28 juin 2011

L'école publique, pas pour moi

Grâce à elle, j'ai remporté un concours d'entreprise de photos qui portaient sur le thème des bonheurs d'été. On la voyait déguster - que dis-je, engloutir - une crème glacée au chocolat. Tant sa bouche, son nez que ses vêtements y goûtaient, et que cela avait l'air bon ! Elle avait à peine cinq ans...

Zoé, ma «petite» fille a maintenant douze ans et vient de vivre son premier bal de finissants qui clôt ses six années au primaire. Si des chicanes de toutes sortes ont bien sûr coloré toutes ces années - surtout la sixième année - il n'en demeure pas moins qu'elle et tous ses camarades ont fait un sacré bout de chemin ensemble dans la joie et la bonne humeur. Pas étonnant alors que les larmes ont vite monté aux yeux de ces garçons et filles quand est venu le temps de se quitter pour de bon.

Car la plupart ne se reverront plus, à moins d'un hasard au détour d'une rue ou d'une station de métro.  En effet, si leur école publique (Louis-Hippolyte-Lafontaine sur la rue Berri) a su remplir toutes ses fonctions et satisfaire élèves et parents, nombreux sont ces derniers qui choisissent le privé pour le secondaire de leur progéniture. Ainsi, sur une quarantaine d'élèves, seuls cinq ou six d'entre eux poursuivent leurs études dans le public, dont peut-être trois seulement dans l'école publique du quartier (école secondaire Jeanne-Mance qui n'arrive pas à se départir d'une mauvaise réputation malgré ses nombreuses améliorations des dernières années).

Je peux les comprendre car, en tant que parents, nous cherchons tous le bien de nos enfants. Cependant, en tant que société, c'est une tournure qui me désole. Car si chacun est libre de ses choix selon ses attentes et ses moyens financiers, il n'en demeure pas moins que l'éducation publique est à l'abandon. Et, dans ce cas, je ne vois plus là de choix pour tous. Et je me désole encore plus quand mes impôts permettent entre autres de financer le choix des autres.

Une école publique de qualité jette les bases nécessaires à un tissu social sain. C'est un acteur indispensable  d'un « mieux vivre ensemble ». Il est donc grand temps de lui redonner ses lettres de noblesse.

24 juin 2011

Bonne fête !

En ce jour de Fête nationale, je ne peux m'empêcher de penser aux propos hyper alarmistes du chef déchu du Bloc québécois, Gilles Duceppe, dans le cadre de sa dernière entrevue il y a quelques jours. « Une assimilation fulgurante menace les Québécois. » affirmait-il dans ce ton de voix éteint qui l'a toujours caractérisé...

Installée au Québec depuis trois mois en 1995, je me souviens d'avoir suivi fébrilement les résultats du référendum d'octobre. Je sentais à cette époque une véritable ferveur autour de ce sujet d'actualité qui mobilisait les «pour» et les «contre». Depuis, l'élan s'est grandement effrité et les messagers d'une catastrophe annoncée n'ont cessé de se faire entendre. Avec les résultats que l'on connaît.

Le mot « assimilation » est un mot que je déteste. Demandez donc à un immigrant établi ici depuis longtemps s'il se sent assimilé... J'en doute. Intégré, il le sera certainement, en tout cas je l'espère, en total respect des valeurs et règles de son pays d'adoption, mais sans pour cela renier ses origines, sa langue, son histoire auxquelles il est souvent très attaché et qui constituent son individualité.

Le Québec est une société distincte de par ses origines, sa langue et son histoire. Pour survivre, ses acteurs doivent se tenir en bloc, au-delà des diktats d'un parti politique. Un bloc d'hommes, de femmes et d'enfants qui évolue sur une vision d'avenir constructive, sur l'acceptation de sa place et de son rôle dans un espace géopolitique en mouvance, et sur une capacité de cultiver ses différences sans dénigrer celles des autres.

Or, que voit-on dans notre société distincte ?

Un dénigrement constant : Montréalais / Québécois, urbains / banlieusards, gens des villes / gens des régions, québécois de souche / immigrants, vieux / jeunes, intellos / peuple, francos / anglos, etc.

Un cynisme ambiant : « tous des pourris ! », « on ne peut rien y faire », « ça ne fonctionnera jamais »,  bla, bla, bla...

Un sentiment d'infériorité  : « on est petits et on le restera.», « on l'a pas eue facile. », «ici, on n'a pas les moyens. », bla, bla, bla...

Personnellement, je ne pense pas que ce soit une fête nationale qui se déroule une fois par année qui peut changer les choses, surtout quand, dans un coin de pays, on passe plus de temps à réglementer la consommation d'alcool plutôt que la consommation de culture.

C'est chaque jour que nous devons nous retrouver et nous retrousser les manches. Et ce, sans répéter ad nauseam que c'est la faute des autres. Alors parlons, argumentons, discutons, engueulons-nous et osons. Mais surtout avançons. Car, au-delà des mots, un pays, ça se mérite et ça se construit avant tout sur le terrain.

20 juin 2011

Attention à ce que vous dites...

Je viens de prendre connaissance d'une offre d'emploi d'une importante agence de relations publiques de Montréal pour le poste d'analyste de la conversation. Aviez-vous déjà entendu parler d'une telle profession ? Quelles études faut-il entreprendre et surtout quelles qualifications faut-il démontrer pour occuper un tel poste ?

Car, voyez-vous, je doute fort que nous évoquions ici le sens noble de la recherche linguistique telle qu'énoncée par Harvey Sachs dans son analyse conversationnelle. N'oublions pas qu'il s'agit ici d'une boîte de relations publiques qui compte de grandes marques qui sont de plus en plus nombreuses à vouloir «converser» avec leurs clients actuels, mais surtout potentiels.

Ainsi, un tel poste au titre pompeux s'inscrit dans cette nouvelle donne du monde des communications de vouloir engager un dialogue ou de créer un esprit de communauté. Bref, de créer du vent pour mieux se faire entendre.

Sensible au sens des mots et de la parole, je dois avouer que je suis de plus en plus inquiète de l'utilisation décalée et à toutes les sauces du mot «conversation», tel un ingrédient indispensable à cette recette marketing nouvelle vague. Car, si l'on réfléchit bien, une conversation a toujours été une activité privée ou un moment spécial qui, souvent, réunit et anime un nombre limité de personnes autour de sujets sérieux, le tout dans une atmosphère de convivialité et de confiance.

Est-ce de cela dont on parle dans le cadre de ce poste d'analyste de la conversation ? J'en doute fort.

Pensée du jour

Comment se fait-il que c'est seulement lorsqu'un pont est sur le point de s'effondrer que les autorités trouvent tout à coup des moyens tout simples de bonifier les moyens de transport en commun ? Que de temps perdu...

15 juin 2011

Allez, les jeunes, à vos ordinateurs !

« Les jeunes n'écoutent pas la radio. Nous souhaitons les rejoindre là où ils sont, sur le Web. ». C'est à peu près en ces termes que la direction générale de la radio de Radio-Canada a justifié la mise au rancart des émissions jeunesse 275 Allô et Ados Radio. C'est certain qu'après 22 ans de bons et loyaux services, il était peut-être temps de rafraîchir le concept. Mais sa mort annoncée me rend vraiment triste.

Certainement parce que je l'ai écoutée dans le confort de ma cuisine pendant près de quinze ans, avant et après la naissance de ma fille. Cette ligne ouverte m'a souvent fait sourire grâce aux remarques spontanées et parfois surprenantes des tout-petits. Elle m'a ravie par les intérêts et les idées de nombreux ados qui savaient les exprimer avec éloquence. De quoi faire taire ces nostalgiques du vieux temps où les jeunes savaient se tenir...

Je pense réellement que ces émissions et particulièrement Ados Radio étaient d'intérêt général, et pas seulement pour les jeunes. Elles avaient leur place comme l'a cette émission de sport qui a pris l'antenne chaque soir de la semaine...

Dans notre société de consommation rapide d'information et de mollesse intellectuelle, la qualité de contenus passe au moulinet. Le Web est sur toutes les lèvres, partout. Il est une solution facile qui a trop bon dos.

Dans notre société pleine de contradictions qui maudit la place des ordinateurs dans la vie de nos jeunes, on leur demande justement d'y retourner pour participer à leur émission préférée plutôt que de faire entendre leurs voix.

Triste.

14 juin 2011

Citation...

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »
Isaac Newton

Elle me fait suer !

C'est vrai, elle me fait suer dans les deux sens du terme ! Tant par les litres d'eau qu'elle me fait perdre que par son intransigeance à garder un rythme régulier de rencontres. De qui suis-je en train de vous parler ? De Caroline. Caroline Martineau plus précisément, entraîneur de groupes et privé et, surtout, athlète accomplie qui se prépare à vivre son premier demi Ironman à Montréal.

Je l'ai rencontrée pour la première fois il y a trois ans par l'entremise de mon amie Anabelle. Aux prises avec un surplus de poids et un grand manque d'énergie, elle m'a alors écoutée et façonné un programme personnalisé de remise en forme. Je l'ai quittée en la remerciant et en lui promettant que j'allais m'y mettre rapidement.

Je ne sais pas si «un an» signifie pour vous rapidement, mais c'est le temps que j'ai mis avant de la contacter de nouveau, bien décidée cette fois-ci à suivre son programme. Et la «torture» a commencé (d'ailleurs je l'appelle ma «tortureuse», un terme de mon cru plus significatif que tortionnaire). Trois fois par semaine, elle me rencontre à mon domicile et je me plie à ses ordres. Impossible de me dérober ... J'ai souvent pesté, râlé, résisté, presque pleuré et toujours... sué.

Deux ans plus tard, je rouspète beaucoup moins mais je sue toujours. Le plus invraisemblable est que je ne pourrais plus me passer de ma «tortureuse». Il faut dire qu'en plus d'avoir relevé avec brio le défi de me faire courir, cette boule d'énergie ambulante réussit toujours à me faire rire. Et pratiquement en même temps !

Un grand merci, Caroline.

12 juin 2011

Une petite coupe de cheveux avec ça ?

Avec le temps morose d'aujourd'hui, il me revient en tête une anecdote capillaire qui me fait encore dresser les poils sur la tête. Alors à vous, mesdames mais aussi à vous, messieurs, qui pouvez peut-être avoir le moral en berne ou l'envie subite de changer de tête pour changer le mal de place, je dis «Attention !». À moins de très bien connaître votre coiffeur, sachez que celui-ci peut se transformer en bourreau et vous achever d'un coup de ciseaux ou de rallonges...

Pour vous en convaincre, voici ma petite histoire personnelle qui ne manque jamais d'égayer un repas entre le plat principal et le dessert.

Avec un moral dans les chaussettes, j'avais donc décidé de me faire poser des rallonges jusqu'aux épaules sur mes cheveux fins qui m'arrivaient alors à la nuque. Je portais mon choix sur les produits et services d'un salon de coiffure qui avait alors pignon sur rue sur le boulevard Saint-Laurent et qui a rouvert depuis sur la rue Sainte-Catherine. Il faut savoir que sa clientèle était habituée plutôt aux coupes rasta qu'aux légers balayages. J'aurais dû allumer mais, je vous le rappelle, ma tête fonctionnait au ralenti...

Bref, c'était un jeudi soir frileux d'un début de mois de janvier. Après une première teinture ratée pour que la couleur des rallonges s'accorde à ma coloration naturelle, on en a entrepris une deuxième. À ce moment, mes cheveux étaient déjà massacrés et j'aurais dû prendre mes jambes à mon cou. Mais je suis restée sagement assise.

Ensuite, pendant six heures (oui, vous avez bien lu), on m'a collé (oui, vous avez bien lu aussi) sur le crâne des bandes de cheveux. À la sortie, j'ai payé les 500 $ avec l'impression d'avoir un casque de moto sur la tête et surtout des sanglots dans la gorge.

Le plus dur était à venir : affronter le regard de mes proches car je savais que je venais de faire la gaffe de ma vie. Je me souviens très bien d'avoir rasé les murs comme j'aurais voulu raser cette fausse tignasse.

Arrivée à la maison, j'ai vu dans les yeux de mon mari à la fois de l'incrédulité et de la pitié. Aucun mot n'a été échangé. Je n'ai pas dormi de la nuit - avez-vous déjà essayé de dormir avec un casque de moto sur la tête ? Je me suis retrouvée dans le même salon dès le lendemain matin pour faire enlever le tout. Après huit heures (oui, vous avez encore bien lu) de décollage à chaud de la colle, j'étais enfin libérée de mes faux cheveux... avec des brûlures sur le crâne et des vrais cheveux complètement morts.

J'ai mis de nombreux mois à m'en remettre, en plus de devoir ne m'en prendre qu'à moi-même pour ce désastre. Moi qui pensais me remonter le moral...

Rassurez-vous, la page est tournée depuis. Je suis capable d'en rire et de l'écrire. Alors, si vous avez envie de changer de tête parce que vous n'avez pas le moral, réfléchissez-y à deux fois et ayez des attentes toutes simples car, vous en conviendrez, il est plus agréable de faire tourner les têtes sur votre passage pour les bonnes raisons. Non ?

04 juin 2011

Les grandes griffes d'un petit musée

Après avoir rendu hommage au travail de Yves Saint Laurent et de Denis Gagnon, le Musée des beaux-arts de Montréal présente, dès le 17 juin prochain, l'exposition La planète mode de Jean-Paul Gaultier de la rue aux étoiles, qui sera l'occasion de souligner les 35 ans de carrière du génial créateur. Qu'un grand musée ouvre ses portes depuis quelque temps au monde de la mode confirme à quel point celle-ci est liée à l'art. Que le public se déplace à chaque fois en grand nombre démontre qu'elle en est véritablement un.

Je ne manquerai certainement pas d'aller admirer les créations de monsieur Gaultier. En attendant, j'aimerais vous parler du Musée du costume et du textile du Québec (MCTQ). Le connaissez-vous ? En avez-vous entendu parler ? Non ? C'est normal. Malheureusement normal. Car ce musée qui regorge de trésors du patrimoine de mode québécois (plus de 6 000 objets des XIX, XX et XXI siècles) n'a pas la place qu'il mérite.

Alors que son extraordinaire directrice, Suzanne Chabot, à la fois passionnée et... courageuse, tente d'exposer des pièces magnifiques dans des salles minuscules d'une maison ancestrale de Saint-Lambert, le reste est soigneusement remisé dans un entrepôt de la rue Saint-Antoine à Montréal. Croyez-moi, j'ai eu l'occasion de visiter cet endroit, et lorsqu'on entrouvre les nombreuses housses qui s'y trouvent,  on ne peut que déplorer le fait de ne pas avoir accès à ce patrimoine trop méconnu.

On pourrait ainsi se rappeler que Montréal avait une maison de haute couture dans les années 40, sous la férule de Marie-Paule Nolin alors appelée « la grande dame de la haute couture montréalaise ».  Ou encore qu'une certaine Clairette Trudel avait fait défiler des mannequins de la Maison Dior pour présenter sa nouvelle collection en 1964. Sans oublier les Jacques de Montjoye, Michel Robichaud ou encore Marielle Fleury qui ont, autre autres, été des ambassadeurs de la mode québécoise à Expo 67.

Autant de noms qui ont donné vie à des griffes qui incarnent la mode d'ici, aujourd'hui personnifiée par des surdoués de la coupe et du design, comme Marie Saint Pierre, Hélène Barbeau, Michel Desjardins, Christian Chenail, Dinh Bà, Philippe Dubuc et tant d'autres.

Or, il faut savoir que Suzanne Chabot ne se contente pas d'imaginer des expositions originales dans son espace exigu. Elle se démène et frappe à toutes les portes d'organismes municipaux ou gouvernementaux pour véritablement sauver son musée et ses trésors, promis pour le moment à un avenir bien sombre. Oh, elle ne demande pas des millions - quoique ! - mais avant tout une place à Montréal où le grand public pourrait admirer de près des créations d'hier et d'autres plus contemporaines, et comprendre toute l'étendue d'un art qui n'est pas uniquement l'apanage des autres, et dont on peut se permettre d'être fiers.

Si l'on peut se vanter d'avoir au Québec des musées comme celui de l'abeille, du chocolat ou encore du Rock n' roll, on doit bien pouvoir trouver de la place pour un musée consacré à la mode québécoise et à ses artisans...