avec un passeport français...

En 2007, je me suis rendue avec mes collègues au Rwanda pour construire une école à Gisenyi, dans le Nord-Kivu, à la frontière du Congo. À cette époque, allez savoir pourquoi, j'avais encore mon passeport français. Sur une équipe de quinze personnes, j'étais donc la seule à devoir obtenir auprès de l'ambassade du Rwanda à Ottawa un visa spécial d'entrée.

Nous partions un jeudi soir et le mercredi, j'étais encore à Ottawa pour tenter d'obtenir ce fameux papier. Sans succès en raison de délais administratifs. Un membre de l'ambassade m'informe cependant que je peux me procurer mon visa sur place à l'aéroport de Kigali. Je décide donc de m'envoler avec mon équipe.

Après une trentaine d'heures de voyage (Montréal - Londres - Nairobi - Kigali), nous arrivons enfin à destination. Mes amis passent les contrôles sans problème. On me dit que je dois rencontrer un responsable. De loin, celui-ci me fait signe d'approcher. Je ne sais pas si c'est la fatigue, l'émoi d'avoir posé le pied en terre africaine ou mon intimidation face à ce mastodonte, mais j'ai fait une chose qu'il ne faut pas faire : J'AI MENTI.

Candidement, me voilà en train de lui dire : « mais je ne savais pas qu'il fallait un visa ! ». Et lui de me répondre sur le même ton : « Vous êtes certaine de ne pas avoir entrepris de démarches pour en obtenir un ? ». Vous avez certainement déjà ressenti cette impression de tomber dans un trou ou cette envie soudaine de revenir en arrière. Je me souviendrai toute ma vie de cette sensation alors que je venais de comprendre que ma demande de visa avait eu le temps de faire son chemin pendant que j'étais dans les airs, et d'atterrir sur la table des responsables rwandais de l'immigration.

Bref, ils ne m'ont pas remise d'office dans un avion et j'ai pu payer enfin mon visa (60 dollars). Bon, dans l'énervement, je n'en donne que 55. Mais ça, ce n'est pas grave car l'histoire n'est pas finie. Alors que je récupérais enfin mes bagages avec un grand soupir de soulagement, une sorte d'alarme s'est mise à sonner. L'un de mes billets canadiens était faux...

Fort heureusement, cette entrée bancale dans ce superbe pays a été le début d'un fantastique séjour. Mais croyez bien que lorsque nous avons choisi de nous rendre au Congo deux ans plus tard, j'avais mon passeport canadien bien en main.

Vous pouvez voir des photos de nos séjours sur le site www.afrik.ca.

28 juin 2011

L'école publique, pas pour moi

Grâce à elle, j'ai remporté un concours d'entreprise de photos qui portaient sur le thème des bonheurs d'été. On la voyait déguster - que dis-je, engloutir - une crème glacée au chocolat. Tant sa bouche, son nez que ses vêtements y goûtaient, et que cela avait l'air bon ! Elle avait à peine cinq ans...

Zoé, ma «petite» fille a maintenant douze ans et vient de vivre son premier bal de finissants qui clôt ses six années au primaire. Si des chicanes de toutes sortes ont bien sûr coloré toutes ces années - surtout la sixième année - il n'en demeure pas moins qu'elle et tous ses camarades ont fait un sacré bout de chemin ensemble dans la joie et la bonne humeur. Pas étonnant alors que les larmes ont vite monté aux yeux de ces garçons et filles quand est venu le temps de se quitter pour de bon.

Car la plupart ne se reverront plus, à moins d'un hasard au détour d'une rue ou d'une station de métro.  En effet, si leur école publique (Louis-Hippolyte-Lafontaine sur la rue Berri) a su remplir toutes ses fonctions et satisfaire élèves et parents, nombreux sont ces derniers qui choisissent le privé pour le secondaire de leur progéniture. Ainsi, sur une quarantaine d'élèves, seuls cinq ou six d'entre eux poursuivent leurs études dans le public, dont peut-être trois seulement dans l'école publique du quartier (école secondaire Jeanne-Mance qui n'arrive pas à se départir d'une mauvaise réputation malgré ses nombreuses améliorations des dernières années).

Je peux les comprendre car, en tant que parents, nous cherchons tous le bien de nos enfants. Cependant, en tant que société, c'est une tournure qui me désole. Car si chacun est libre de ses choix selon ses attentes et ses moyens financiers, il n'en demeure pas moins que l'éducation publique est à l'abandon. Et, dans ce cas, je ne vois plus là de choix pour tous. Et je me désole encore plus quand mes impôts permettent entre autres de financer le choix des autres.

Une école publique de qualité jette les bases nécessaires à un tissu social sain. C'est un acteur indispensable  d'un « mieux vivre ensemble ». Il est donc grand temps de lui redonner ses lettres de noblesse.

24 juin 2011

Bonne fête !

En ce jour de Fête nationale, je ne peux m'empêcher de penser aux propos hyper alarmistes du chef déchu du Bloc québécois, Gilles Duceppe, dans le cadre de sa dernière entrevue il y a quelques jours. « Une assimilation fulgurante menace les Québécois. » affirmait-il dans ce ton de voix éteint qui l'a toujours caractérisé...

Installée au Québec depuis trois mois en 1995, je me souviens d'avoir suivi fébrilement les résultats du référendum d'octobre. Je sentais à cette époque une véritable ferveur autour de ce sujet d'actualité qui mobilisait les «pour» et les «contre». Depuis, l'élan s'est grandement effrité et les messagers d'une catastrophe annoncée n'ont cessé de se faire entendre. Avec les résultats que l'on connaît.

Le mot « assimilation » est un mot que je déteste. Demandez donc à un immigrant établi ici depuis longtemps s'il se sent assimilé... J'en doute. Intégré, il le sera certainement, en tout cas je l'espère, en total respect des valeurs et règles de son pays d'adoption, mais sans pour cela renier ses origines, sa langue, son histoire auxquelles il est souvent très attaché et qui constituent son individualité.

Le Québec est une société distincte de par ses origines, sa langue et son histoire. Pour survivre, ses acteurs doivent se tenir en bloc, au-delà des diktats d'un parti politique. Un bloc d'hommes, de femmes et d'enfants qui évolue sur une vision d'avenir constructive, sur l'acceptation de sa place et de son rôle dans un espace géopolitique en mouvance, et sur une capacité de cultiver ses différences sans dénigrer celles des autres.

Or, que voit-on dans notre société distincte ?

Un dénigrement constant : Montréalais / Québécois, urbains / banlieusards, gens des villes / gens des régions, québécois de souche / immigrants, vieux / jeunes, intellos / peuple, francos / anglos, etc.

Un cynisme ambiant : « tous des pourris ! », « on ne peut rien y faire », « ça ne fonctionnera jamais »,  bla, bla, bla...

Un sentiment d'infériorité  : « on est petits et on le restera.», « on l'a pas eue facile. », «ici, on n'a pas les moyens. », bla, bla, bla...

Personnellement, je ne pense pas que ce soit une fête nationale qui se déroule une fois par année qui peut changer les choses, surtout quand, dans un coin de pays, on passe plus de temps à réglementer la consommation d'alcool plutôt que la consommation de culture.

C'est chaque jour que nous devons nous retrouver et nous retrousser les manches. Et ce, sans répéter ad nauseam que c'est la faute des autres. Alors parlons, argumentons, discutons, engueulons-nous et osons. Mais surtout avançons. Car, au-delà des mots, un pays, ça se mérite et ça se construit avant tout sur le terrain.

20 juin 2011

Attention à ce que vous dites...

Je viens de prendre connaissance d'une offre d'emploi d'une importante agence de relations publiques de Montréal pour le poste d'analyste de la conversation. Aviez-vous déjà entendu parler d'une telle profession ? Quelles études faut-il entreprendre et surtout quelles qualifications faut-il démontrer pour occuper un tel poste ?

Car, voyez-vous, je doute fort que nous évoquions ici le sens noble de la recherche linguistique telle qu'énoncée par Harvey Sachs dans son analyse conversationnelle. N'oublions pas qu'il s'agit ici d'une boîte de relations publiques qui compte de grandes marques qui sont de plus en plus nombreuses à vouloir «converser» avec leurs clients actuels, mais surtout potentiels.

Ainsi, un tel poste au titre pompeux s'inscrit dans cette nouvelle donne du monde des communications de vouloir engager un dialogue ou de créer un esprit de communauté. Bref, de créer du vent pour mieux se faire entendre.

Sensible au sens des mots et de la parole, je dois avouer que je suis de plus en plus inquiète de l'utilisation décalée et à toutes les sauces du mot «conversation», tel un ingrédient indispensable à cette recette marketing nouvelle vague. Car, si l'on réfléchit bien, une conversation a toujours été une activité privée ou un moment spécial qui, souvent, réunit et anime un nombre limité de personnes autour de sujets sérieux, le tout dans une atmosphère de convivialité et de confiance.

Est-ce de cela dont on parle dans le cadre de ce poste d'analyste de la conversation ? J'en doute fort.