26 mai 2012

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil

Trois mois après le soulèvement étudiant, les manifestations nocturnes se poursuivent, la police est plus détestée que jamais, le gouvernement n'a plus de crédibilité, les commerçants du centre-ville s'appauvrissent et les organisateurs des grands événements estivaux à venir s'inquiètent. Sans oublier tous ces voisins qui s'ignoraient et qui se rapprochent sur fond de bruits de casseroles. C'est festif et convivial. Tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil. On parle même de nous à l'étranger. Youhou!!!! On est un vrai peuple, on est super fiers. Oui, la foule a de ceci merveilleux de rendre plus fort et plus beau. Mais elle présente aussi le risque de se replier sur elle-même pour mieux crier sa hargne contre tous ceux et celles qui ne pensent pas comme elle. Et c'est à ce moment-là que je ne la suis plus du tout.

Car c'est bien beau tout ça, mais maintenant que le bordel est bien en place, maintenant que les étudiants accepteraient finalement une hausse des frais de scolarité, certes moindre, mais une hausse quand même (tout ça pour ça!), que voulons-nous en tant que peuple fier et beau ? Y avons-nous vraiment réfléchi ? Que met-on au coeur de nos priorités ? Cherchons-nous un sauveur puisque la situation urge, ou plutôt un « père tranquille» comme le célèbre psychanalyste Boris Cyrulnik a désigné François Hollande en tant que nouveau président français ? Père tranquille dans le sens de force tranquille...

Il faut quand même avouer que, alors que plusieurs pays européens font également face à de l'agitation sociale dans un contexte de mesures d'austérité et de grave crise économique, nous sommes ici plutôt épargnés même si la pauvreté et les difficultés de la classe moyenne (et j'en fais partie) ternissent ce portrait. Mais entre nous, ces deux calamités ont toujours fait partie de notre vie en société. Quand j'étais petite (il y a pas mal de temps), mes parents serraient souvent la ceinture comme l'avaient fait avant eux leurs parents. Regarder en arrière ne doit pas nous Ce empêcher bien entendu de rester vigilants et d'user de toutes les tribunes pour améliorer notre avenir - pas seulement dans la rue ni avec des casseroles - car il n'y a jamais eu autant d'outils d'expression à notre service.
À mon avis, si un changement de gouvernement, en autant qu'il soit visionnaire, est à souhaiter au Québec, c'est aussi à chacun d'entre nous en tant que citoyen responsable de s'engager dans une voie de changement. On est toujours mieux servi pas soi-même, non ? Préférer mettre nos enfants dans des écoles privées participe à la disparition d'une école publique de qualité pourtant nécessaire à un tissu social sain. Nourrir les animosités entre francos et anglos, entre banlieusards et Montréalais, entre rats des villes et gens des régions, entre intellos et populos, ça ne fait pas un peuple fort. Consommer toujours plus jusqu'au super endettement enrichit ces institutions que nous aimons mépriser. Et quand j'entends très (trop) souvent des jeunes dont l'aspiration première est de devenir propriétaire de leur maison, j'ai bien peur que la relève soit vieille avant l'heure et que le véritable changement n'est pas pour demain...

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