16 décembre 2012

Dans une galaxie près de chez nous


Chaque attentat qui survient dans le monde est un traumatisme pour tous, surtout quand ils touchent des enfants ou adolescents. Je me souviendrai toujours de la prise d’otages dans une école de Beslan (Tchétchénie) en 2004 qui avait résulté avec la mort de près de 200 enfants. Ceux de Norvège survenus l’année dernière ont été d'autant plus troublants que nous ne pouvions les associer à des enjeux géopolitiques internationaux. Puis, il y a eu la tuerie d’Aurora au Colorado et, vendredi dernier, cette terrible tragédie à Newton qui aurait pu survenir dans une école primaire de notre quartier. On essaie de comprendre pour mieux apprendre et ne plus se laisser se surprendre. Et puis, un autre jour, ça recommence. Ce sont là, dit-on, les actes d'un ou de fous, comme nous pourrions en rencontrer ici à Montréal.

Une triste coïncidence a fait que, la semaine dernière, j’ai eu l’occasion de regarder le film Polytechnique. Je l’ai reçu en pleine face comme une reconstitution glaciale de la scène du crime. Même si je n’ai pas vécu ces événements de près, je n’ai eu aucun mal à m’y identifier comme une mère, une sœur ou une amie qui aurait perdu d’un seul coup un être cher.

La vie d’un jeune Américain vaut tout autant que celle d’un petit Chinois, Syrien ou afghan. La voler est une aberration. Aucune considération de religion, de sexe, de culture, de communauté ou d'idéologie ne peut justifier de tels actes. 

Dans nos pays dits « développés », on arrive vite à des conclusions de santé mentale déficiente ou de troubles sévères de comportement ou de personnalité. Fort heureusement, toutes les personnes souffrant de tels maux n’arrivent pas à cette solution ultime et irréparable qu’est celle de porter atteinte à la vie des autres en même temps que la leur.

Quoi qu’il en soit, ces suicides au vu et au su du plus grand nombre de personnes possible sont la preuve que nous faisons face de plus en plus à des enjeux sérieux de sécurité publique qui trouvent leur origine dans des fléaux comme l’intimidation, l’isolement, le jugement ou encore la violence verbale ou physique. Ainsi, avant de faire la une des journaux en expulsant leur violence intestine, ces adolescents ou adultes ont bien dû lancer de temps en temps des signaux d’alarme, ne serait-ce que par une attitude bizarre ou des propos malsains.

J’ai moi-même une triste anecdote qui a peut-être forgé ma tendance à l’empathie. J’avais 18 ans ; une de mes camarades de classe, très introvertie et solitaire, n’était pas venue en classe depuis deux jours. Comme nous étions proches, je me suis décidée à appeler chez elle. À ma question « est-ce que je peux parler à Murielle ? », je m’attendais à une simple réponse comme « ne quitte pas, je vais l’appeler » ; mais non, j’ai eu plutôt droit à « Murielle est morte ». Comme ça, bang. Elle avait décidé de tirer un trait sur sa vie plutôt que de l’endurer aux yeux souvent malveillants des gens qui la croisaient. Qu’est-ce que j’aurais pu faire pour la protéger ou l’aider ? Je ne le sais toujours pas.

Ces suicides au vu et au su de tous sont aussi la preuve que nous évoluons dans un modus operandi de plus en plus violent au sein de nos sociétés. Bien sûr qu’un contrôle rigoureux de la possession d’armes à feux (comment se fait-il que dans une seule maison – celle des Lanza – il y en avait autant ?) est absolument nécessaire aux États-Unis et ici. Mais plus qu’un registre, c’est toute une mentalité qu’il faut changer (particulièrement chez nos voisins du sud) : celle du sentiment de puissance et de sécurité parce qu’on a la main sur la gâchette. Au pays des cow-boys, l’arme à feu semble malheureusement devenue la meilleure amie de l’homme… et de la femme.  

11 décembre 2012

L'amère patrie pour ces Français qui repartent


Mon poste de radio est constamment branché sur les ondes de Radio-Canada (un vieux réflexe). Au cours de conversations de fond, mes oreilles se tendent parfois lorsque des bribes attisent mon attention. Ce fut le cas ce mardi soir lors de l’émission Bien dans mon assiette quand Sophie-Andrée Blondin a reçu un étudiant en doctorat dont le sujet de thèse (si je me souviens bien) porte sur les Français qui repartent après avoir vécu plus ou moins longtemps au Québec. Bien entendu, l’animatrice a porté notre attention particulièrement sur les nostalgies culinaires qui auraient pu peser sur la balance de leur décision.

Je ne reviendrai pas sur certaines raisons évoquées comme par exemple la qualité du pain ou les saveurs trop sucrées ou salées. Sans véritable fondement, elles ne peuvent être à elles seules à l’origine d’une décision aussi importante qu’un retour dans son pays d’origine. Je parlerais plutôt de la difficulté de réintégrer le pays. Car si certains sont heureux de retrouver leurs boulangeries ou leurs fromages, il semble que le retour ne soit pas si facile que cela. Ce que je n’ai aucun mal à imaginer. Je fais référence à un article très intéressant publié tout récemment sur le site Internet du journal Le Monde Le Monde.fr. On y parle du choc du retour qui s’apparente à un « choc culturel inversé ». Intitulé L’amère patrie (excellent titre que je me suis permise de reprendre), on peut y lire « on a la langue mais plus les codes. Et autant il est normal de sentir étranger à l’étranger, autant il est difficile de se sentir étranger chez soi. ». De la même façon que personne ne vous attend à votre arrivée dans votre pays d’adoption, personne ne vous attend avec des fleurs et un tapis rouge à votre retour.

En tant qu’immigrante, je me sens comme une apatride fonctionnelle puisque je ne suis pas tout à fait d’ici et là-bas, je ne suis plus tout à fait de là-bas... Cela fait pourtant dix-sept ans que je vis à Montréal. En revanche, j’ai accepté mon statut « d’apatride », et je vous dirais même que je l'aime. C’est comme un sentiment de liberté qui flotte toujours autour de moi.

Je suis arrivée à Montréal un 9 juillet avec ma valise, mon chat et… mon mari. Attention, je ne me compare nullement à ces immigrants ou réfugiés qui quittent précipitamment leur pays et qui doivent s’exiler pour sauver leur peau et celle des membres de leur famille. Dans mon cas, ce fut un choix tout à fait réfléchi. Ainsi, j’étais tout à fait préparée et prête à tout reconstruire tant professionnellement que socialement. Aujourd’hui, je me sens parfaitement intégrée mais absolument pas assimilée. Un terme que je hais et qui résonne en moi comme une brisure imposée. Bien entendu, j’ai eu des moments de doute, de tristesse, et de nostalgie. Mais ils ne surviennent pas par rapport à mon pays d’origine mais plutôt en lien avec des souvenirs, des amis perdus de vue, ou des lieux qui me manquent (cela fait neuf ans que je ne suis pas retournée en France). Ces moments, je les ai encore et je crois que je les aurai toujours. Mais j’ai pour mon dire (expression que j’adore de mon amie Audrey), ma vie, qu’elle soit à Paris, à Montréal ou à Pétaouchnok, je dois tout simplement  la vivre avec ses coups durs et ses joies…

Si des Français repartent, il y en a aussi beaucoup qui décident de venir poser leurs valises au Québec. Il faut dire que la situation en Europe incite peut-être à la désertion. Si je pouvais me permettre de donner des conseils à ces nouveaux immigrants, ce serait ceux-ci: ne pensez pas trouver un eldorado. N’ayez surtout pas d’attentes démesurées et acceptez les périodes de spleen. Ne vous découragez pas à la première difficulté. L’expatriation, c’est comme un mariage, après la lune de miel à l’arrivée, il faut s’apprivoiser pour vivre ensemble, et pour cela il faut accepter les différences ou traits de caractère de l’autre. Rigidité et attitude négative ne font pas bon ménage avec adaptation…

10 décembre 2012

Twittosphère, blogosphère, ah misère...


Il y a le poste d'analyste de la conversation ou encore celui de gestionnaire de communauté qui prônent désormais sur la liste des emplois émergents et prisés dans les domaines des communications et du marketing. En effet, de plus en plus d'entreprises ou de grandes marques sont avides de « converser » avec leurs clients actuels ou en devenir, et investissent temps et argent dans les médias sociaux devenus d'incontournables plateformes universelles.
Bien entendu, on comprendra ici qu'il s'agit souvent de tactiques d'un marketing nouveau genre pour fidéliser toujours plus les clients, pour leur offrir un meilleur service et prioriser leur satisfaction, ou pour augmenter une crédibilité auprès des consommateurs.
À notre époque où il y a tant d'outils de communication à notre disposition, où nous sommes tous hyper informés mais où l'on ne discute plus guère, admettons que cela est tout à l'honneur de ces entreprises. Encore faut-il que la création de cette « conversation » repose sur un véritable contenu, tant en termes de qualité que d'information. Si l'on préconise une économie de mots qui tourne uniquement autour de l'annonce de nouveautés, de concours ou d'aubaines, peut-on parler véritablement de conversation ou de relation privilégiée ? Quand on considère que des gestionnaires de communauté sont des employés à part entière au sein de l'entreprise, peut-on vraiment penser qu'il y a souci de transparence ? N'y a-t-il pas matière à se sentir parfois dupés ?
Entendons-nous bien, je ne fais pas ici le procès des médias sociaux dont je suis une fervente utilisatrice, mais plutôt celui de surestimer leurs pouvoirs et à ne créer parfois que du vent pour soi-disant répondre aux émotions et désirs du bon peuple... Ainsi, je me pose les mêmes questions pour les médias. Dans cette nouvelle conjoncture de l'instantané, les médias sont également de plus en plus entraînés dans une frénésie du scoop, d'où l'émergence d'une information « fait divers ». Certains journalistes n'hésitent plus à couvrir un événement comme des vautours à la recherche de l'image, du titre ou de phrases chocs. Alors, la twittosphère peut s'emballer... À moins de suivre la Commission Charbonneau de près, on a droit dernièrement à des suppositions ou à des faits croustillants comme « la cousine de Gilles Vaillancourt jette l'argent dans les toilettes » ou encore cette chasse aux sorcières sans considération aucune pour la réputation du club privé 357C. Du bon populisme qui est loin d'un journalisme impartial au service d'une véritable information citoyenne. Sur ces bases fragiles, peut-il y avoir place à la réflexion et à un sens critique de la part de l'opinion publique, au lieu de ce cynisme ambiant ?
Je suis de ces personnes qui croient, peut-être à tord, à une cohabitation du web et du papier, tout comme je suis d'avis que les entreprises doivent user de créativité web pour communiquer sans pour autant délaisser des pratiques plus traditionnelles. Je suis de ces personnes qui aiment encore feuilleter les pages d'un beau magazine, lire un article de fond dans un journal ou tenir un bon livre dans les mains, mais qui se jettent aussi dans l'agora du Net pour sonder le pouls du monde. Je suis de ces personnes qui aiment la discussion certes, mais aussi l'argumentation. Or, si celle-ci s'articule uniquement autour de 140 caractères, cette discussion ne risque pas d'être suffisamment animée pour changer le monde...

27 novembre 2012

Pensée du jour...


Quand nos politiciens cesseront de se convaincre et de répéter ad nauseam que Montréal est une ville fière, décomplexée, culturelle, hyper créative, etc., ils se mettront enfin à faire quelque chose pour qu'elle le devienne vraiment.

24 novembre 2012

Citations...


« C'est parce que nous sommes si desséchés nous-mêmes, si vides et sans amour que nous avons permis aux gouvernements de s'emparer de l'éducation de nos enfants et de la direction de nos vies.  »

« Range le livre, la description, la tradition, l'autorité, et prend la route pour découvrir toi-même.  »

Jiddu Krishnamurti, écrivain et philosophe indien