Bien sûr, il y a bien ces grandes manifestations
monstres belles à voir et points de mire de revendications en tous genres, «
des artistes pour la paix » à « contre la hausse, pour la némocratie (sic)». Mais sont-elles réellement le symbole de l’éveil
de notre société ? J’ai du mal à le croire. Et ce n’est pas une fête
nationale que l’on souligne une fois par année qui va changer la donne, encore
moins cette année… Vous l’aurez compris, je ne suis pas une adepte de
festivités à connotation patriotique pendant lesquelles le NOUS est conjugué à toutes
les sauces autour d’idéaux rassembleurs et que l’on se lance des fleurs pour
nous rassurer sur le grand bonheur d’être ensemble. En fait, c’est avec
l’expression « fier(ière) d’être » que j’ai un problème. Je ne me sens pas
fière d’être Québécoise ou Française, soit de faire partie d’un peuple uni sous
les couleurs d’un drapeau ou par la grandeur d’un territoire. En revanche, si
je devais utiliser la notion de fierté, ce serait celle autour de notions de
réalisations, de créations ou de contributions. Ainsi, je pourrais dire que je
suis fière de contribuer, en toute humilité, à un mieux-vivre ensemble tant par
mes actions au quotidien guidées par le respect des autres et d’un
environnement à préserver.
Prenons par exemple le sujet de
l’éducation qui me tient réellement à cœur. Cela tombe bien puisqu’il
monopolise notre actualité depuis plusieurs mois. Permettez-moi de vous relater
une anecdote personnelle. Dans ma rue qui fut très animée par le bruit des
casseroles (elles doivent être parties au chalet, je ne les entends plus), j’ai
une charmante voisine qui s’acharnait à faire de nous des citoyens engagés au
bout de nos casseroles, allant jusqu’à sonner chaque jour à nos portes pour nous
motiver. J’avais même fini par éteindre mes lumières aux abords de 20 heures… Ses
intentions devaient être bien sincères. C’est pourtant elle qui a décidé
d’inscrire ses deux enfants au privé pendant leur secondaire pour mieux rejoindre
le système québécois au cégep. C’est encore elle qui m’avait mis en garde
contre ce système public de piètre qualité… J’en connais d’autres. Alors, l’éducation
accessible à tous est-elle réellement l’enjeu de ce conflit étudiant à la rhétorique
comptable ?
Pourtant, il est là le véritable
enjeu. Qu’attendons-nous pour redonner ses lettres de noblesse à une école
publique de qualité pour tous. Il est temps de comprendre que c’est elle qui
jette les bases d’un tissu social où chacun peut trouver sa place dans un
espace où la culture générale prime sur la performance ultime. Il est temps de
lui prêter la plus grande attention afin que le désastre annoncé qui se trame
dans les couloirs des écoles secondaires et cégeps ne nous frappe en plein
visage. Et je ne parle pas seulement ici des 5 à 10 % de cégépiens qui ont déjà
abandonné leurs cours pour éventuellement intégrer le monde du travail. Cela
comblera peut-être les besoins de centres d’appels, mais ça ne fera pas un
Québec cultivé et ouvert sur le monde.
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