28 juin 2013

Il m'a souri, je me suis approchée...

Aujourd'hui, il a plu toute la journée comme vache qui pisse ou à boire debout (comme on dit au Québec), le ciel était plombé, certains disent à la blague que c'est le mois d'octobre le plus moche que l'on ait eu depuis longtemps. Pourtant, nous sommes bien le 29 juin. Alors, pour tenter de vous remonter le moral si besoin était, je vais vous raconter une petite histoire.

Cette histoire, c'est celle d'une femme, hum disons « mature », un peu beaucoup en mal d'amour, et un peu beaucoup submergée ces derniers temps par des émotions de toutes sortes, des plus belles aux moins chouettes. Ceux et celles qui connaissent d'assez près la protagoniste de l'histoire - ah oui, j'ai oublié de mentionner que c'est moi - doivent commencer à se prendre la tête entre les mains en appréhendant légèrement ce que je vais raconter. Car, ils le savent bien, j'ai tendance à m'attirer bien involontairement des ennuis quand il s'agit de trouver des remèdes miracles qui feront du bien au moral... Vous vous souviendrez peut-être de ma mésaventure capillaire qui a eu pour origine cette idée de poser des rallonges sur ma tête garnie de cheveux extrêmement fins et assez peu nombreux, merci. D'ailleurs, si j'y pense bien, le temps était également certainement moche à l'époque puisqu'on était au mois de janvier. J'avoue, avant de commencer, que je fais partie de celles (et de ceux) qui peuvent faire des folies suivies d'un sursaut d'intelligence qui leur fait regretter leurs « dérives ». Dans mon cas, je me sens alors comme une poule pas de tête. Vous l'avouer ne m'excuse pas certes, mais ne dit on pas qu'une faute avouée est à moitié pardonnée ?

Bon, là, je sens que vous vous impatientez; vous voulez savoir ce qui m'est arrivé, hein ? En premier lieu, cette semaine j'ai de nouveau acheté des rallonges. NON!!!!!!! (ceux et celles qui avaient déjà la tête entre les mains se sont écroulés de dépit. Pour les autres, je continue). Ah, mais attention, rien à voir cette fois-ci avec ma mésaventure capillaire (voir plus haut), je ne suis pas restée en salon huit heures pour coller des bandes de cheveux pour les décoller le lendemain à chaud pendant sept autres heures. Pas folle, la madame. Cette fois-ci, il s'agit de bandes de cheveux que je peux clipper aux endroits que je veux (uniquement sur la tête...). Pas cher, facile et assez cool. Ah oui, j'ai oublié de vous préciser que j'avais décidé quelques jours auparavant de couper moi-même les pointes abîmées de mes cheveux déjà pas très longs. Vous savez ce que c'est, on coupe par-ci, on coupe par-là pour finalement se retrouver avec une coiffure sans queue ni tête. Vous comprendrez donc qu'il fallait bien que je trouve une solution. Rassurés, maintenant ? (Petite note à Christian du salon Icône, mon cher coiffeur: surtout ne vous découragez pas si vous lisez ces lignes, ce n'est quand même pas si pire. Disons seulement que je vais attendre quelques mois avant de venir vous voir...).

Je continue ma petite histoire car ce n'est hélas pas fini. Aujourd'hui vendredi, j'avais rendez-vous dans le centre-ville. Allez savoir pourquoi, j'ai fait un petit détour par les boutiques en souterrain. Au détour d'un des nombreux kiosques de produits, je vois au loin un jeune homme pas trop mal de sa personne. Nos yeux se croisent (un eye contact comme on dit en français). D'habitude, je passe mon chemin comme si je n'avais rien vu. Mais là, on dirait qu'il y avait une sorte d'amant, oups d'aimant.  Il m'a souri, je me suis approchée, et il m'a présenté ses produits pour la peau aux innnnncroyables effets miracles grâce à leurs éléments extraits directement de la mer Morte. Pas n'importe quoi quand même. J'étais piégée. Dans un mélange de français et d'anglais, il m'embobinait : «You have so beautiful eyes», « I liked your smile as soon as I saw you ». Le coup de grâce : « I see the beginning of a relationship between us » alors que ma carte Visa commençait à avoir le tournis (il parlait ici de relation de confiance entre un expert et une cliente régulière, faut-il préciser). Hypnotisée mais bien consciente de la situation, j'ai embarqué de plein gré dans ce petit jeu de « séduction commerciale »; les petits mots doux de ce jeune homme et sa façon si douce d'étaler la crème sur ma main étaient mes petits cadeaux de la journée. « Non mais, quelle conne je suis ! », voilà pourtant ce que je n'arrêtais pas de me dire alors que je m'éloignais avec un sac bien fourni certes (il m'a quand même fait de beaux cadeaux) et la bonne conscience complètement chamboulée. Le pire, c'est que lorsque je suis rentrée chez moi, je me suis aperçue que le dessous de mes yeux étaient jaune; je revenais d'un examen ophtalmologique. «You have so beautiful eyes », mon oeil, oui...

Promis, je vous tiens au courant sur les bienfaits de ce masque anti-âge, remodelant, rajeunissant, régénérateur, antioxydant, etc. En attendant, on garde cette histoire entre nous, ok ?

20 juin 2013

C'est officiel: la cuisine surpasse la culture dans les médias.

Ça s'est passé lors de l'émission 125, Marie-Anne de Christiane Charette diffusée sur Télé-Québec le 26 avril dernier laquelle, à un certain moment, a regroupé autour de la table Gilbert Rozon, Geneviève St-Germain et Frédéric Martel, chercheur, écrivain et journaliste français. Cette réunion improbable avait pour sujet de discussion une expérience commune à tous les trois : l'opportunité qu'ils avaient eu d'assister la veille à une « conférence » (entre 9 et 15 minutes) de l'ex-président français Nicolas Sarkozy au Palais des congrès de Montréal. Quelles étaient donc leurs impressions ? Les réactions spontanées et les commentaires dithyrambiques de Gilbert Rozon et de Geneviève St-Germain m'ont véritablement frappée; nul doute, ils étaient véritablement impressionnés et emballés par le talent d'orateur du monsieur et par sa capacité à donner un avis tranché sur n'importe quel sujet, notamment économique ou géopolitique (c'est son métier quand même). Des qualités qui en faisaient un homme «extrêmement intelligent» selon les dires d'un monsieur Rozon complètement séduit. Jamais, lors de ce tour de table, il n'a été question des thèmes que monsieur Sarkozy avait abordés. Cela aurait pourtant été intéressant alors qu'il s'agissait d'une conférence ultra privée et que les représentants de la presse n'avaient pas été conviés à la demande du principal intéressé. Non, c'est uniquement la verve de l'homme qui a primé. J'aurais espéré plus de la part de madame St-Germain qui n'a pourtant pas la langue dans sa poche et qui sait exposer des opinions tranchées.

En même temps, la nature de la discussion ne m'a pas complètement étonnée car elle est représentative de  ce phénomène encore ancré au Québec, ce fameux complexe d'infériorité quant à nos formes et nos forces d'expression. Or, posons-nous la question suivante : que faut-il pour bien s'exprimer ou pour s'engager dans une conversation au sens large du terme ? À mon humble avis, il est nécessaire d'avoir une bonne culture générale, un sens aigu de la curiosité, et une ouverture d'esprit sur le monde qui nous entoure.  Avec ce bagage, il me semble qu'on l'on peut se frotter aux opinions des autres. Attention, je ne parle pas ici de niveau de langue ou d'intellect (mot à proscrire au risque de se faire catégoriser  en tant que prétentieux). Mais comment peut-on acquérir ce bagage de connaissances ? Par les livres, par les voyages, par des conférences, par des rencontres, par les médias, etc. La palette de choix est grande.

En ce qui me concerne, ma source préférée, ce sont les médias en tous genres. J'en suis une passionnée. Est-on bien servis au Québec ? Ça dépend. Pour ce qui est de l'information locale et du showbizs, très certainement, pour l'actualité internationale, moins. Pour ma part, je dois dire que je me sens un peu affamée. Je ne rentre pas ici dans les fameux débats sur la différence des médias traditionnels et des nouveaux médias ou sur le rôle des journalistes et des chroniqueurs. Je suis affamée car j'ai cette désagréable impression que l'on me sert un grand flux de nouvelles certes, mais pas toujours les bonnes ou pas toujours suffisamment étoffées pour me faire une opinion. À moins que ce soit le temps qui me manque pour le faire. L'information est à peine livrée que l'on passe déjà à autre chose. Cette façon de faire n'est pas l'apanage du Québec je le sais bien, alors que ce phénomène de multiplication des nouvelles touche tous les pays du monde. Mais au Québec, société distincte de vocation, en est une également en termes d'information journalistique. Nos centres d'intérêt tendent principalement vers les faits divers, les sports (plutôt le sport car il s'agit principalement du hockey) et la météo. Il y a de quoi ressentir parfois un sentiment de vide... intellectuel, non  ? Attention, je ne fais pas ce constat sur la seule base de ma propre perception, il y a des chiffres et des études qui démontrent la pauvreté de l'information médiatique au Québec. Si vous avez un petit moment devant vous, je vous invite à écouter la conférence ci-dessous présentée par Éric Montpetit (professeur titulaire et directeur du Département de sciences politiques à l'Université de Montréal) et Jean-François Dumas (Influence Communication).  Pas très reluisant.




En termes de couverture de presse et de niveau d'intérêt, sachez que la cuisine a officiellement surpassé la culture, c'est tout dire et c'est une tendance qui ne semble pas faiblir. Quant aux nouvelles concernant le reste du Canada ou l'actualité mondiale, elles ne sont que survolées. Pas intéressant puisque ça ne se passe pas chez nous... Lors de la conférence ci-dessous, on appelle cela une information de proximité. Bien de chez nous. « Une proximité émotive et géographique » précise monsieur Dumas. C'est aussi simple que cela. 

Mais alors, comment fait-on si on recherche des articles de fond ? Comment peut-on refaire le monde autour d'une bonne bouteille de vin si on a aucune connaissance de ce qui se trame ici et ailleurs ? Quelle est la responsabilité de nos entreprises de presse (engagées dans des stratégies de convergence) qui, par quête de profits, utilisent des contenus multiplateformes, sous-estiment le travail des journalistes et n'hésitent pas à mettre le couperet sur des émissions soi-disant trop chères à produire (j'ai en tête l'arrêt brutal de l'extraordinaire émission Une heure sur terre) ? Quel est notre rôle, en tant que consommateur de médias, dans la valorisation d'une information de qualité ? Nous donne-t-on  finalement l'information que l'on veut recevoir  et que l'on mérite ?

Si je veux rester informée, je suis consciente que j'ai des devoirs à faire, mais je suis d'avis aussi je suis en droit d'avoir - notamment de la part de notre diffuseur public - des émissions d'affaires publiques de qualité qui ouvrent des pistes de réflexion. Des tribunes qui ne donnent pas toujours la parole aux mêmes intervenants ou vedettes du petit écran ou du micro, mais aussi à des quidams qui méritent d'être entendus ou à des sommités dans leur domaine (je pense par exemple à monsieur Sami Aoun spécialiste et excellent vulgarisateur du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord). En plus de jeux et de divertissements, j'ai besoin de débats et d'échanges d'opinions, quitte à ce que l'on monte le ton ou que l'on détone. Ça peut être tout aussi divertissant. Pour vous en convaincre, ré-écoutez l'entrevue Catherine Perrin et Claude Gingras (Médium Large) qui a eu lieu cette semaine. Quel personnage quand même, ce monsieur Gingras.

Je vais vous faire un aveu. Savez-vous quelle est la chaîne de télévision qui m'interpelle avec certaines de ses émissions ? MAtv. Oui, oui, la chaîne câblée informative et citoyenne de Vidétron dont on aurait tout intérêt à reproduire certains de ses formats et thèmes d'émissions, cette fois autour de l'actualité nationale et internationale.

Ah oui, j'allais oublier. Quand je parle de débats de société, je ne pense pas particulièrement aux combats de coqs comme celui qui a pris naissance il y a quelques jours entre Marc Cassivi, chroniqueur culturel du journal La Presse et Simon Jodoin, rédacteur en chef du Voir. Ou encore plus récemment le petit tollé autour de l'article sensationnaliste de Judith Lussier publié dans le journal Métro dans lequel celle-ci s'en prenait aux professionnels des relations publiques pour justifier le peu de crédibilité de la candidate à la mairie de Montréal, Mélanie Joly. Mal avisée, la journaliste n'a pas manqué de recevoir une volée de commentaires de ceux et celles qu'elle avait si facilement fustigés.

Pendant ce temps, a-t-on véritablement parlé du néant qui caractérisait le discours et le programme de ladite candidate ? Ben non, on avait autre chose à faire avec cette petite chicane qui a mis le feu aux poudres et qui s'est éteinte comme un feu de paille...

15 juin 2013

Ce père que je n'ai pas assez bien aimé...


« La tendresse du père est presque toujours en conflit avec les intérêts du chef. » 
Marguerite Yourcenar

Sur la photo, elle apparaît frêle dans sa robe courte. Lui se tient à ses côtés, fier et beau. Dans cette petite ville du Nord de la France, ils se marient. Elle a dix-huit ans et lui dix-neuf. On ne voit pas encore le petit ventre arrondi de la mariée, la preuve de leur amour naissant mais aussi le point de bascule vers une vie d’adulte arrivée plus vite que prévu.

Nous sommes en 1967, l’époque du yé-yé affole les hanches d’une jeunesse avide d’amusement. C’est lors d’un de ces bals populaires que ma mère, timide et rêveuse, a succombé au charme d’un chef de bande rebelle qui n’hésitait pas à sortir les poings au besoin. Je suis née de cette union peu ordinaire entre un papillon qui peine à voler et un bourdon qui impose sa loi.

Cette loi, il l’imposera autant sur son lieu de travail (chantiers de travaux routiers) qu’à la maison. Même si je me souviens de moments de franche rigolade avec notre père, mon frère, ma sœur et moi connaissions les limites à ne pas déplacer. Issu d’une génération matée à coups de règle sur les doigts à l’école ou les punitions du bout des oreilles , celui-ci n'hésitait pas à user du martinet (qui servait aussi pour le chien), ou même de la ceinture quand la faute était grave. Ah oui, je me souviens aussi du rituel des bulletins scolaires. Dans le cas de mauvaises notes ou de commentaires plus ou moins favorables d’un professeur, est-il nécessaire de vous dire que nous tremblions déjà de peur alors que nous entendions au loin la voiture de notre père se rapprocher de la maison dans laquelle il n'avait même pas encore mis les pieds…?

Vous me direz que ce sont là des méthodes d’éducation un peu excessives certes, mais qu'une bonne discipline, ça forge des adultes accomplis et confiants. Peut-être. Toutefois, avant de devenir ces grandes personnes, il faut traverser une période plus ou moins mouvementée: l’adolescence. Pour ma part, le véritable clash avec mon père s’est produit à cette période de ma vie. Il faut dire que j’étais une ado hyper sensible avec la larme facile. Pas évident alors d'affronter un fort en gueule. Plus tard, beaucoup plus tard, je comprendrai que si mon père avait été psychologiquement exigeant, et parfois même méchant, avec moi, c'était la seule façon qu'il avait trouvée pour me forger le caractère et arrêter de pleurer à tout bout de champ. Disons que je n'ai pas de souvenirs d'une adolescence saine et sereine.

Jeune adulte, vous pensez bien que j’ai saisi la première occasion pour m’éloigner et m’arracher de cette emprise qui, plutôt que de me rendre en pleine possession de mes moyens, m’avait donné le sentiment de ne jamais être à la hauteur et, donc, de ne pas être la digne fille de son père.

J’ai grandi, j’ai changé et je me suis éloignée de mes parents un peu, beaucoup, puis complètement lorsque j’ai quitté la France avec mon conjoint pour le Canada. Seul le téléphone nous permettait de partager nos nouvelles, ma mère parlant toujours au nom de mon père qui n’était jamais bien loin. Et c'est seulement à 7 000 km que mes relations avec lui se sont détendues. Je redécouvrais mon père  tel qu'il avait pourtant toujours été, un homme dur avec un cœur tendre. Un homme qui avait un profond respect pour la personne que j’étais devenue et pour ce que j’avais entrepris.

Pourquoi je vous raconte tout cela ? Ben oui, c’est la Fête des pères demain. Comme depuis de nombreuses années, je ne vais pas la souhaiter à mon père. Il est décédé à l’âge de 51 ans alors que j’attendais ma fille qu’il n’aura pas connue. Je parle très peu de lui, et je lui rends encore moins hommage. Ce soir, j'ai eu envie de le faire. Parce que même intraitable, strict ou insupportable, un père qui n'est plus là vient à nous manquer. Et il est trop tard pour rattraper le temps perdu dans des conneries. 

Aux funérailles de mon père, ses collègues de travail étaient venus lui rendre un dernier hommage. Chacun d’entre eux avait une anecdote de lui dans le cadre de son travail. Et savez-vous quoi ? Je ne connaissais aucun eux mais eux me connaissaient, oh que oui ! Chacun d’entre eux m’a dit à quel point mon père était fier de moi, sa fille aînée dont il leur parlait si souvent. Il ne me l'avait pourtant jamais dit...

14 juin 2013

Citation...

« On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va. »
Christophe Colomb

12 juin 2013

Citation...

« C'est pour satisfaire les sens qu'on fait l'amour; et c'est pour l'essence qu'on fait la guerre. »
Raymond Devos, humoriste français, célèbre pour ses jeux de mots

07 juin 2013

Une fille, ça se commande comme une pizza...

Beaucoup de personnes semblent être surprises et sous le choc après leur lecture de l'article percutant intitulé « Adolescentes en péril », signé Isabelle Hachey et publié dans le journal La Presse du 6 juin dernier. J'en fais partie. Plusieurs phrases chocs ponctuent l'article dont les faits donnent en effet envie de vomir : « Une fille comme une pizza », « Montréal est la Mecque de l'industrie du sexe en Amérique du Nord », « Chaque année, au retour du Grand Prix de F1, de nombreuses adolescentes sont poussées à fuguer par leur proxénète afin de combler les besoins des touristes sexuels qui débarquent en grand nombre à Montréal ».

Cela m'a fait penser à l'envers du décor d'un autre grand événement international qu'est le Festival de Cannes. Naïve que je suis, je suis réellement tombée en bas de ma chaise quand j'ai lu tout récemment que la prostitution de luxe fait véritablement fureur pendant toute la durée du festival du cinéma et ce, depuis plusieurs années. Ainsi, cent à deux cents escortes débarqueraient chaque année sur la croisette combler les désirs d'hommes richissimes dont certains, fort « accueillants », peuvent recevoir dix filles sur leur yacht bling-bling amarré au large. Les soirées commencent dès 22 heures, les escortes attendent dans les halls des hôtels que les clients les repèrent et, quelques minutes plus tard, elles ont en mains le numéro de la chambre (remis par leur patron) où elles sont attendues. Elles peuvent être rémunérées jusqu'à 40 000 dollars pour une nuit. Leur « salaire » leur est remis sous une enveloppe cachetée avec le mot « cadeau » inscrit sur le dessus. Les directeurs d'hôtels, les restaurateurs, les concierges, les organisateurs du Festival, les policiers, feignent d'y prêter attention et sont, par conséquent, des complices indirects. Pourquoi en faire tout un plat puisque tout le monde est content, hein... ?

Pour revenir à notre belle ville de Montréal, même si le problème est le même et se résume à un seul mot, prostitution, mon dégoût se fait encore plus grand. Et en même temps, je ne suis pas surprise par ce que j'ai lu dans l'article de madame Hachey. Il faut dire que j'ai, a priori, une aversion pour  ces courses automobiles devenues révoltantes en ces temps de destruction massive de l'environnement et de pénuries de tous genres dans un nombre de plus en plus grand de pays, y compris occidentaux.  Rôdent aux alentours toute une faune de personnages, hommes et femmes plus ou moins classes qui perpétuent cette relation nébuleuse entre la femme et la grosse voiture, trophées d'hommes qui ont un manque (ou un excès) de testostérone. Parenthèse, j'aimerais vraiment bien savoir, considérant les folles dépenses en tous genres un peu partout au centre-ville, quelles sont les retombées financières exactes pour Montréal et ses citoyens. Quelqu'un pourrait-il répondre à la question, à moins que ce soit pas trop facile parce que tout un chacun s'en met un peu dans les poches... ?

Alors, pourquoi mon dégoût est-il plus grand pour les prostituées de F1 que pour celles de la croisette ? Peut-être parce la prostitution à Montréal ne se cache pas une fois par année dans le hall d'hôtels cinq étoiles ou sur des yachts de luxe. Entendons-nous bien, je ne cherche pas à mettre des degrés d'importance sur ce fléau qu'est l'exploitation sexuelle. Elle est aussi grave à Cannes, à Phuket ou à Montréal. Ce que je tente d'expliquer, c'est que si Montréal apparaît comme une destination majeure pour le tourisme sexuel dans un rapport sur la traite des personnes publié par le département d'État des États-Unis, c'est que l'exploitation sexuelle fait partie intégrante de notre paysage urbain depuis bien longtemps; tellement que nous n'y faisons plus attention et qu'elle entraîne des hommes et des femmes de plus en plus jeunes. Beaucoup trop jeunes.

Ici, les salons de massage (200 à Montréal) ou les bars de danseuses ont pignon sur rue tout comme l'ont un dépanneur ou un quincailler. Il y a rien là... Beaucoup de femmes et de plus en plus de mineures - souvent en détresse - sont manipulées et utilisées comme objets sexuels dans ce genre de lieux devenus véritables marques de commerce et dont les seuls gagnants sont les proxénètes. Pour revenir au Grand Prix qui a lieu ce weekend, une phrase m'a particulièrement choquée dans l'article de madame Hachey : « Les clients, ce sont des messieurs Tout-le-monde. Ils ne sont pas pédophiles, mais ils cherchent de très jeunes femmes. Parfois, ils ont des doutes sur l'âge de la fille, mais au lieu d'agir, d'aider, ils se contentent de satisfaire leurs besoins » selon Madame Philibert, à la tête du projet Mobilis, un centre qui vient en aide à des jeunes aux prises avec la problématique des gangs de rue. Des Berlusconi du pauvre.

Il y a réellement péril en la demeure car l'enjeu de la prostitution à Montréal n'a rien de glamour; plutôt qu'une prostitution de luxe, on vit ici une prostitution de misère. Une autre conséquence du désoeuvrement et de la pauvreté d'une frange de plus en plus grande de la population. Il est grand temps aussi de cesser de jouer à l'autruche en tant que société, car l'hyper-sexualisation des jeunes femmes - de plus en plus jeunes - s'affichent dans toutes nos rues. Avez-vous remarqué qu'il y a de plus en plus de bandes de jeunes femmes qui arborent des tenues qui ne donnent aucun doute sur leur volonté de séduire et même plus lors de sorties en ville ? Fragiles sur leurs talons hauts, elles se donnent en pâture aux regards de certains hommes qui n'en demandaient peut-être pas tant. Mais comment pourrait-on leur en vouloir puisque c'est ce sont là des diktats de mode et de séduction qu'on vend à toutes les sauces. Difficile après de cultiver sa différence... 

Pour finir sur le sujet du fléau de la prostitution à Montréal, je me demande quand le pouvoir politique va mettre ses culottes (pour faire un mauvais jeu de mots considérant le sujet de cet article). Alors qu'on est en train de frapper fort sur le terrain de la corruption, peut-être pourrait-on faire la même chose sur celui de la prostitution juvénile. Misons moins sur des commissions ou des comités d'études, et donnons un peu plus de moyens et de ressources à la fois aux policiers, aux organismes et aux centres de jeunesse pour permettre une surveillance accrue et une intervention rapide sur le terrain. Vite.

05 juin 2013

Y a-t-il trop de Français à Montréal ?

Question provocante que je me permets de poser alors que l'auteur de ces lignes est elle-même issue de l'immigration française depuis dix-huit ans. Une expatriation de coeur car je suivais mon homme attiré depuis toujours pour la culture nord-américaine (comme je l'ai déjà raconté). 

À l'époque, ce grand départ s'est fait autour d'une grande fébrilité mais aussi d'une certaine angoisse face à l'inconnu. Je me souviens encore de mon conjoint qui me répétait sans cesse « prends des photos dans ta tête ». Pourquoi faire ? J'ai totalement ignoré ses conseils, impatiente de quitter cette France forcément nulle et qui, en plus, avait choisi de passer à droite avec l'élection de Jacques Chirac en 1995. Imaginez si cela avait été en 2002 avec un Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles...

Je l'ai déjà écrit plusieurs fois, quitter volontairement son pays d'origine, c'est facile au début. L'attrait de la nouveauté, les nombreux défis à relever, les nouveaux amis, etc. Puis, comme partout, la vie prend le dessus. On fait face éventuellement à des difficultés professionnelles, on doit payer ses impôts, on connaît des soucis financiers, une routine s'installe avec des périodes de joie ou de déprime, le plus grand fait des siennes, le plus petit fait ses dents, on vit des séparations ou des deuils. La vie quoi, qui prend les mêmes airs dans la plupart de nos pays occidentaux assez gâtés merci. Plus tard et même à intervalles réguliers, le manque du pays peut se faire sentir, manque de la famille (pour ma part, cela fait dix ans que je n'ai pas vu la mienne), on a des doutes sur notre décision, on a envie de revivre ce grand saut et d'oser recommencer une nouvelle vie. Ailleurs. Comme une fuite en avant...

Je vous raconte tout ça parce que j'ai lu un article dans le journal La Presse d'aujourd'hui, intitulé « Cohue pour s'expatrier au Québec ».  Ainsi, en raison de la situation économique catastrophique en France, un très grand nombre de Français voit en la province du Québec, une terre d'espoir et de promesses. Je peux les comprendre alors que le taux de chômage est de 10 % (en constante augmentation depuis deux ans) avec 4,79 millions de chômeurs et de gens sous-employés. Nombreux sont donc ceux qui envisagent de quitter l'Hexagone et de s'expatrier en Allemagne, en Australie, au Brésil ou au Québec.

Mais le Québec, c'est petit... Et ne nous voilons pas la face, une grande partie des immigrants de n'importe quelle origine choisissent spontanément de s'installer dans les villes de Montréal ou de Québec. Pour ma part, je me souviendrai toujours de ce conseiller en immigration qui nous avait dit ceci en 1995 « Le Québec, ce n'est pas l'eldorado ». Et il avait raison. Même s'il fait bon vivre au Québec, personne ne vous attend les bras ouverts, et il faut prendre le temps nécessaire pour y faire sa petite place. Certaines agences de placement me faisaient souvent la réflexion que certaines entreprises hésitaient à embaucher des Français car, en général, ils repartaient au bout de deux ans. À l'époque, il y avait donc déjà une certaine réputation...

Or, ce qui m'inquiète un peu quand je lis de telles articles, c'est que ces Français désespérés qui désirent venir au Québec ne viendraient probablement pas pour les bonnes raisons. En attendant que le tout revienne à la normale dans leur pays, un grand nombre de ces « réfugiés économiques » (je ne dis pas tous) viendraient uniquement chercher un répit de ce côté-ci de l'Atlantique. Un peu comme ces Mexicains qui viennent travailler sur nos champs pour nourrir leur famille ou ces Africains (que l'on dénigre tant) qui traversent la Méditerranée avec l'espoir de jours meilleurs. Mais à l'inverse des Africains qui vivent souvent une situation de non retour, la situation serait tout autre pour ces Français désespérés. Ainsi, je n'ai pas aimé lire le commentaire suivant de Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de l'étranger « C'est la même chose pour toute l'Europe. Pourquoi y voir quelque chose de négatif ? Quand le pays sera de nouveau en croissance, ils vont pouvoir revenir. ». Ben voyons, c'est si simple... 

Il y a déjà beaucoup d'accords d'échange de toutes sortes, notamment économiques, entre le Québec et la France. Je pense par exemple aux PVTs, ces permis vacance-travail d'une durée d'un an qui permettent à des Français âgés entre 18 et 35 ans de venir travailler au Canada sans trop d'embarras administratifs.  Les premières années du lancement de ce permis, les quotas étaient faibles. Or, depuis quelques années (le bouche à oreille a fait son oeuvre), c'est le boom et l'invasion avec des ribambelles de pvtistes qui débarquent dans la belle province.  On les croise au détour de nos rues ou derrière les comptoirs de commerces - les boulangeries Pain Doré ou Première moisson les apprécient beaucoup. Ça peut ressembler parfois à des petites colonies de vacances qui s'amusent à faire des comparaisons avec les us et coutumes français. Énervant même pour une « vieille » immigrante, alors imaginez pour un(e) Québécois(e) de souche...

Venir s'installer au Québec, ça doit être la finalité d'une décision mûrement réfléchie. C'est accepter de s'intégrer dans une société différente (et non pas parente éloignée), d'adopter ses façons de faire et, surtout, de faire preuve d'ouverture, d'humilité et de patience. À travail égal compétences égales et même un peu plus pour les Québécois qui sont pour la plupart bilingues, ce qui n'est pas toujours le cas des Français. Tout n'est pas parfait et la société québécoise vit ses propres soubresauts face à l'économie. Même si le taux de chômage atteint seulement les 7,8 %, il y a beaucoup de jobines ou d'emplois précaires. Les domaines manufacturiers ou de services professionnels connaissent des baisses d'activités avec des pertes d'emplois en conséquence. Le secteur culturel crie famine et le domaine des médias est une chasse gardée. Bien sûr, il y a des domaines d'activités qui sont en manque de main-d'oeuvre qualifiée comme l'aéronautique, le domaine industriel et les technologies de l'information mais il s'agit là de pénuries de travailleurs spécialisés. Dans ce cas-là, je comprends que si les démarches de recrutement n'ont pas permis de trouver les perles rares chez nous, on puisse élargir les recherches à l'international. Dont en France.

Bref, vous avez peut-être l'impression que j'encense un certain protectionnisme économique. Ce n'est pas du tout mon intention car je crois beaucoup à l'ouverture des frontières et à la mobilité internationale. Ce qui me préoccupe, c'est la chute brutale que peut représenter un espoir déçu. Ce qui se passe en Europe est dramatique et cela m'attriste. Toutefois, je ne pense pas que le Québec puisse se positionner comme un sauveur, et j'ose espérer que des organismes d'immigration comme Québec International qui a participé tout récemment à ce « Forum Expat » qui a attiré 3 000 personnes plutôt qu'aux 500 ou 800 prévues, exposent aux intéressés une vision honnête et réaliste du Québec. Car c'est la seule base d'un choix rationnel et d'une intégration réussie.