22 septembre 2011

Ma fille me dépasse


Alors qu'elle avait cinq ou six ans, je ne sais plus, je l'entends me dire d'un ton enjoué « il est beau ton sus-gorge là, maman ! » (pour ceux ou celles qui n'auraient pas compris, elle voulait dire soutien-gorge) ou encore d'un ton plus affirmatif « merde, c'est un gros mot hein maman ? On dit pas merde, hein maman ? Moi, je dis jamais merde... ».

Aujourd'hui, elle a douze ans et elle m'embrasse pratiquement sur le front en me disant « je t'aime. ». Cet enfant que j'avais imaginé en tous points pareil lorsque je l'attendais a grandi et a mûri peut-être plus vite que nature lorsque son petit frère de deux ans est tombé malade et qu'elle est devenue quasiment en même temps la grande soeur d'une petite Violette qu'elle aime tant.

Aujourd'hui, elle a douze ans et elle aime les bonbons et les chips, s'adonne à l'art dramatique à son école et tâte de la guitare, s'irrite pour rien et s'emballe rarement, s'indigne des effets de la pollution et des signes de la pauvreté à même la rue, chante en anglais ses chansons préférées, peut se déguiser sur un coup de tête avec un sac de recyclage, n'apprécie pas trop les maths ni les sciences, essaie de faire plus de deux push-up sans s'écrouler, se cache les yeux quand elle surprend un baiser, rouspète et s'inquiète pour si peu, n'aime pas se laver et encore moins se coiffer, se rebelle et se querelle, est une flemmarde et remet toujours à plus tard ce qu'elle peut faire à l'instant.

Ma fille a douze ans et pour tout cela aussi, elle me dépasse.

Sa ou ses transformations me préparent tout doucement à la séparation, un passage obligé autant nécessaire que douloureux. Déjà, les bisous ou les marques d'affection dans la rue doivent être faits s'il n'y a point de connaissances à l'horizon. Difficile d'être spontanée... Déjà, les sorties entre amies remplacent de plus en plus nos moments de complicité. Déjà, je lui « fous la honte » si j'ose une blague en public ou si je parle trop fort.

Bref, c'est ma fille unique et je l'aime avec ses qualités et ses défauts. J'espère que la(les) tonne(s) d'amour que je lui donne, mes conseils mais aussi mes limites lui permettent de grandir en toute confiance pour pouvoir partir ce jour-à sans trop se retourner.

2 commentaires:

  1. Catherine Fréchette23 septembre 2011 à 05:46

    C'est beau... Inspirant et réjouissant !

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  2. Toutes les mamans (oups, c'est vrai, ma fille exige que j'emploie le terme «mère», sinon elle a honte) de la terre se seront reconnues ! Et une mention spéciale pour le titre.

    Louise

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