29 avril 2013

Un esprit urbain résolument « made in Montréal »

Le syndrome de la page blanche m'est tombé dessus ce mois-ci. Impossible de trouver une inspiration, un sujet ou tout simplement une petite histoire à partager avec vous. Pourtant, j'aurais dû me sentir « énergisée » par cette nouvelle étape de ma vie professionnelle à titre de travailleur autonome, la peur au ventre mais la tête prête à être bien pleine.

Au contraire, aucun sujet ne semblait avoir assez d'intérêt pour m'y attarder. Était-ce en raison de l'actualité d'ici et d'ailleurs qui apporte régulièrement son lot de tristesse ? Était-ce cette démoralisante et hyper-médiatisée Commission Charbonneau ? Ou tout simplement cet hiver qui n'en finissait plus de finir. À moins que ce fut tout ça à la fois.

Un déclic s'est produit il y a quelques jours alors que je lisais quelques pages de la dernière édition du Vogue Paris. Bang, comme ça sans prévenir. Trois articles. Trois portraits de personnalités. Trois expériences ont réussi à me requinquer en me rappelant que tout est possible... à New York. En effet, ces trois histoires de vie se déroulaient dans le centre du monde. Mais ce qui m'a particulièrement interpelée, c'est ce point commun aux trois soit leur attachement inconditionnel pour leur ville. Pour exemple, voici quelques-unes de leurs déclarations d'amour:

Jack McCollough et Lazaro Hernandez, les designers derrière la marque Proenza Schouler : « New York nous inspire pour de multiples raisons, mais surtout parce que cette ville nous maintient dans un état de nervosité. Tout le monde est toujours en train de travailler sur des projets (...). Il y a un esprit créatif tangible et que l'on peut capter facilement ».

L'auteure Zadie Smith (son best-seller Sourires de loup - écrit à 22 ans - est sorti en 2002. Changer d'avis, son dernier livre sort ce mois-ci): « New York est la seule rivale de Londres en termes d'échelle et de variété. J'avais le sentiment que si je venais ici, ma vie ne serait pas étriquée (...) ».

Le créateur Alexander Wang (qui vient de prendre les rênes de Balenciaga): « Vivre à New York, être porté par ce rythme, par cette frénésie, ça ne donne pas envie de prendre son temps. ».

J'avais presque une petite pointe de jalousie qui sourdait au fond de mon coeur en lisant leur parcours. Je leur prêtais une joie de vivre et de la fierté pour avoir réussi à réaliser leurs rêves ou à atteindre leurs objectifs à la face du monde. Ils ne semblaient pas confinés dans un carcan ou un tourbillon fataliste, source de tous les maux. Comme il semble être le cas ici à Montréal* ces dernières années.

Bien sûr, vous me direz que Montréal n'est pas New York. Mais l'ambition est-elle uniquement une question d'échelle de grandeur ? Posez la question à l'écrivain et chanteur Fred Pellerin qui a réussi à mettre sur la carte Saint-Élie-de-Caxton, c'est y répondre...

Se pourrait-il donc que cette mélancolie qui avait paralysé mes neurones venait de cette énergie négative ressentie dans de nombreuses sphères à Montréal. Comme une sorte de grande noirceur. Tout semble compliqué, long, inachevé, impossible. Une inquiétude et une lassitude se sont sournoisement propagées. Certes, il y a de quoi désespérer. Un nouveau pont Champlain ? Pas avant une bonne dizaine d'années... à partir du moment où tout le monde se mettra d'accord. Un transport collectif moderne et digne d'une ville qui se prétend internationale ? Paroles et paroles et paroles comme chantait Dalida. Un nouveau maire ? À part un Denis Coderre à l'horizon... Même les nids de poule sont vandalisés (j'espère que ça n'a pas fait les manchettes à l'étranger. La honte.)

Alors, comme les miracles n'existent pas (sinon, je le saurais), que diriez-vous de faire un grand nettoyage. Ça tombe bien, c'est celui du printemps très bientôt. Comme nos balais qui seront de sortie pour déloger les cochonneries encombrantes, faisons le même exercice dans notre vocabulaire de tous les jours. Pas besoin de balai, il suffit d'utiliser de nouveaux mots. C'est ce qu'on appelle dans le jargon de la psychothérapie, la PNL, je crois bien. Pour paraphraser Marie-France Bazzo, posons-nous la question suivante: de quoi Montréal a-t-il besoin ? Pour ma part, je proposerais une confiance en ses capacités (cessons de comparer notre ville à d'autres cités urbaines), une forte dose d'entrepreneuriat (collectif et individuel), des projets ambitieux et réalisables, un horizon inspirant (ne regardons plus en arrière) et surtout un peu de glamour.

Soyons fiers de notre ville et faisons-lui bonne presse surtout quand nous allons à l'étranger. À l'inverse, pour vous remonter le moral ou retomber en amour avec notre ville, parlez dès que vous en avez l'occasion à des touristes. En général, ils sont ravis de leur séjour. Rien de tel pour regonfler notre fierté à titre de Montréalais et de poser un regard neuf sur ses atouts. Ça m'est arrivé cet hiver; une jeune Française, Mathilde, était véritablement admirative de notre ville et de ses habitants hyper gentils même quand il faisait - 40. « C'est pas comme chez nous » répétait-elle souvent. Il est vrai qu'à force de regarder son nombril, on ne voit plus que les petites imperfections qui le caractérisent.

Sur ce, je vous souhaite un très beau printemps. Nous l'avons connu érable l'an passé, vivons le cette année formidable et véritablement made in Montréal. 


* Il paraît que Montréal est masculin. Je suis donc la règle...

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