22 mars 2012

« L'éducation coûte cher, mais il en va de même pour l'ignorance »

Ceci est une citation d'un statisticien britannique du nom de Claus Moser. J'aime aussi aussi celles de Françoise Sagan qui avait dit en 1994 : « La jeunesse est la seule génération responsable » et « La jeunesse n'aime pas les vaincus » de Simone de Beauvoir.

Vous l'avez peut-être remarqué, j'aime les citations. Et les trois mentionnées ci-dessus m'inspirent particulièrement aujourd'hui pour parler de la manifestation monstre qui a mobilisé plus de 200 000 personnes dans les rues de Montréal. Du jamais vu depuis bien longtemps, en tout cas par moi-même depuis que je vis ici.

Pendant mon heure de lunch, je me suis rendue sur la rue Sainte-Catherine, question de prendre le pouls de ce mouvement de foule. Est-ce le beau temps ? Est-ce la bonne humeur ambiante ? Est-ce tous ces visages si jeunes et confiants ? Je ne le saurai jamais, mais quand mon regard s'est posé sur cette foule, j'ai ressenti un sentiment de fierté, euh non une véritable boule d'énergie et d'espoir. Les indignés avaient enfin débarqué en masse dans un Québec bien souvent trop sage. Ces jeunes que l'on perçoit injustement égoïstes et paresseux nous servaient une véritable leçon d'action citoyenne, et je me sentais solidaire avec eux et leurs revendications. Je me revoyais moi-même étudiante en grève lors de la mobilisation estudiantine en France en 1986. Venus des principales villes de France, nous étions des centaines de milliers à avoir envahi les rues de Paris pour réclamer l'annulation du projet de réforme universitaire du ministre Devaquet. C'était un peu notre mai 68 qui se soldera malheureusement par des affrontements avec les CRS et la mort d'un étudiant, Malik Oussekine. Oui, je me souviens... C'était dans mon autre vie, comme je dis souvent.

Autre époque, autre endroit, mêmes combats. Aujourd'hui, les étudiants québécois refusent l'augmentation des droits de scolarité dans les universités de 1 675 $ environ sur cinq ans. Est-ce trop ? Je ne crois pas. Avant de faire payer les étudiants, doit-on plutôt se concentrer sur la gestion des universités ? Très certainement. Est-ce que j'appuie le mouvement étudiant ? Oui, sans hésitation. Mais pas en raison des arguments autour de l'argent qui guident tous les discours, tentatives de dialogue ou revendications. 

J'appuie le mouvement car selon moi, cette indignation touche un véritable enjeu de société alors que l'éducation est malheureusement devenue une économie de marché, avec concurrents et clients. On ne parle plus d'accès universel aux savoirs, mais d'établissements devenus des marques comme les autres avec des stratégies de marketing et des publicités tapageuses jusque dans les couloirs du métro... 

Or, cette économie de marché ne prévaut pas seulement dans les universités qui font les manchettes aujourd'hui. Oui, les familles de la classe moyenne - que l'on aime tant citer comme symboles - ne pourront peut-être pas assumer des coûts supplémentaires pour l'éducation supérieure de leurs enfants. Mais pensez-vous qu'elles peuvent le faire dans cette guerre déloyale que jouent les écoles privées contre les écoles publiques dès le primaire ? Ainsi, quand je constate le succès phénoménal du système privé au détriment du public, je me demande parfois pourquoi on fait tout un plat pour une augmentation de 325 $ par année à l'université alors que l'on a délaissé de puis longtemps un système d'éducation universel...

C'est pourquoi, j'appuie le mouvement étudiant actuel car je m'insurge contre la piètre place que nous donnons en tant que société à une éducation publique de qualité et accessible à tous; le dernier budget de Raymond Bachand en est un exemple aberrant. J'appuie le mouvement car dans un pays, sa jeunesse est une mine d'or et non pas une mine tout court. Et ici au Québec, je demande au gouvernement « d'investir » dans son avenir avec la même ambition que celle qu'il prête actuellement au développement de nos ressources naturelles. J'appuie le mouvement car je veux évoluer dans une société de savoirs plutôt que d'avoirs.

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