Chaque attentat qui survient dans le monde est un traumatisme
pour tous. Ceux d'Oslo survenus l’année dernière ont été d'autant plus
troublants que nous ne pouvions les associer à des enjeux géopolitiques
internationaux. Les tragiques événements d’Aurora au Colorado frappent quant à
eux l’imaginaire car cela aurait pu être accompli dans un cinéma près de chez
soi. Ce sont là les actes d'un ou de fous, comme nous pourrions en rencontrer
ici à Montréal. Aucune considération de religion, de sexe, de culture, de
communauté ou d'idéologie ne peut les justifier.
Qui dit folie, dit mental, et qui dit mental, dit banal. Car
avouons-le, la santé mentale est malheureusement encore un sujet tabou dans nos
sociétés ultra-performantes où la moindre défaillance s’apparente à de la
mollesse. Prenons pour exemple la dépression qui est toujours auréolée de
préjugés au Québec, et qui est souvent associée à un trait de personnalité faible.
Fort heureusement, tous les dépressifs ou toutes les personnes
atteintes de troubles de comportement ou de personnalité n’arrivent pas à cette
solution ultime de porter atteinte à la vie des autres et à la leur. Car, au-delà
de la gravité des gestes que le tueur d’Aurora, ceux de Colombine ou celui du
collègue Dawson à Montréal ont posés, je suis convaincue que ce sont là des
suicides au vu et au su du plus grand nombre de personnes possible. Alors que
James Holmes a survécu, il nous permettra peut-être de comprendre les
motivations qui incitent un être humain à commettre l’irréparable.
Quoi qu’il en soit, il est évident que nous faisons face de plus
en plus, sans les regarder dans les yeux, à des enjeux sérieux de santé et de
sécurité publique qui trouvent leur origine dans des fléaux comme
l’intimidation, l’isolement, le jugement ou encore la violence verbale ou
physique. Car, avant de faire la une des journaux en expulsant leur violence
intestine, ces adolescents ou adultes ont bien dû ouvrir une petite porte sur
leur malaise, ont bien dû traîner leur mal de vivre ou leur colère autrement
que dans leurs pieds, ont bien dû lancer de temps en temps des appels à l’aide
ne serait-ce que par une attitude « bizarre » ? Alors comment
pouvons-nous mieux déceler une « bombe humaine à retardement » potentielle ? Je n’ai pas
vraiment de réponse, je l’avoue. Mais je suis inquiète.
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