Il y a le poste d'analyste de la conversation ou
encore celui de gestionnaire de communauté qui prônent désormais sur la liste
des emplois émergents et prisés dans les domaines des communications et du
marketing. En effet, de plus en plus d'entreprises ou de grandes marques sont
avides de « converser » avec leurs clients actuels ou en devenir, et
investissent temps et argent dans les médias sociaux devenus d'incontournables
plateformes universelles.
Bien entendu, on comprendra ici qu'il s'agit souvent de
tactiques d'un marketing nouveau genre pour fidéliser toujours plus les
clients, pour leur offrir un meilleur service et prioriser leur satisfaction,
ou pour augmenter une crédibilité auprès des consommateurs.
À notre époque où il y a tant d'outils de communication à
notre disposition, où nous sommes tous hyper informés mais où l'on ne discute
plus guère, admettons que cela est tout à l'honneur de ces entreprises. Encore
faut-il que la création de cette « conversation » repose sur un véritable
contenu, tant en termes de qualité que d'information. Si l'on préconise une
économie de mots qui tourne uniquement autour de l'annonce de nouveautés, de
concours ou d'aubaines, peut-on parler véritablement de conversation ou de
relation privilégiée ? Quand on considère que des gestionnaires de communauté
sont des employés à part entière au sein de l'entreprise, peut-on vraiment
penser qu'il y a souci de transparence ? N'y a-t-il pas matière à se sentir
parfois dupés ?
Entendons-nous bien, je ne fais pas ici le procès des
médias sociaux dont je suis une fervente utilisatrice, mais plutôt celui de
surestimer leurs pouvoirs et à ne créer parfois que du vent pour soi-disant
répondre aux émotions et désirs du bon peuple... Ainsi, je me pose les mêmes
questions pour les médias. Dans cette nouvelle conjoncture de l'instantané, les
médias sont également de plus en plus entraînés dans une frénésie du scoop,
d'où l'émergence d'une information « fait divers ». Certains journalistes
n'hésitent plus à couvrir un événement comme des vautours à la recherche de
l'image, du titre ou de phrases chocs. Alors, la twittosphère peut
s'emballer... À moins de suivre la Commission Charbonneau de près, on a droit dernièrement à
des suppositions ou à des faits croustillants comme « la cousine de
Gilles Vaillancourt jette l'argent dans les toilettes » ou
encore cette chasse aux sorcières sans considération aucune pour la réputation
du club privé 357C. Du bon populisme qui est loin d'un journalisme impartial au
service d'une véritable information citoyenne. Sur ces bases fragiles, peut-il
y avoir place à la réflexion et à un sens critique de la part de l'opinion
publique, au lieu de ce cynisme ambiant ?
Je suis de ces personnes qui croient, peut-être à tord, à une
cohabitation du web et du papier, tout comme je suis d'avis que les entreprises
doivent user de créativité web pour communiquer sans pour autant délaisser des
pratiques plus traditionnelles. Je suis de ces personnes qui aiment encore
feuilleter les pages d'un beau magazine, lire un article de fond dans un
journal ou tenir un bon livre dans les mains, mais qui se jettent aussi dans
l'agora du Net pour sonder le pouls du monde. Je suis de ces personnes qui
aiment la discussion certes, mais aussi l'argumentation. Or, si celle-ci
s'articule uniquement autour de 140 caractères, cette discussion ne risque pas
d'être suffisamment animée pour changer le monde...
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