12 octobre 2011

Yassaman et moi

Comme je vous l'ai déjà mentionné, mon poste de radio est constamment allumé sur les ondes de Radio-Canada (une habitude). Au delà de cette simple conversation de fond, mes oreilles se tendent parfois lorsque des bribes attisent mon attention. Ce fut le cas cet après-midi lorsque Michel Désaultels a conversé avec la photographe et artiste Yassaman Ameri au sujet de son film Marginal Road qui sera présenté les 13 et 14 octobre lors du Festival du nouveau cinéma à Montréal. Oui et alors, me direz-vous !

Eh bien, cette conversation tournait autour du thème de l'exil. Un sentiment que madame Ameri connaît bien alors qu'elle a fui l'Iran avec sa famille au lendemain de la Révolution en 1979 pour venir s'installer au Canada. Loin de moi l'idée de m'approprier ce concept d'exil alors que j'ai quitté mon pays par choix il y a déjà seize ans. Bon, c'était par amour et je n'avais peut-être pas toute ma tête...

Petite parenthèse : je me souviendrai toute ma vie de ma cérémonie d'assermentation en tant que nouvelle citoyenne canadienne. Il fallait entendre ce silence empreint d'émotion dans la salle - alors que quelques minutes plus tôt, c'était un brouhaha indescriptible - quand la juge a cité un à un les soixante pays dont étaient originaires les 360 personnes présentes ce jour-là. Afghanistan, Soudan, Éthiopie, Somalie, Palestine, Corée, etc. Musulmans, juifs, chrétiens, femmes, hommes, vieux, jeunes, familles, couples ou individus, tous unis par le même accomplissement: être arrivé à destination. Pour moi, c'est à ce moment-à que j'ai compris toute la force de ces deux mots: « citoyenneté canadienne ».

Bon, pourquoi donc me suis-je intéressée à madame Yassaman Ameri et son film sur l'exil ? En fait, elle est venue toucher une corde sensible que je tente de dénouer ces temps-ci. Ce douloureux sentiment d'éloignement qui survient seulement après plusieurs années loin de son pays d'origine. Je ne me compare pas à ces immigrants ou réfugiés qui ne peuvent retourner dans leur pays d'origine, mais je n'ai pas vu le mien depuis huit ans. Encore une fois par choix (quoique mes moyens financiers ne m'ont pas permis de le faire très souvent) car pourquoi retourner là-bas alors qu'on est si bien ici.

Alors, pourquoi ces bouffées de nostalgie ces derniers temps ? Suis-je si bien enracinée ? Pourquoi cette impression d'avoir fait le tour ? Alors que j'ai vécu les premières années de ma vie dans une caravane, aurais-je donc toujours la bougeotte ?

Les propos de madame Ameri m'ont touchée car elle me rejoint sur le fait que c'est difficile de trouver sa place quand on est immigrant. Ici, on n'est pas tout à fait du pays et là-bas, on n'est plus tout à fait de là... Une chose est certaine, je suis là en ce moment. Dans cette réflexion sur ma place ici ou ailleurs, sur mon bonheur là où il se trouve (est-ce qu'il peut me faire un petit signe, s'il vous plaît !).

Tout ça n'a rien de dramatique, car ce dilemme m'est déjà tombé dessus alors que j'étais à Montréal depuis sept ans. C'est comme le mariage, ça passe ou ça casse. Ça a passé jusqu'à une prochaine fois. Qui arrive maintenant. Une bonne moyenne, non ?

2 commentaires:

  1. Ma chère Lydie : Ton texte est simplement magnifique car te connaissant, je sais très bien qu'il sort directement de tes trippes. On dit qu'un exilé n'a plus d'amis, et ce malheur est bien plus cruel que l'exil lui-même. Toutefois, je sais (et si regarde ta liste d'amis sur FB) que tu en as beaucoup à Montréal (et j'espère en être une pour toi aussi et surtout) alors, tu vois, TOUT va bien car mieux vaut une vie vécue qu'une vie qu'on aurait dû vivre !...et comme tu le dis si bien : pourquoi partir alors qu'on est très bien.....???? Saches aussi qu'il n'est pas utile de voyager loin et de laisser son pays pour trouver l'exil. On peut le trouver des fois dans son propre pays tu sais !
    Je t'embrasse très fort. Prends soin de toi. A très bientôt. TON AMIE (Razia)

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  2. Chère Lydie,

    Oui expatriée par choix ou non... ce n'est pas toujours facile à assumer. C'est une question sans réponse possible que tu poses, je pense.
    Il s'agit d'un choix.... mais comme je te l'ai dit: il y a un prix à payer. Les siens que l'on laisse derrière soi... la nostalgie ....la madeleine de Proust nous tiendra toujours.
    Mais je te comprends si bien...

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