Avant de commencer mon billet, j’aimerais
apporter deux petites précisions : non, je ne suis pas jalouse de ces
journalistes ou chroniqueurs qui font le métier que j’aurais toujours aimé
faire, et oui, je suis un peu énervée. Et sur ce dernier point, je dois avouer
qu’il y avait déjà quelque temps que je voulais sortir mon fiel. Allez savoir
pourquoi j’ai décidé de le faire en ce dimanche soir. Peut-être parce que je
n’avais rien d’autre à faire que de disserter sur ce désolant phénomène
social : nous n’avons jamais eu autant de choses insignifiantes à dire. Certains
me lanceront peut-être que c’est ce que je fais à l’instant...
Dans ce billet, je ne me permettrai pas de
juger les échanges autour de nos barbecues ou sur nos terrasses, quoiqu’il y aurait
aussi matière à réflexion… Non, je souhaite plutôt partager mon ras-le-bol de
la piètre qualité de l’information qui se fait de plus en plus présente dans
les médias traditionnels que sont la radio, la télévision et les journaux
imprimés. Non, non, pas sur le plan de la langue française dont on a déjà
fortement évoqué son appauvrissement. Je parle plutôt du contenu. D’un contenu
de fond. N’avez-vous pas l’impression de nager, ces derniers temps, dans une
mer d’informations légères, instantanées et ramâchées ? Un constant qui me
donne cette désagréable impression de vivre dans un vase clos où tout ce qui a
de l’importance est cette information « fait divers » - en plus de la
surexposition de sujets comme le sport, la météo et le divertissement. Pas étonnant
que le niveau de nos conversations autour du barbecue soient si… (Remplissez
comme vous voulez).
Comment en sommes-nous arrivés à ce grand paradoxe du manque de choses à dire dans un bassin de plus en plus grand de
sources d’informations ? La concurrence au Québec entre les deux
géants que sont Gesca et Québecor y est certainement pour quelque chose avec leurs
objectifs de rentabilité et de gros sous qui plombent la créativité de leurs
journalistes, ceux-ci ayant la responsabilité de créer des contenus – lire ici
« micros-contenus écrits à partir d’infos lues, vues ou entendues »
transférables sur les multiples plateformes. Pas le temps pour eux de faire du
journalisme d’enquête. Résultat pour le
lecteur ? Peu d’informations originales et l'impression d’entendre parler mille fois de la même chose dans la même journée.
N’oublions pas que les journalistes à l’emploi de l’autre géant concurrent ont
accès aux mêmes sources d’information principalement sur Internet et sur les
réseaux sociaux.
Ah, ces fameux réseaux sociaux. Il y en a
des vertes et des pas mûres à lire là-dedans. Surexposés par les médias
traditionnels qui leur font la part belle, ils donnent aussi naissance à ce qu’on
appelle des «influenceurs» dont la belle parole - payée parfois à prix d'or - peut avoir un véritable impact dans
les médias. Une sorte de propagande principalement consumériste,
devenue outil de relations publiques pour bon nombre d’entreprises. De plus en plus difficile de trancher entre le vrai et le faux.
Ah oui, j’allais oublier, je trouve également de plus
en plus désolant la main mise d’un groupuscule d’animateurs-journalistes-chroniqueurs
sur l’opinion publique au Québec (médias traditionnels et réseaux sociaux).
Dans notre petit coin de planète, le fait d’entendre toujours les mêmes
personnes apporter leur petit grain de sel (sic !) sur les pages de nos
journaux, sur des blogues et sur nos ondes de radio est exaspérant. Qu’il
s’agisse des montées de lait de la nouvelle recrue Mathieu Bock-Côté, blogueur,
chroniqueur au Journal de Montréal et sur les ondes de Radio-Canada, du toujours
très cynique et volubile Fred Savard ou du journaliste poli Vincent Marissal du journal La
Presse, qui intervient aussi sur les ondes de RC et lors de l’émission de Bazzo.Tv
sur Télé-Québec. Sans oublier les notoriétés spontanées de Gabriel
Nadeau-Dubois (dont j’admire l’éloquence) et de Martine Desjardins qui leur ouvrent les micros respectivement de Richard Martineau et de Marie-France
Bazzo (dans sa nouvelle émission du matin sur les ondes de Radio-Canada).
Quoique leurs interventions puissent être
fort intéressantes, il n’en reste pas moins qu’elles sont le reflet de leurs
PROPRES interprétations de l’actualité. Pour ma part, je souhaiterais avoir également
accès à des spécialistes, des intellectuels, des créateurs ou des experts
(notamment de l’actualité internationale à laquelle on prête si peu d’intérêt)
qui, de par leurs présentations et leurs connaissances, me donneront les clés
pour me permettre de construire MA PROPRE opinion.
Avec une information de qualité et une
connaissance plus approfondie des enjeux de société et politiques, d'ici et d'ailleurs, imaginez alors la hauteur des conversations autour de nos dîners
mondains jusqu'aux petites heures du matin.