25 juillet 2011

Maux de société

Ayant de la famille à Oslo, j'ai eu l'occasion de me rendre dans cette ville belle et paisible. Son architecture, ses espaces verts, sa petite montagne m'ont amenée rapidement à trouver de fortes ressemblances avec Montréal, à la différence près qu'il n'y avait pas beaucoup de gens de couleur, ce « melting pot » qui caractérise tant la richesse culturelle et sociale de notre métropole québécoise.

Chaque attentat qui survient dans le monde est un traumatisme pour tous. Ceux d'Oslo sont d'autant plus troublants que nous ne pouvons les faire reposer sur des enjeux géopolitiques internationaux. Ce sont les actes d'un ou de fous, comme nous pourrions en rencontrer ici à Montréal. Aucune considération de religion, de sexe, de culture, de communauté ou d'idéologie ne peut les justifier. C'est avant tout de la pure folie. Cependant, ces tristes événements devraient nous inciter à être encore plus vigilants face à toute forme excessive de jugement ou d'opinion visant à rejeter l'autre. Que ce soit dans les médias, la culture ou même autour d'un barbecue entre amis. 

Ainsi, les dernières annonces du gouvernement fédéral - en gros titres dans nos médias écrits et salles de nouvelles - concernant les 1 800 immigrants frauduleux ainsi que la recherche d'une trentaine de présumés criminels de guerre au pays m'ont fortement dérangée. Si ces actions sont tout à fait justifiées, je considère qu'elles devraient rester de l'ordre privé des responsabilités des Services de l'Immigration qui, croyez-le bien, sont très rigoureux et sélectifs. Qu'ils fassent leur travail avec les outils et dossiers à leur disposition plutôt que de lancer une chasse aux sorcières ou d'inciter la population à la délation. Quand on sait que le Canada a accueilli quelque 280 000 immigrants légaux en 2010 - un sommet inégalé en 50 ans - j'estime que nous avons affaire à une infime partie de cas d'abus. En revanche, l'impression donnée qu'il s'agit d'une atteinte à l'intégrité de notre pays peut être mal interprétée ou même amplifiée par certains individus. Ne laissons pas la voie à ce type d'information populiste. 


Pour le moment, je pleure avec le peuple norvégien.

10 juillet 2011

À Marlène

Il y a tout juste six mois,
tu nous as quittés par un soir glacial de janvier.
Subitement. Brusquement.
Quelques heures auparavant, je t’avais vue belle et détendue.
Comment pouvais-je savoir que c’était la dernière fois…

Passés le choc, la stupéfaction et l’émotion est venue alors
la nécessité de surmonter le vide que tu avais laissé.
Tant amical que professionnel.
Chacun et chacune d’entre nous, à sa manière, a trouvé une façon de garder ce lien
si fort que tu as su cultiver avec les personnes que tu as croisées et aimées.

Lorsque le futur semble si aléatoire.
Lorsque la mort fauche une amie qui n’avait pas 45 ans.
Lorsque tout semble écrit.
Comment se projeter dans l’avenir ? Pourquoi continuer à s’investir ?

Ton départ, Marlène, m’a profondément secouée.
Au-delà de la perte d’une amie chère à mon cœur,
c’est aussi le sens de ma vie qui a été bousculé.

Il fallait bien que tu trouves une dernière façon de me faire grandir, hein ?

Pour reprendre une citation de Mc Solaar (te souviens-tu ?) « Prends ton temps, la vie n’est qu’un moment. », eh bien oui, Marlène, j’ai décidé depuis de savourer le temps comme une enfilade de moments de vie. Surtout le temps présent. Le futur, on verra plus tard.

Oh, ce n’est pas facile. Mais on en a vu d’autres, n’est-ce pas ?

Continue à garder l’œil sur nous.  Je t'aime.

08 juillet 2011

Paroles de Boucar

En attendant les nouvelles émissions de l'automne à la Première chaîne de Radio-Canada, sa programmation estivale nous réchauffe les oreilles. Si, dans le cadre de son émission Sans préliminaires, Franco Nuovo et ses « camarades » me font presque regretter Christiane «caquette» Charette, j'aime en revanche retrouver Boucar Diouf à qui on a eu la bonne idée d'offrir le micro.

« Si votre accent vous empêche de bien saisir le mien, faites comme moi un petit effort, et nous allons bien nous entendre.» Voilà l'entrée en matière de celui qui anime une émission fort sympathique le jeudi soir de 20 h 30 à 21 h intitulée L'accent, c'est les autres.

Celle du 7 juillet portait sur la drague. Beau sujet de discussion, d'autant plus que les mots qui en font le discours n'ont pas toujours le même sens selon l'endroit du monde où l'on se trouve. Bien sûr, Boucar ne nous donne pas de recette miracle mais sa poésie et ses jeux de mots nous donneraient presque le goût de retomber en amour. Là maintenant. Quitte à sauter les préliminaires...

Pour conclure ce billet qui vous incitera peut-être à écouter la rediffusion de l'émission sur le site de Radio-Canada, je me permets de retranscrire - si ma mémoire est bonne - une pensée de son grand-père que Boucar Diouf a partagée en ondes : « Avant, il fallait que ça clique avec une femme pour établir un lien. Aujourd'hui, il faut cliquer pour établir ce lien.»

Citation...

« Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. »
Saint-Augustin

01 juillet 2011

Souvenir d'Afrique


Même si je me revendique citoyenne du monde, je dois comme tout le monde présenter mon passeport pour franchir des frontières. À ce titre, j'ai envie de vous raconter une anecdote sur ce document de circulation car il peut vous en faire voir de toutes les couleurs selon le pays que vous visitez. Notamment lorsque vous vous rendez en Afrique avec un passeport français...

En 2007, je me suis rendue avec mes collègues au Rwanda pour construire une école à Gisenyi, dans le Nord-Kivu, à la frontière du Congo. À cette époque, allez savoir pourquoi, j'avais encore mon passeport français. Sur une équipe de quinze personnes, j'étais donc la seule à devoir obtenir auprès de l'ambassade du Rwanda à Ottawa un visa spécial d'entrée.

Nous partions un jeudi soir et le mercredi, j'étais encore à Ottawa pour tenter d'obtenir ce fameux papier. Sans succès en raison de délais administratifs. Un membre de l'ambassade m'informe cependant que je peux me procurer mon visa sur place à l'aéroport de Kigali. Je décide donc de m'envoler avec mon équipe.

Après une trentaine d'heures de voyage (Montréal - Londres - Nairobi - Kigali), nous arrivons enfin à destination. Mes amis passent les contrôles sans problème. On me dit que je dois rencontrer un responsable. De loin, celui-ci me fait signe d'approcher. Je ne sais pas si c'est la fatigue, l'émoi d'avoir posé le pied en terre africaine ou mon intimidation face à ce mastodonte, mais j'ai fait une chose qu'il ne faut pas faire : J'AI MENTI.

Candidement, me voilà en train de lui dire : « mais je ne savais pas qu'il fallait un visa ! ». Et lui de me répondre sur le même ton : « Vous êtes certaine de ne pas avoir entrepris de démarches pour en obtenir un ? ». Vous avez certainement déjà ressenti cette impression de tomber dans un trou ou cette envie soudaine de revenir en arrière. Je me souviendrai toute ma vie de cette sensation alors que je venais de comprendre que ma demande de visa avait eu le temps de faire son chemin pendant que j'étais dans les airs, et d'atterrir sur la table des responsables rwandais de l'immigration.

Bref, ils ne m'ont pas remise d'office dans un avion et j'ai pu payer enfin mon visa (60 dollars). Bon, dans l'énervement, je n'en donne que 55. Mais ça, ce n'est pas grave car l'histoire n'est pas finie. Alors que je récupérais enfin mes bagages avec un grand soupir de soulagement, une sorte d'alarme s'est mise à sonner. L'un de mes billets canadiens était faux...

Fort heureusement, cette entrée bancale dans ce superbe pays a été le début d'un fantastique séjour. Mais croyez bien que lorsque nous avons choisi de nous rendre au Congo deux ans plus tard, j'avais mon passeport canadien bien en main.

Vous pouvez voir des photos de nos séjours sur le site www.afrik.ca.