14 décembre 2013

Tomber amoureux ? On n'a pas trop le temps là !

Avant tout, je précise que je suis de la génération X, mais mes valeurs se rapprochent davantage de celles de la génération Y. Je ne suis pas vraiment féministe (en tout cas pas dans son sens radical), surtout pas sexiste, mais certainement un peu humaniste. Tout ça pour dire de ne pas tenter d'analyser mes dires pour me classer d'office dans une de ces petites cases socio-démo-psychologiques.

Vous ne trouvez pas que l’on a tendance à trop analyser nos relations humaines ? Qu'on use trop de psychologie 101 pour tenter de comprendre le rôle et la place de la femme, de l'homme, de la mère au foyer, du père, du/de la carriériste, du couple, etc. ? Et si on laissait un peu plus de place à la spontanéité. Pour que tout ne soit pas blanc ou noir, pour qu’il y ait encore des zones d’ombre. Et quand j’écris « ombre », je pense à « inconnu », « découverte », « inattendu »…

Prenons par exemple le thème de l’Amouuuur. 

Entre vous et moi, il y a longtemps qu’on ne se conte plus fleurette. Bien trop compliqué, bien trop long. Les séparations et les divorces sont devenus communs tandis que l’amour tenace devient l’exception. Il y a presque autant d’hommes seuls qu’il y a de femmes esseulées, blottis dans le confort de leur canapé trop grand pour eux. Particulièrement les samedis soirs de grand froid...

Certes, on peut avoir été tellement trompé ou écorché qu’on préfère rester à quai. Plutôt que de ramer fort, ça peut paraître plus rassurant. Mais au fond de chaque cœur, il demeure une envie d’amour, avec la nostalgie de ces petits papillons lorsqu’on rencontre une nouvelle flamme. Mais oui, mais oui, c’est un sentiment délicieux qui va s’émousser à plus ou moins long terme, pas la peine de nous le rappeler, on le sait bien. Pouvez-vous nous laisser rêver un peu quand même ! Vous voyez, comme on analyse tout...

Bon, mais alors, si les célibataires rêvent tous – la plupart - à la même chose, comment se fait-il que l’on soit aussi gauches pour accoster (lien avec l’image du quai plus haut au cas où vous ne l’auriez pas compris …) ? Vous n’avez pas la réponse ? Dommage, car moi non plus.

« Ma pauvre, t’as pas de chance », « Il n’est vraiment pas cool avec moi, mais je le garde, il est trop beau ! », « C'est sûr, tu dois faire peur aux mecs. Tu sais, les filles indépendantes financièrement les fait fuir. Rien qu'à la façon dont tu es habillée, je suis sûre qu'ils se disent que tu réussis bien dans la vie. », « C’est parce que t’es Française… », etc. Voilà quelques-unes des bribes de conversation lors de soupers entre amies. Du côté des gars, je ne m’avancerais pas deviner leurs discussions pour ne pas les faire passer pour des goujats, des sans-cœur ou encore des niais, ces étiquettes qui leur collent généralement à la peau, particulièrement au Québec.

Et si on adoptait d'autres «stratégies» ou «angles d'attaque» dans nos plans amoureux (ceux avec une durée de vie raisonnable) ? Pas les amourettes d'une nuit où les règles sont en général bien claires pour les «amouretteux».

Pour ma part, j'ai pensé à ceci. Vous pouvez crier au loup, à l’injure ou tout simplement adapter cette liste comme bon vous semble. Y en a pas de problème. Et il y a toujours de l'espoir!

1)    Accepter une fois pour toutes le fait que les hommes courent après les femmes, ce soit vieux comme le monde. Draguer, flirter, complimenter, éventuellement siffler, ce sont des codes, des attitudes. S’il y a trop d’hommes «enthousiastes» autour de vous, maudites chanceuses, mais qui vous manquent de respect, ne jouez pas les vierges effarouchées, prenez un port altier et invitez-les à être moins grotesques, ou bien donnez-leur un coup de pied où vous savez ou encore appelez du renfort.

2)    Un homme, cultivé, galant, courtois, et éloquent peut avoir autant de qualités et de charme que le bad boy aux gros biceps pleins de tatouages. Avis aux concepteurs d’Occupation double : pourquoi pas une version genre intello normal ?

3)     Le fait d’aimer le sexe ou d’être en manque ne doit pas être un prétexte pour sauter tout ce qui bouge.

4)    Ne pas prendre l’autre pour un psy au premier rendez-vous et lui raconter les moindres détails de sa vie. Ne pas aborder tout de suite la question du mariage et des enfants.

5)     Courtisez, comme dans « faire la cour » ou comme dans « prendre son temps ». C’est sûr, si vous prévoyez «conclure» avant samedi, vous marier avant la fin de l’année et avoir un enfant avant l’été prochain, c’est un peu juste. Mais pourquoi tant de hâte ?

6)    Et la tendresse, bordel ? C'est vrai, regardons autour de nous, comme la délicatesse, elle est devenue ringarde. Les hommes et les femmes n'ont plus le temps de se regarder dans les yeux que l'un est déjà dans la soupe de l’autre.

7)    Les filles, un homme a beau être super mignon à vos yeux, s’il n’a aucun respect pour vous, ça reste un crétin. Ouste, dehors !

8)    Les gars, la valeur d’une fille ne se mesure pas à la taille de ce que vous savez. Ne jouez pas le jeu de vos copains si cela ne vous tente pas, et laissez aux ringards les filles qui, de leur côté, se limitent uniquement à la circonférence d’un biceps. Comme ça, tout le monde est content.

9)    Les filles, restez élégantes et énigmatiques. Dans un bar ou lors d’une soirée, ne cherchez pas à attirer l’attention comme une poissonnière sur un marché (attention, je respecte les poissonnières, mais pas dans un bar). Quand vous braillez comme une poule pas de tête et que vous vous la jouez chummy-chummy avec les boys sans aucune classe, c’est une insulte à la femme avec un grand F.

10) Ne plions pas sous une pression quelconque en adoptant des comportements uniquement pour être mieux acceptés, ou rentrer dans le moule. Les filles, relevez la tête et, surtout, soyez fières de ce que vous accomplissez ou avez accompli. Et si un homme vous regarde de travers en raison de votre réussite professionnelle, de votre portefeuille ou même de vos échecs, eh bien passez votre chemin car cela signifie qu'il n'est pas à la hauteur pour vous mériter. Les gars, ne pensez pas que toutes les filles sont des séductrices en puissance, soyez conscients qu'il existe des cas de timidité ou de manque de confiance. Alors foncez un peu, parbleu ! Certaines n'attendent que ça que vous fassiez le premier pas. Vous n’êtes cependant pas obligés de revêtir le costume de chasseur affamé. C’est une question de dosage…

Voici donc ma réflexion caricaturale. Et une petite citation pour finir:

«L'amoureux qui espère ressent plus de bonheur que l'amoureux qui a obtenu.» (Albert Jacquard)

11 décembre 2013

À quoi sert de bien cuisiner si on ne sait pas lire ?

Je ne vous apprendrai certainement rien en vous disant que le Prix du grand public Salon du livre de Montréal/La Presse dans la catégorie Vie pratique/essai (!) a été décerné au livre La mijoteuse : de la lasagne à la crème brûlée de Ricardo Larrivée. Un prix certainement bien mérité pour cet as de la cuisine qui semble réussir tout ce qu’il touche. Avec la multiplication des émissions, magazines, blogues, chroniques et livres en tous genres sur l’art culinaire, j’étais pourtant certaine que nous allions faire un jour ou l’autre une indigestion collective. Il semble bien que non.
Mais posons-nous quand même la question : doit-on y voir un désintérêt généralisé pour la littérature avec un grand C ? À moins que, en cette ère de l’instantané, les livres de cuisine sont la « bonne recette » pour ne pas trop se casser la tête. Je ne veux surtout pas jouer l’intello de service ici. J’ai grandi sans un seul livre à la maison. La seule chose qui m’a donné le goût d’écrire, c’est la dictée. Mon père adorait m’en donner, et moi, j’adorais l’impressionner. Aussi simple que ça.
La tâche est plus ardue avec ma fille. On a eu beau lui avoir collé un livre entre les mains quand elle était bébé, cela ne lui a aucunement donné le goût de lire. Et toujours pas aujourd’hui alors qu’elle est en secondaire 3. Mais, la nouveauté cette année, c’est son professeur de français un peu fou mais passionné et super exigeant. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne. Le désir de ma fille de réussir ses tests est peut-être de l’orgueil mal placé, mais il faut la voir s’accrocher pour ne pas décevoir son prof un peu fou…
L’autre événement autour du livre fut le récent débat sur son prix unique. Ainsi, le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, va élaborer un projet de loi pour limiter à 10 % le rabais sur les nouveautés autant imprimées que numériques pendant neuf mois. « Le livre n'est pas une marchandise comme les autres. En encadrant le prix des livres neufs imprimés et numériques, cela permettra de consolider notre réseau de librairies qui garantit un accès diversifié aux livres et d'assurer des lieux de diffusion à nos auteurs québécois dans toutes les régions », a affirmé le ministre Kotto, qui y voit aussi une manière de « protéger l'identité et la culture québécoise ».
Tant qu’à moi, dans ce débat, le livre n’a été que valeur marchande. Aucune référence au problème de base qui met tout autant en péril la pérennité de nos librairies : le manque de maîtrise de la langue par une large proportion de la population québécoise. On parle ici de 49 % d’analphabètes fonctionnels. C’est-à-dire que 16 % d'entre eux ne savent pas lire et qu'un autre 33 % épuise ses méninges au bout de quelques lignes. Pire: de ces 49 %, plus de 40 % ont entre 16 et 46 ans.

Pour parvenir à une telle dégradation de la qualité du français, il y a bien dû y avoir un abandon collectif et individuel, non ? Vous en conviendrez, notre langue française, on ne la soigne pas, on la maltraite et on la snobe.  Attention, je ne parle pas ici d’accents, de régionalismes ou d’expressions qui doivent être préservés comme autant d’identités linguistiques. Je parle du bien parler qui est trop souvent perçu comme de l’arrogance. Je parle du bel écrit qui prend trop de temps et est considéré comme trop pompeux.

Si des générations de ces analphabètes fonctionnels sont malheureusement peut-être sacrifiées, il est temps de se réveiller pour celles en devenir. C'est un devoir de société. Un devoir de nos gouvernements. Il faut remettre l'éducation à la première place de nos priorités. Pas forcément en termes de moyens financiers. Mais plutôt en termes de pédagogie.

Notre école publique ouvre largement ses portes à tous les enfants, tels qu’ils sont : ceux issus de catégories sociales favorisées ou beaucoup moins, mais aussi ceux, de plus en plus nombreux, « venus d'ailleurs ». Dans ce contexte, est-ce que notre système éducatif a su se transformer en profondeur dans ses contenus ? Je n’en suis pas certaine. Il est en fait resté quasiment identique à lui-même et a trop souvent maquillé l'échec en abaissant régulièrement ses ambitions et ses exigences.

En intégrant le primaire, bon nombre d’enfants se trouvent en situation de grande difficulté de lecture et encore bien plus d'écriture. On ne réussit pas vraiment à les remettre à niveau, et le secondaire les achève. Ces futurs illettrés s’ajoutent aux nombreux désenchantés de l’école qui se demandent ce qu’ils y font, les décrocheurs.

La priorité du primaire - et même, pourquoi pas, de la garderie -  serait pourtant de donner à tous les enfants qui lui sont confiés une maîtrise du français oral qui leur permettra de comprendre les codes de l’écrit grâce à l'acquisition d'un vocabulaire précis. Car l'engrenage est terrifiant. Lorsqu'un enfant souffre d'un déficit de langage à la fin du primaire, il ne peut prétendre qu'à des aptitudes acquises en surface, alors que le secondaire attend de lui d’être autonome et polyvalent. Il endosse ainsi très tôt le costume de l'échec et il ne le quitte plus.

N’oublions pas que l’identité d’une société repose entre autres sur sa culture qui se matérialise forcément par sa langue commune. Prenons donc exemple sur nos amis haïtiens. Lors d’une entrevue pendant le Salon du livre, j’entendais certains des écrivains québécois qui avaient eu la chance de participer aux Rencontres québécoises en Haïti en mai dernier, raconter à quel point la lecture a un caractère sacré, et que l’on peut presque affirmer sans se tromper que chaque haïtien a un livre entre les mains. D’ailleurs, bon nombre d’entre eux rêvent un jour d’écrire le leur.

On n’en demande pas tant. Simplement réapprendre à aimer lire aussi ce qui dépasse 140 caractères.

02 décembre 2013

Les micros de Radio Centre-Ville vont-ils s'éteindre ?

Pendant que l’on parle de gros sous qui tombent « comme par hasard » dans les poches de gens bien petits, certains organismes communautaires crient famine et tentent par tous les moyens de sauver leur peau. Dont les radios communautaires qui, en plus d’être confrontées à la suprématie des grands réseaux commerciaux, à la concurrence de la télévision et au développement des nouveaux médias, doivent aussi surmonter un manque de financement et un souci constant de survie financière. Constat bien triste car je suis fortement convaincue que les radios associatives et communautaires ont joué et jouent encore un rôle important pour encourager la participation citoyenne, faire circuler l’information de proximité et se positionner comme contre-pouvoir local.

Si je prends la plume aujourd’hui, c’est que l’unique radio communautaire et multilingue du Québec, Radio Centre-Ville, dont les studios fort discrets se trouvent sur le boulevard Saint-Laurent de Montréal (coin Fairmount) connaît un avenir incertain. Si je prends la plume aujourd’hui, c’est aussi par intérêt personnel, je l’avoue, car Radio Centre-Ville m’a permis de réaliser un vieux rêve d’être derrière un micro. C’est donc la moindre des choses pour moi de relayer, comme je peux, son appel à l’appui de la population pour assurer le maintien de ses émissions.

Son enjeu ? Un de ses plus importants partenaires, Centraide, a décidé de retirer sa subvention annuelle d’un montant de 100 000 dollars à compter de mai prochain. Je crois important de préciser que l’organisme n’a pas pris cette décision de gaieté de cœur. En ces temps de disette pour l’action communautaire dans son ensemble, l’organisme a dû faire une liste de ses « premières priorités » – comme disent les politiciens – pour distribuer ses dons de façon efficiente, tant il y a à faire. Et Radio Centre-Ville ne fait malheureusement plus partie de cette liste. Une décision fort compréhensible considérant les enjeux sociaux, mais elle demeure toutefois désolante. Pour ses auditeurs, ses responsables très dévoués dont son directeur, monsieur Arlindo Vieira, ainsi que pour ses 350 bénévoles dont certains sont animateurs depuis près de trente ans et plus.

Oh, bien entendu, ce n’est pas la première fois que cette station qui diffuse des émissions depuis près de quarante ans dans huit langues (français, anglais, espagnol, portugais, grec, créole, cantonais et mandarin), vit des moments difficiles, et la détermination des personnes qui la tiennent à bout de bras a toujours été exemplaire.

Aujourd'hui, c’est sous le thème « Un monde différent » que Radio Centre-Ville organise son radiothon et ce, jusqu’au 7 décembre. Si vous vous sentez interpellés, vous pouvez faire un don directement sur le site www.radiocentreville.com, en envoyant un chèque par la poste ou en vous présentant directement au 5212, boulevard Saint-Laurent. Sur le site, vous pouvez également miser sur les nombreux articles, forfaits restaurants, billets de spectacles, œuvres d’arts et livres de collection, fabuleux prix de sa vente aux enchères qui est organisée.

Merci d’avance !


Radio Centre-Ville, c’est un engagement continu à articuler la singularité et l’universalité des communautés qui forment le tissu social de Montréal.

C’est aussi, entre autres :
  •         La plus ancienne émission de cinéma, Derrière l’Image (depuis 1980, toujours en ondes)
  •        La plus ancienne émission de hip hop francophone, Nuit Blanche (depuis 1991, toujours en  ondes)
  •        La plus ancienne émission féministe anglophone, Matrix (depuis 1980, toujours en ondes)
  •        La première émission produite par et pour les homosexuels dans la défense de leurs droits (1981)
  •      Des émissions réalisées par des prisonniers, Souverains Anonymes (prison de bordeaux)
  •     La première émission hebdomadaire produite par des enfants, Radio Enfants (depuis 1999, toujours en ondes)