13 janvier 2013

Il n'y a pas que la Clique du Plateau à Montréal

Quiconque travaille ou a travaillé dans une moyenne ou grande entreprise connaît ce jargon de la haute gestion qui tourne autour de termes tels que comité de direction, comité exécutif ou conseil d'administration. Autant de démonstrations d'une « réunionite aiguë », qui caractérise le quotidien des employés et de leur directions. 

Certes nécessaires pour l'atteinte d'objectifs d'affaires, ces regroupements d'une certaine matière grise derrière des portes fermées de salles sans âme peuvent aussi être des passages obligés redondants et reproduits sur ce même schéma de l'ordre du jour et de l'inévitable compte-rendu. Celui-ci sera lu intégralement la plupart du temps, ou ignoré selon l'humeur. Ici, chaque jour à 11 h 30, les gestionnaires sont en réunion dans le bureau du directeur pour la revue de la journée. Là, le comité de direction se réunit tous les mardis midis dans la salle de conférence au 3e étage. Le lunch sera servi.

Ceux et celles qui ont déjà dû organiser d'importants conseils d'administration connaissent la complexité que revêt la confirmation de présence - en même temps - de différents grands pontes des milieux d'affaires, forcément hyper occupés par leurs propres fonctions de président(e) ou directeur(trice) générale. D'autant plus que la plupart siègent à de nombreux conseils à la fois. Mais comment font-ils donc pour accorder leur attention et leurs expertises à tous ces dossiers ? Je me le demande parfois.

Tout cela pour dire que je me pose une sérieuse question ces jours-ci : y a-t-il trop de comités, de commissions, de conseils, fédérations, d'ordres, etc. au Québec ? Ces cliques ont-elles toutes leur raison d'être ? D'autant plus qu'elles fonctionnent souvent en réseaux fermés. Ma réflexion est née d'une entrevue donnée par monsieur Charles Lapointe à l'émission de René Homier-Roy la semaine dernière. Déjà président et directeur général de Tourisme Montréal et membre de nombreux conseils d'administration dont celui du Musée des beaux-arts de Montréal et de l'organisme Mission Design, monsieur Lapointe vient d'être nommé président du Conseil des arts de Montréal. Une nomination qui a été approuvée par le Comité exécutif de la Ville et entérinée par le Conseil municipal et le Conseil d'agglomération (sic!). Ravi, celui-ci confirmait qu'il allait continuer le bon travail de sa prédécesseure, madame Louise Roy, et s'assurer que le Conseil soit toujours à l'écoute de sa communauté. Ah bon ? Mais qu'est-ce que cela veut dire vraiment ? N'y a-t-il donc rien à changer ? Vous trouvez vraiment, monsieur Lapointe, que Montréal est vraiment et suffisamment un terreau de créativité ? Je ne parle pas ici du Cirque du soleil, du Festival de jazz ou de la la troupe Les 7 doigts de la main. Je parle de création au quotidien pour tous, pour le petit gars de Hochelaga ou celui de Pointe Saint-Charles. Comme le soulignait monsieur Homier-Roy, maintenant que le béton est bétonné, va-t-on investir dans l'humain ? Va-t-on rendre la culture moins hautaine ? Ainsi, monsieur Lapointe, si au contraire, il fallait dépoussiérer les tiroirs, alléger les procédures d'administration, changer les vieilles rengaines et créer des plateformes spontanées de création. Ne trouvez-vous pas que c'est cela qui sortirait Montréal de sa torpeur ? Car vous le savez comme moi, ça prend toujours des tonnes de papier pour qu'un jeune artiste émergent puisse obtenir la moindre petite bourse ou une reconnaissance par votre fameux Jury des pairs...

Pour ma part, je commence à étouffer à l'écoute de tous ces regroupements d'élites ou d'une certaine intelligentsia qui semblent vouloir imposer leur influence. Je me lasse de ces termes d'inclusion qui ne font que créer des silos dans notre société qui est déjà tellement divisée. Tout me semble lourd, long, compliqué, immobilisé. 

La dernière nouveauté : ces forces indépendantistes qui s'unissent au sein d'un projet de mobilisation citoyenne appelé Convergence nationale. Des convaincus qui essaient de convaincre des non-convaincus avec la même recette de départ : établir une stratégie et créer une plateforme commune. En tant que fille du domaine des communications, je peux vous dire que ça va être long et cher, car je reconnais bien là un charabia marketing qui est tout sauf spontané, emballant et créateur. Dépitée, vraiment je le suis.

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